"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans un avenir proche, en une fraction de seconde, le monde numérique disparaît, comme aspiré par une force indicible. Un homme, seul, malgré lui, se retrouve dans une tourmente planétaire.Après avoir traité de sujets politiques, géopolitiques (Les Phalanges de l'Ordre Noir, Partie de chasse, avec Pierre Christin), de destins dictatoriaux et de rêves d'immortalité (La trilogie Nikopol), de cauchemars obscurantistes prémonitoires (Le cycle du Monstre), de planète recadrant les humains (La trilogie du Coup de Sang), Enki Bilal nous prive de notre addiction digitale en nous plongeant, non sans une certaine dérision, dans un monde de désarroi et d'enjeux multipolaires...
Lorsque je nous vois, tous connectés voire ultra connectés, il me vient cette pensée cauchemardesque : que deviendrions-nous en cas de panne généralisée d’internet ?
Les démarches administratives, les réseaux sociaux, les informations, les examens médicaux, les réservations de voyage…. Internet est incontournable.
C’est la raison pour laquelle j’ai été curieuse de lire ce roman graphique paru il y a quelques années.
Nous sommes le 13 décembre 2041, une panne numérique généralisée va entraîner un chaos mondial. Accidents, morts, suicides et surtout perte de la mémoire stockée depuis des décennies, un petit tour du monde d’une confusion généralisée !
Seul un homme, Kameron Odd, avec une mystérieuse tache bleue semble détenir la mémoire numérique, les codes d’accès. Il va sans dire qu’il sera très convoité et fera l’objet de pressions.
C’est noir et très oppressant fort heureusement parsemé ici et là d’un humour caustique qui adoucit l’ensemble.
Je ne suis pas spécialiste des romans graphiques, celui-ci est une réussite totale, je vais de ce pas me précipiter sur le Tome 2 !
Enki Bilal présentait récemment, à La Grande Librairie et sur France Inter, son deuxième tome BUG. Attirée par ce récit d'anticipation, je suis allée aussitôt chercher le tome 1 à la médiathèque.
L'action se passe le 13 décembre 2014, à Paris. La première page fait part d'une difficulté de connexion : une jeune fille vient voir sa mère car elle a un problème de réseaux avec son smartphone, et dès la deuxième, nous apprenons que « Tous les liens, nous disons bien tous, ont disparu de manière – pour le moment – inexplicable. » Il s'agit, en fait, d'un gros méchant bug à l'échelle planétaire.
Dans les pages suivantes, nous voyons quelles sont les premières conséquences post BNG (Bug numérique généralisé) à Londres, New York, Paris. C'est une planète retournée au chaos en quelques heures.
Le bug serait lié au retour du vaisseau en provenance de Mars. Kameron Obb, seul survivant de cette mission spatiale, est victime d'un mystérieux virus électronique et toutes les données numériques de la planète se retrouvent étrangement logées dans sa tête. Inutile de vous dire que cet homme va être convoité par tous, que ce soient les États, les entreprises, les mafias, les religieux et même les particuliers. le récit tourne au polar quand un individu d'apparence calme jusque-là, va devenir un véritable psychopathe, n'ayant qu'un seul but : retrouver à tout prix Gemma, la propre fille de Kameron Obb.
Enki Bilal, dans cette BD, nous montre de façon pertinente les effets que peut avoir la disparition brutale de toute technologie numérique sur une société devenue totalement dépendante. Il démontre ici les limites d'un progrès technologique incontrôlé.
Ce livre nous interroge sur notre dépendance parfois addictive aux nouvelles technologies et à internet et montre que les gens, une fois privés de toutes leurs connexions, livrés à eux-mêmes, ne savent que faire… « ils n'arrivent pas à se regarder les yeux dans les yeux, la plupart, depuis l'âge de trois ans, ne côtoient que leurs écrans… »
L'auteur a su créer des ambiances froides pour décrire ce futur anxiogène. Pour cela, il a utilisé une palette de nuances allant principalement du bleu au gris, ce qui donne un ensemble magnifique et effrayant à la fois.
J'ai aimé aussi le découpage aéré avec de grandes cases. J'ai parfois eu un peu de peine à différencier les personnages d'autant plus que l'on passe souvent des uns aux autres, sans transition. Dans cet univers un peu flippant où la tension va crescendo, l'auteur a néanmoins glissé quelques notes d'humour lorsque, par exemple, une recherche désespérée de vieilles personnes ou de vieilles voitures non connectées est faite pour essayer de pallier à ce bug, ou encore ces pages de journaux truffées de fautes du fait de la disparition des correcteurs d'orthographe.
J'attends avec impatience de lire le Livre 2.
Chronique illustrée à lire sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
HUMANITÉ AU TRÉPAS DE SON HISTOIRE.
Une impossibilité à se connecter à ses sites favoris. Une incapacité de dialoguer via les plateformes numériques. Les banques de données sont à l’arrêt. Le système est mort. C’est la panique qui gronde dès les premières planches. Une avalanche de conséquences pour ce monde où le numérique est devenu couronne de la société. Des ascenseurs qui ne fonctionnent plus, des voitures automatisées bloquées, des systèmes de sécurité en panne. Bug nous immerge à une possibilité effrayante ; que toutes les données soient effacées, que l’Histoire compilée dans des pc’s soit réduite à néant. C’est une paralysie de la société. Un gouffre pour une civilisation qui ne jurait que par un nouveau dieu - le numérique.
DÉCONNECTER LE CORTEX.
Plus de téléphone aux multiples applications. Plus de possibilité de consulter son chemin sur un autre format qu’une carte papier. Etre capable de regarder l’autre dans les yeux, se souvenir que nous vivons avec autrui. Le bug oblige à lever les yeux d’un écran devenu noir. Le bug permet une délivrance vis à vis d’appareils toujours plus gourmands. Et pourtant, c’est la panique qui agite les hautes sphères, le gouvernement, toutes ces tentacules trempant à la sécurisation de données sensibles. Tous sont concernés, tous sont paniqués. Pourtant, d’anciennes techniques émergent, comme ce journal qui permet de relayer les informations - un journal baigné de fautes, en raison d’un stylo que plus personne ne tient, de phrases que plus personne ne prend le temps d’écrire sans correcteur.
UN POLICIER D’ANTICIPATION.
Pourquoi. Qui. Comment. En parallèle de la panique planétaire s’ouvre le récit d’un homme Kameron Obbs. Astronaute qui semblerait être la clé du mystère. Les personnages s’articulent autour de lui, l’histoire se met lentement en place, permettant ainsi de présenter tout un univers original et pourtant si peu éloigné du notre. D’un graphisme toujours aussi singulier, Enki Bilal parvient à susciter l’effroi, le questionnement. Un premier tome étonnant, surprenant. A la dernière âge, une seule hâte, connaitre la suite !
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