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Comment rendre compte de sa propre vie ? Sur quelle page en inscrire la trace ? En sous-titrant son livre " Souvenirs d'une vie imaginaire ", Gesualdo Bufalino affirme d'emblée, comme Calderon, que la vie est un songe.
Mais que déchirent parfois les éclairs d'une réalité poignante. Dans une Sicile écrasée par la richesse de sa propre culture, le narrateur, composant son autobiographie, réelle ou prétendue - mais au fond ni plus ni moins que tout récit de soi -, laisse percer des accents de vérité que son ironie ne parvient pas à étouffer. Ses considérations sur la naissance en tant que mise à mort, sur les ambiguïtés de la maladie, souffrance et refuge, sur les infinies volutes de l'amour, sur le joyeux et terrible enfermement dans l'écriture, pourraient n'être que lieux communs ou prétexte à misanthropie.
Mais toujours, dans cette bibliothèque infinie qu'il fut à l'égal de son personnage, Bufalino laisse entendre la nostalgie d'une communauté véritable entre les hommes, et une tendresse, une fragilité, qui refusent de transformer en cruauté le désespoir. Là prend source pour le lecteur, dans un scepticisme qui est une forme très haute de pudeur, dans une apparente solitude des confins, une présence au bout du compte fraternelle comme il en est peu.
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