"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Blèmia Borowicz, dit « Boro », reporter photographe, est de la famille des Kertész et des Capa, venus comme lui chercher à Paris une terre d'asile et de liberté. Il a l'insolence de la bohème et l'élégance désinvolte d'un héros fitzgéraldien. Armé de sa canne et de son Leica légendaires, il ferraille avec une fougue libertaire contre les abus et les injustices du monde. Les déraisons de l'amour, les hasards de l'action et les fureurs de l'Histoire le conduisent toujours vers un destin exceptionnel.
Printemps 1960. Meurtri par l'entrée des chars soviétiques dans sa Hongrie natale, Boro a répondu à l'appel du Mossad : il est en Argentine sur les traces d'un bourreau nazi en fuite. De retour à Paris, il rejoint les porteurs de valises dans les appartements clandestins où se réunissent les réseaux de soutien au FLN algérien. Il arrive à Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961, alors que s'élève le mur de la honte. Il restera dans la ville le temps de sauver les premiers fugitifs évadés par les tunnels ainsi qu'une jeune pianiste allemande, virtuose de renommée internationale, prise au piège des barbelés de la guerre froide.
Avec Boro, Est-Ouest, Dan Franck retrouve la grande tradition du roman d'aventures. Après la montée du nazisme (La Dame de Berlin), la guerre d'Espagne et l'avènement du Front Populaire (Le Temps des cerises), les jeux d'espions à l'aube des monstruosités hitlériennes (Mademoiselle Chat), les premières heures de l'Occupation (Boro s'en va-t-en guerre), les luttes de la Résistance (Cher Boro, La Fête à Boro) et la naissance d'Israël (La Dame de Jérusalem), voici Blèmia Borowicz aux prises avec les folies d'un nouvel ennemi - menaçant, redoutable, terriblement actuel. Avec Boro, Est-Ouest, Dan Franck rappelle sur le devant de la scène le héros des Aventures deBoro, reporter-photographe, la série à succès née de sa collaboration avec Jean Vautrin. Seul à la plume désormais, il nous fait revivre aux côtés de son héros les heures les plus glaçantes de la guerre froide, porté par la force vivifiante de la grande tradition du roman d'aventures.
Dix après le dernier volume des aventures de Boro reporter écrites par Dan Franck et Jean Vautrin, Dan Franck reprend le récit en solo. Un très bel avant propos rappelle l'amitié profonde qui liait les deux hommes et explique pourquoi Dan Franck a décidé de reprendre la plume.
Voila donc à nouveau notre cher Boro embarqué dans les folles aventures de ce siècle bouleversé et bouleversant au début des années 60. Ce volume est consacré à la guerre froide et l'apparition du mur de Berlin et en parallèle à la guerre d'indépendance de l'Algérie.
De nouveau personnages viennent compléter la "famille" de l'agence Alpha presse alors que la disparition d'autres laisse une trace indélébile dans le coeur du reporter.
Défi relevé pour ce nouvel opus, toujours aussi bien documenté et parfaitement écrit.
Le "à suivre" de la dernière page, nous tient encore une fois en haleine.
Retrouver Boro c'est comme renouer avec mes jeunes années et me remémorer les quelques trente-cinq ans qui séparent la publication du premier tome, La dame de Berlin de celui-ci, surprise inespérée. Dans une préface émouvante et pudique, Dan Franck retrace l'histoire du compagnonnage qui noua sa plume à celle de Jean Vautrin décédé il y a quelques années, et créa un troisième écrivain baptisé Franck & Vautrin. Les aventures de Boro, reporter photographe devaient occuper 5 tomes, c'était sans compter la richesse de la période à traiter et sans doute l'enthousiasme des deux hommes pour leur créature. C'est donc seul que Dan Franck a entrepris de continuer, plus de dix ans après la parution du huitième volet (La dame de Jérusalem). Pourtant, l'influence de Vautrin est bien là, sa présence plane en creux et teinte d'une certaine nostalgie ces retrouvailles avec un Boro qui vient de passer le cap du demi-siècle. Et qui lui aussi a perdu un être cher.
Nous sommes en 1960, dans une France secouée par les vélléités d'indépendance de l'Algérie et dans un monde marqué par la Guerre froide. Les reporters ne chôment pas, Boro est bien sûr aux premières loges avec une collection d'appareils photo qui a eu le temps de grandir. Avec lui nous serons partie prenante de l'opération menée par les Israéliens en Argentine pour enlever Eichmann, nous reviendrons sur la triste année 1956 et l'écrasement de la révolte hongroise à Budapest par l'armée russe qui coûtera la vie à Maryicka, nous assisterons aux violentes répressions des manifestations pour l'Algérie par la police française et à l'incroyable opération d'édification du mur de Berlin en 1961. Dans les pas d'un Boro toujours décidé à se battre pour la liberté, et toujours sidéré de constater que l'horreur et la violence sont toujours là, réinventées à chaque nouvel épisode du désordre mondial. Un nouveau personnage fait son apparition en la personne de Jolan, jeune résistant hongrois ramené par Boro en 1956 et qui rappelle beaucoup ce que lui-même était à vingt ans. Y compris dans ses emballements amoureux.
J'ai trouvé cet épisode très réussi, avec toujours cette faculté de traiter les grands événements du 20ème siècle à la manière des grands romans d'aventures du 19ème siècle. On tremble pour le destin de ces personnages attachants et on revisite des moments clés de notre histoire sans aucune complaisance. Je me souviens encore de la violence des Noces de Guernica (tome 3), un livre qui m'avait beaucoup éclairée sur les enjeux de la guerre d'Espagne à l'époque. La façon dont sont relatées ici, sous les yeux de nos héros reporters, les violences policières du 17 octobre 1961 fait froid dans le dos. Tout comme le récit de l'opération d'enfermement de tout un peuple à Berlin en août de la même année. Les enjeux se sont déplacés vers une logique d'affrontement des blocs est-ouest mais le parti-pris narratif permet de mettre tout ceci en rapport avec ce qui a précédé depuis les années 30 et tous les événements dont Boro et ses confrères ont été témoins et partie prenantes. C'est habilement fait, à la fois pour permettre de renouer en douceur avec le petit monde de Boro et pour œuvrer à la compréhension des évolutions du monde.
A la fin, la mention "à suivre" indique que Dan Franck n'en a pas fini avec Boro et les désordres du monde. J'espère qu'il ne faudra pas attendre dix ans pour le tome 10... surtout dans la position dans laquelle nous devons laisser notre héros. Vite, la suite !
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
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