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Cahiers d'etudes levinasiennes - vol19 - la memoire

Couverture du livre « Cahiers d'etudes levinasiennes - vol19 - la memoire » de  aux éditions Verdier
  • Date de parution :
  • Editeur : Verdier
  • EAN : 9782378561529
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Dans Totalité et Infini, Lévinas écrit : « L a mémoire reprend et retourne et suspend le déjà accompli de la naissance - de la nature. La fécondité échappe à l'instant ponctuel de la mort. Par la mémoire, je me fonde après-coup, rétroactivement : j'assume aujourd'hui ce qui, dans le passé absolu... Voir plus

Dans Totalité et Infini, Lévinas écrit : « L a mémoire reprend et retourne et suspend le déjà accompli de la naissance - de la nature. La fécondité échappe à l'instant ponctuel de la mort. Par la mémoire, je me fonde après-coup, rétroactivement : j'assume aujourd'hui ce qui, dans le passé absolu de l'origine, n'avait pas de sujet pour être reçu et qui, dès lors, pesait comme une fatalité. [...] La mémoire réalise l'impossibilité : la mémoire, après-coup, assume la passivité du passé et le maîtrise. La mémoire comme inversion du temps historique est l'essence de l'intériorité. » (p. 48-49) Faculté de rendre présents une sensation, une idée, un événement, la mémoire se présente avant tout comme l'acte par lequel la conscience rappelle à soi le passé pour le faire revivre, elle est ce par quoi la subjectivité s'approprie le passé comme son passé. Retour, retournement, reprise, suspension : la mémoire est re-naissance à soi - révélation et résurrection. Si elle interroge fondamentalement notre rapport au temps, elle est, plus encore, expérience de la temporalité de l'esprit comme intériorité - constitution de Soi, découverte de la volonté subjective, passage de l'impuissance à la puissance, du destin à l'existence.
À la différence de la logique historique qui objective et totalise la somme des événements, faisant sombrer dans l'oubli ce qui n'a pas été extériorisé ni accompli, la mémoire est fragmentaire, discontinuité, souvenir de l'inachevé, rappel d'une promesse persistante dont l'écho ne cesse de nous parvenir mais que seule la volonté assumée peut entendre.
Cependant, la distinction de la mémoire et de l'histoire n'est-elle pas constamment exposée à une confusion, de l'objectivité et de la subjectivité, de la totalité et de la singularité ? Si l'histoire ne juge digne d'être retenu que ce qui a pris la forme d'une manifestation extérieure et achevée, assignable à des lieux et à des dates, quel droit la mémoire peut-elle encore trouver à lui opposer, sans sombrer toutefois dans un devoir aussi inconsistant qu'infécond qui consisterait à penser ce qui n'a pas été vécu ?
Si la mémoire est rappel à la vie, expérience vivante du passé, n'est-elle pas le salut des sans-voix, des humiliés et offensés, que le jugement de l'histoire ne cesse de condamner à l'oubli ?

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