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À l'Université de Lausanne en hiver, comme à Téhéran, où se poursuivent les cours au printemps, l'enseignement singulier et la mystérieuse personne de Bénédict Laudes, professeur de littérature comparée, inspirent troubles passions et sentiments contradictoires aux étudiants, filles et garçons confondus. La densité du noir et blanc, entre Orient et Occident, donne ses «couleurs» au nouveau roman de Cécile Ladjali, romancière d'origine iranienne qui renoue ici avec les motifs fondamentaux qui jalonnent son oeuvre : la terre des origines, la fusion des contraires et la transmission.
Cécile Ladjali nous embarque au pays des contraires où le genre y est son sujet principal à travers Benedict(e). Une écriture élégante qui résonne en nous aussi relevée par un roman passionnant voyageant entre l'Iran et la Suisse. Ce livre interroge encore sur les sexes à travers les pays empreints par le prosélytisme religieux. Cécile fait partie de mes écrivains favoris...illettré sera mon suivant.
Iranienne par sa mère, Suisse par son père , Benedicte Laudes est alternativement professeur de littérature comparée à Lausanne et Téhéran, portant en elle la culture orientale et la culture occidentale.
Si elle s'est arrangée jusqu'à 13 ans d'avoir une « âme de garçon dans un corps de fille », elle refuse à présent le genre féminin . Ce sexe féminin dont elle s'arrange en Suisse où elle elle porte veste et pantalon pour enseigner sous le nom de Maître Bénédict, elle le subit en Iran où elle est obligée de porter le jour le hidjab. Elle endosse toutefois la nuit un costume masculin pour hanter, la peur au ventre, les rues de Téhéran où l'homosexualité est sévèrement réprimée.
Loin de se sentir tiraillée entre les deux sexes, elle s' en trouve au contraire enrichie devenant un être complet « L'altérité s'est effacée. La différence n'a plus cours »
L'ouvrage est constitué d'une succession de courts chapitres . Le plus souvent consacrés à Bénédict(e) , ils restituent par un récit à la première personne son ressenti dans son quotidien d'universitaire, dans ses rapports avec ses étudiants, avec sa famille ou ses amants . S'intercalent au milieu de cette confession , des séquences dédiées à d'autres personnages où apparaissent le trouble et la fascination qu'exerce son androgynie aussi bien sur les hommes que sur les femmes.
Le roman constitue aussi , et c'est loin d'être négligeable, un document intéressant sur la vie la dans l 'Iran actuel. Bénédict(e) , par le message discret d'émancipation qui émane de son enseignement auprès de ses étudiantes est accusée « de répandre un venin d'occidentale dévoyée » . Elle qui rêvait de rendre à l'Iran ce que l'Occident lui avait donné, d'établir un pont entre les deux civilisations reconnaît son échec et conclut amèrement « L'Iran n'est pas encore prêt . Je suis venue trop tôt. Je choisis la trêve »
Un nouveau roman sur un thème actuellement porteur me direz-vous ! Certes, mais l'écriture de Cécile Ladjoui se détache des clichés habituels, en évoquant avec délicatesse et sensibilité cette question complexe de l'identité sexuelle . Une écriture souvent empreinte d'un lyrisme et d'une fluidité qui semble un écho de la poésie soufie, qui ne décrit pas, mais effleure ou caresse, sans rien qui pèse ou qui pose .
L'itinéraire d'une femme libre, qui a trouvé son unité .
Très beau roman qui fait vivre sous la plume de Cécile Ladjali la difficulté d'être femme en Iran ...
Un roman troublant sur un sujet difficile, la question du genre couplée à celle de la double origine, servi par une écriture sensible et intelligente. C'est le premier récit de Cécile Ladjali que je lisais et qui m'a donné envie d'en lire d'autres.
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Bonjour Christine, il y a peut-être une erreur dans votre notation , car elle ne correspond pas à votre commentaire ;) j'aime également beaucoup cette auteure ! bonne journée