Pendant plus d'un mois, nos Explorateurs du Polar ont mené l'enquête pour résoudre l'insolvable : dénicher, parmi les meilleurs polars du moment, celui à ne manquer sous aucun prétexte. Découvrez le palmarès !
Lima, années 80. Alors que l'Etat et la guérilla du Sentier Lumineux se livrent une guerre sans merci, Elsa, une jeune militante communiste, est soumise aux viols et à la torture des militaires. Parmi eux, Bioy, jeune caporal tétanisé par ce déchaînement de violence.
Lima, années 2000. Bioy est désormais à la tête d'un des gangs les plus violents de la ville, au service des cartels de la drogue et du crime organisé. Ses anciens collègues de l'armée sont en prison ou en fuite aux Etas-Unis.
Vingt ans se sont écoulés qui ont plongé le Perou dans l'abîme, et c'est le récit de cette chute que ce roman nous livre à travers les destins croisés de Bioy, d'Elsa, d'un flic infiltré et d'un étrange garçon assoiffé de vengeance.
Intrigue tentaculaire, récit à la chronologie chaotique qui mêle le passé au présent et emprunte à des formes aussi diverses que l'écriture cinématographique ou le blog, Bioy forme un puzzle romanesque qui déploie toutes les facettes de la violence, de l'horreur et la déchéance humaine et tente sans relâche de répondre à cette question : l'idée même de rédemption a-t-elle encore un sens ?
En plaçant la violence et la question de la banalisation du mal au coeur de son livre, Trelles Paz s'affirme comme l'une des voix latino-américaine les plus prometteuses du roman noir .
Pendant plus d'un mois, nos Explorateurs du Polar ont mené l'enquête pour résoudre l'insolvable : dénicher, parmi les meilleurs polars du moment, celui à ne manquer sous aucun prétexte. Découvrez le palmarès !
« Bioy » est un roman puzzle. Diego Trelles Paz nous balade d’une époque à l’autre, de personnage en personnage grâce à des angles de vue variés. La ville de Lima au Pérou est le seul point commun à tous les chapitres du livre. On découvre les dessous de cette ville entre les années 80 et les années 2000. Successivement l’auteur utilise une narration à la première personne, une narration à la troisième personne, une narration cinématographique, une narration épistolaire et une narration sous forme de blog. Tous ces modes narratifs, qui semblent indépendants au premier abord, ne sont en fait que les différentes pièces du casse-tête. Parfois déstabilisantes, elles prennent tout leur sens au fil des pages. Ainsi imbriquées, elles relatent avec justesse l’histoire de ce pays. La puissance des cartels de nos jours et la guerre entre l’Etat et les communistes vingt ans auparavant deviennent alors une réalité tragique. On plonge dans les bas-fonds de la violence à outrance. L’auteur nous dévoile les conséquences de la folie et des plus bas instincts.
Pour moi, le scénario du roman n’a finalement pas vraiment d’intérêt et m’a paru plutôt comme un alibi pour pouvoir entrer dans le système vérolé et banalisé afin de l’exposer aux yeux des privilégiés. Diego Trelles Paz a une plume exigeante qui m’a beaucoup plu. Mise au service de la rédaction déstructurée, j’ai ressenti avec authenticité toute l’animosité et le point critique atteint par la violence dans cette partie du monde. Certaines scènes sont d’ailleurs malsaines à la limite du supportable et ne sont donc pas à mettre entre les mains des plus sensibles.
J’ai eu le plaisir de rencontrer Mr Trellez Paz aux « Quais du Polar » à Lyon. Il est extrêmement sympathique et particulièrement avenant, tout l’inverse de ce qu’il m’a raconté de sa ville d’origine. Merci lecteurs.com pour cette nouvelle édition des Explorateurs du polar et pour cette belle découverte qui en appellera d’autres.
Dans le cadre des Explorateurs du polar, j'ai reçu Bioy de Diego Trelles Paz aux éditions Buchet Chastel. Je remercie infiniment l'équipe de Lecteurs.com ainsi que Buchet Chastel pour cet envoi.
Bioy est un roman sud américain (Pérou) et c'est également le premier roman traduit en français de Diego Trelles Paz. J'y reviendrai dans cette critique, mais on doit saluer (et donc nommer) le traducteur français pour son excellent travail: Monsieur Julien Berrée.
Je dois reconnaitre que je n'ai pas l'habitude de lire des livres de cette partie de la planète. C'était donc une découverte pour moi.
La lecture de la 4ème de couverture - "Récit à la chronologie chaotique" - m'a inquiété. Je suis vieux jeu j'aime bien les choses assez carrées. De plus, l'intrigue semble guère réjouissante... Violence, vengeance, banalisation du mal... J'y suis allé un peu à reculons je l'avoue.
Mais après les premières pages, je fus rassuré. J'ai rencontré une belle écriture, subtile qui m'a donné réellement envie de lire le roman. C'est le point fort pour moi de ce roman noir, très noir même. Ce roman est très violent, très dur, très cru et explicite (souvent à la limite du supportable). Il est souvent dérangeant à la lecture, mais grâce à la plume de Diego Trellez Paz (et aussi au beau travail du traducteur français), la lecture reste plaisante. En plus, le traducteur nous éclaire souvent en nous expliquant en bas de page la signification de certaines expressions.
Et pourtant, comme je le disais plus haut, la chronologie est vraiment chaotique. On a vraiment du mal à s'y retrouver, pire à ne pas se perdre ni confondre les personnages tout au long des 4 parties du roman. On passe allègrement du présent au passé (la première partie), des mémoires d'un policier infiltré (le macarra Humberto dans la deuxième partie) au blog (la 3e partie vraiment en décalage avec le reste) "Les gens sont moches". Enfin de l'écriture cinématographique au compte-rendu d'une déposition policière (la 4e partie).
Ce roman est un véritable puzzle où tout finit par s'imbriquer et s'éclaircir (et encore je ne suis pas sur d'avoir tout réellement compris...) dans les dernières pages.
Avec un fil rouge néanmoins: Marcos et Bioy.
Grâce à tous ces différents artifices, aux mots et aux expressions utilisés par l'auteur, je n'ai jamais été tenté d'abandonner. On est témoin de l'horreur - viols, tortures, massacres - mais la beauté du texte (comme les longues descriptions par exemple) évite d'être vraiment au cœur de l'horreur. Cela rend le roman "plus doux, plus accessible, plus tolérable" bien souvent ...
En conclusion, ce n'était pas gagné d'avance, mais je ne regrette pas d'avoir lu Bioy. C'est un roman coup de poing, très noir, difficile à lire mais à l'écriture subtile qui nous permet de découvrir le Pérou des années 80.
Je lirai les prochains livres de cet auteur, c'est une certitude
4/5
Bioy, le roman noir, très noir du latino-américain Diego Trelles Paz, est un sacré choc, il éveille les consciences aux années terribles vécues par le Pérou dans les années 80. Le décor de ce roman, ce sont les combats du sentier lumineux contre l’état en place, la violence, puis la contre plongée dans les ripostes sanglantes des militaires au pouvoir, et en parallèle, vingt ans plus tard, toujours la violence, celle des caïds de la cocaïne, des voyous sans peur mais souvent drogués et alcoolisés au dernier degré, des durs qui n’hésitent ni à violer ni à tuer. C’est l’histoire tragique de Marcos, un jeune homme particulièrement étrange qui veut venger sa mère, c’est celle de Macarra, un policer infiltré qui transpire la peur et qui devient peut être pire que les truands qu’il surveille, c’est surtout celle de Bioy, ancien militaire dont on comprend vite qu’il est passé depuis longtemps de l’autre côté du miroir, du côté de la cruauté brute et sans faille.
L’écriture est étonnante car elle fait appel à tous les genres, récit, roman noir, blog, descriptions cinématographiques, dépositions à la police. J’ai eu l’impression que les descriptions scénographiques étaient d’ailleurs faites à des moments où le récit seul serait insoutenable, l’éloignement que provoquent ces descriptions d’une scène vue à travers la caméra rend les violences à peine supportables.
L’auteur parle de toutes les périodes avec une très relative alternance, mais sans réelle chronologie, même si certains chapitres s’ouvrent sur des dates précises, heureusement pour le lecteur. Sur la première partie, j’avoue on s’y perd un peu, mais le puzzle se met en place petit à petit, les personnages se révèlent, les intrications prennent forme, les buts avoués ou inavoués se confirment, les vengeances se précisent. Voyeur passif et contraint de toute cette violence, j’ai découvert l’histoire d’une révolte dont j’avais vaguement entendu parler, en particulier à propos du sentier lumineux. Mais il me semble que l’auteur montre surtout que les implications et les conséquences dans la vie et dans le futur de ceux qui ont été touchés, qu’ils aient été complices ou victimes, va bien au-delà de l’imaginable. Un roman difficile, mais que je ne regrette certainement pas d’avoir lu, bien au contraire.
J'ai reçu ce roman dans le cadre de l'opération "Explorateurs du polar". Je remercie pour cela le site lecteurs.com ainsi que les éditions Buchet Chastel.
C'est la première fois que je lis un roman noir sud-américain, et je dois dire que Bioy ne m'a pas laissé indifférente. L'intrigue est somme tout assez classique - un jeune homme qui veut venger sa mère - mais le traitement en est vraiment original : descriptions cinématographiques, pages de blog, journal intime, confession, énumérations, témoignages ou propos décousus d'une femme ayant perdu l'esprit sont autant de moyens de rendre compte, avec plus ou moins de distanciation, d'une histoire qui se met en place par à-coups, depuis les horreurs perpétrées en 1986 jusqu'au dramatique final de 2008.
La lecture de ce roman n'est pas facile. Je le reconnais, j'ai eu beaucoup de mal. Mais cela en valait la peine. Après un premier tiers de roman extrêmement dur, aux descriptions insoutenables - au point que je me suis demandée si j'arriverai à le lire jusqu'au bout - le ton s'est "adouci", c'est-à-dire qu'il est resté dans les limites du supportable, du moins en ce qui me concerne. Massacres, torture, viols collectifs, rien ne nous est épargné ; le Pérou nous est présenté comme un pays gangréné par la violence et la corruption, où drogue et alcool sont omniprésents et où l'on sent bien que les traumatismes du passé sont loin d'être réglés.
Le récit est complexe, le ton employé difficile à suivre, mais les émotions sont là, bien présentes tout au long de la lecture. J'ai ressenti un grand malaise en lisant Bioy, face à ce déchaînement de violence physique et morale, mais j'ai également ressenti de la beauté dans le texte, à l'image de la citation suivante :
« Car c'est alors que tu entends ce nom sur ses lèvres, ce triste nom qui te désarme et te paralyse et te restitue l'innocence et la peur, ces quatre lettres qui ouvrent les portes closes de ta sombre mémoire et te font suffoquer de chagrin - pour cette femme enterrée, pour ce jeune homme enterré, pour ce pays enterré à côté de ses morts, pays de cadavres, montagnes de cadavres nus sous terre, cadavres oubliés, cadavres décomposés, cadavres nauséabonds, putrides, dans un état pitoyable, cadavres sans deuil, cadavres sans Dieu, cadavres perdus dans les limbes éternels des fosses communes, les uns sur les autres comme des troupeaux pestilentiels, cadavres vivants, cadavres amnésiques, cadavres errants, qui ne savent pas qu'ils sont morts [...] ».
Bioy est le premier roman traduit en français de Diego Trelles Paz. Je serai curieuse de découvrir le reste de son œuvre, si jamais elle venait à être traduite...
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