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Dans ce recueil, Jean Métellus est une fois encore le chantre de son île natale, Haïti, riche de toutes les lumières, de toutes les senteurs, de toutes les musiques, de toutes les splendeurs du monde, mais meurtrie, mutilée, vidée de sa substance par les occupations successives, puis par leurs séquelles. Si ce thème se poursuit dans la plupart des oeuvres poétiques, ici, l'évocation se fait au travers du philtre de la mémoire. Et curieusement, ce philtre, loin d'apaiser la souffrance, de la rendre plus lointaine, plus supportable, donne naissance à une poésie ardente, parfois impérieuse, toujours altière qui emporte le lecteur corps et âme, jusqu'à faire naître en lui un ineffaçable tourment.
Il arrive aussi que la mémoire se laisse submerger par un présent tout immédiat - celui des « sens », des « humeurs » - aussi bien que cosmique, celui où « les astres défilent et giflent nos vertiges ». Faut-il croire le poète quand il affirme « une étrange étrave étrangle mon langage » ? Car le poème à la fois sensuel, onirique ou tout simplement narratif, est porté par une langue tour à tour somptueuse, savante ou familière qui n'appartient qu'à lui.
« Oublieuse mémoire », dit Supervielle, j'écris « dans le registre à vif des plis de ma mémoire », répond Jean Métellus.
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