"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Parallèlement à Persepolis, Broderies de Marjane Satrapi met en scène un florilège d'anecdotes de femmes Iraniennes. Tandis que la jeune Marjane prépare le samovar, les histoires de famille s'enchaînent, horribles ou incroyables, mais toujours drôles et touchantes.
Un apparté complémentaire et indispensable à Persepolis.
Si certaines femmes, telles Pénélope ou la reine Mathilde ont fait tapisserie en attendant leur époux, avec Broderies de Marjane Satrapi, édité chez L’association, les femmes se retrouvent mais certainement pas pour des travaux d’aiguille.
Selon la tradition iranienne, après le déjeuner les hommes partent se reposer et les femmes se retrouvent autour d’un samovar de thé brûlant pour discuter. Car « parler derrière le dos des autres est le ventilateur du cœur », c’est nécessaire.
Et c’est ainsi que chacune de ces neuf femmes y va de son souvenir, proche ou lointain, mais surtout ayant pour plus grand dénominateur commun, l’homme, le mari, le sien ou celui des autres. Aucun ne pourra y échapper.
Marjane Satrapi, Marji à cette époque, nous raconte, tout au long de cet album petit par son format mais grand par son humour, les conversations auxquelles elle a assisté, sous l’égide de son opiomane de grand-mère. Et contrairement à l’idée fausse qu’on peut se faire des femmes iraniennes, aucun sujet n’est éludé, surtout pas les plus scabreux.
Tel celui de la femme qui le soir de son mariage, parce qu’elle n’est plus vierge, décide de se couper avec une lame de rasoir pour tromper son époux, mais qui en raison de sa maladresse, finit par lui sectionner un testicule ! Ou encore celui de cette femme, qui malgré quatre enfants, n’a jamais vu de sexe masculin.
De nombreux thèmes sont passés en revue, les mariages des très jeunes femmes organisés par les familles, l’adultère des maris alors que la réciprocité n’est pas possible, la chirurgie esthétique et surtout cette fameuse broderie, dont je ne vous révèlerai pas la signification pour que vous ayez le plaisir de la découvrir par vous-même.
Un florilège de situations plus cocasses et amusantes les unes que les autres où les hommes sont, la plupart du temps, le dindon de la farce.
Comme pour Persepolis ou Le poulet aux pruneaux, le dessin de Marjane Satrapi est reconnaissable entre mille, avec ce noir et blanc caractéristique qui fait la part belle aux personnages et occulte décors et extérieurs.
Un album, qui bien que datant de 2003, a gardé toute sa saveur.
Pour sourire et rire des hommes… et des femmes également !
Ni dentelle, ni chiffon, la broderie en question est bien une affaire de femmes mais rien à voir avec colifichets ou autres accessoires de mode. Non,
On retrouve le trait noir, épais, simple et un peu enfantin, caractéristique des dessins de Marjane Satrapi . On retrouve aussi les personnages de Persépolis, l’ambiance de ce premier roman paru quelques années plus tôt et l’ambiance de l'Iran de son enfance.
Ce roman graphique parle des femmes, de leur émancipation et du poids très lourd des traditions dans ce pays encore patriarcal. Nous suivons le déroulé d'une discussion à l'heure du samovar, avec les femmes de la famille tandis que les hommes sont partis se reposer. ça parle d'amour, de mariage, de convention, de déception, de la sacro-sainte virginité déflorée le soir des noces. Des mariages arrangés, les jeunes filles données au premier venu pourvu qu'il ait une belle situation et si il vit en Europe c’est encore mieux, des mariages sans que les futurs époux ne se soient vus et qui évidemment finissent mal . La conversation est libre et si le divorce (qui semble courant en Iran et les femmes peuvent en avoir l’initiative) n'est pas une « tâche », ne plus être vierge est un déshonneur pour la jeune fille et sa famille....
Et la broderie dans tout ça ? c'est le nom de code entre femmes pour le raccommodage des hymens, une « broderie » qui semble aussi courante que refaire son nez..
J'ai beaucoup aimé retrouver Marjane ( que j'aime ce prénom ! ) et sa grand-mère, le franc-parler de cette dernière, et la vie de ces femmes qui rêvent d’amour mais subissent bien souvent ces mariages arrangés pour les conventions. « Faire un beau » mariage a plus à voir avec le compte en banque de l’époux qu’avec une réelle histoire d’amour. Une belle liberté de ton pour des choses qui changent certainement trop lentement .
Je connaissais la dessinatrice et auteure iranienne depuis Persepolis.
Je découvre ce « one shot » grâce à une amie (merci M-D) qui entre dans l’intimité des femmes iraniennes le temps d’une après-midi.
A la fin du repas familiale, après avoir débarrassé la table, les femmes se retrouvent à l’écart des hommes et discutent à bâton rompu…. des hommes, de leurs amours, de leurs mariages.
En Iran, si les jeunes filles ne sont pas forcément libres de se marier avec qui elles veulent, elles sont libres de divorcer, parfois très rapidement après leur mariage.
Mais la coutume est tenace : les femmes doivent avoir l’hymen intact le soir de leurs noces, il en va de la réputation du mari, et donc un peu aussi, des femmes. Même si certaines s’en moquent.
Si dans cet album les femmes ne brodent pas de la dentelle, leurs discussions tournent autour des femmes et de leurs rapports aux hommes.
http://alexmotamots.fr/broderies-marjane-satrapi/
On ressort de ce récit la tête pleine de questions. Une écriture toute en finesse pour conter avec humour un sujet délicat. Le titre est parfaitement choisi, et on prend beaucoup de plaisir à relire cette bande-dessinée !
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