#RL2015 : Les Explorateurs de lecteurs.com ont lu pour vous la rentrée littéraire 2015. Découvrez leur critique de Barracuda de Christos Tsiolkas (Belfond)
je suis ravie de savoir que je ne suis pas la seule qu'il ait marqué...
?Après le succès international de La Gifle, le grand retour de l'enfant terrible des lettres australiennes. Porté par un style à fleur de peau, un roman coup-de-poing sur le dépassement de soi, le sacrifice, l'échec et la reconstruction, avec en toile de fond toutes les contradictions d'une nation bâtie sur le racisme et la violence.
Daniel Kelly sort de prison.
Vingt ans plus tôt, il était Danny " Barracuda ", le grand espoir de la natation australienne. Un adolescent rageur, animé par la soif de vaincre, tout entier tendu vers un seul but : devenir champion. Pour n'être plus le petit métèque, fils d'une coiffeuse grecque et d'un routier australien. Pour montrer à ces petits bourges pour qui tout semble facile que lui, le boursier, peut les battre. Pour ne plus être prisonnier de ce corps encombrant, de ces pensées qui lui viennent dans les vestiaires.
Aujourd'hui, Daniel est ce champion déchu qui a commis l'irréparable. Il est cet homme que la prison a à la fois brisé et révélé. Il est ce fils, ce frère qui veut se réconcilier avec les siens. Il est cet adulte qui va devoir une dernière fois se confronter à l'ado qu'il était pour mieux tenter de revivre...
#RL2015 : Les Explorateurs de lecteurs.com ont lu pour vous la rentrée littéraire 2015. Découvrez leur critique de Barracuda de Christos Tsiolkas (Belfond)
Découvrez le palmarès des romans de la rentrée littéraire 2015 par les explorateurs de lecteurs.com Tous nos conseils de lecture pour les incontournables de cette rentrée
Un roman qui parle de sentiments, de sensations, d’émotions dans la vie de quelqu’un, c’est pour moi un vrai roman. En ce sens, je comprends pourquoi pour beaucoup de lecteurs c’est un « coup de cœur ». En plus, la lecture de ce roman a éveillé chez moi des réactions, des grincements de dents, de la compassion parfois. Toutefois, dans l’ensemble, c’est trop négatif. Il est impossible de ne trouver rien qui puisse donner de la satisfaction ou de la joie à une jeune personne. Le roman est très complexe, fait sans arrêt des retours et des projections dans le temps, il n’est pas une lecture facile. Mais justement, puisque j’ai tant de mal à former un avis que je peux traduire en notation sur cinq, c’est certainement un bon roman.
Merci aux explorateurs de la rentrée pour le conseil ! J'ai beaucoup aimé ce roman, organique, précis, construit, et tenu de bout en bout par une superbe tension narrative. Les émotions à fleur de peau de notre jeune héros torturé m'ont littéralement transporté. Danny, prodige de la natation universitaire se bat pour "être le meilleur, le plus rapide", envers et contre tous. Des rêves en tête, de la colère aussi. Quel moteur sera le plus puissant ? A découvrir.
Mon avis :
Il y a certains livres, on ne sait qu’à la toute dernière page qu’ils nous ont profondément marqués. Puis, il y a des livres comme Barracuda, où il suffit de lire un seul chapitre pour le savoir : ce livre ne nous laissera pas indemne. Ce roman nous touche, nous remue dès les premiers mots. Dès le départ, le roman se démarque par la structure même du récit. On suit en parallèle le présent du personnage principal, Danny, et son adolescence. C’est toute sa vie défile qui devant nos yeux.
Au fil des pages, on découvre un garçon perdu, coincé dans « l’entre-deux », entre deux univers opposés. Dans son lycée privé, où il n’est là que grâce à sa bourse, Danny est seul. Il se forge alors une carapace et se jette corps et âme dans la natation. Il ne nage pas. Il vole. Et porté par la main de maître de l'auteur, on vole avec lui.
On comprend vite que la piscine est l’exutoire de Danny, sa seule échappatoire aux moqueries et aux dédains que lui accordent les autres lycéens. Nager devient vite une nécessité. C’est un personnage dont j’ai beaucoup apprécié la force de caractère : c’est un battant qui ne voit son avenir qu’aux JO. Pourtant, il se perd tant dans la compétition que l'on se dit que, inexorablement, il va craquer…
Danny ne voit pas son avenir sans eau, et pourtant, dans le présent qui nous est décrit, il n’est pas le nageur exceptionnel qu’il souhaitait être. En effet, c’est un adulte brisé que l'on découvre, et qui ne nage plus du tout. On sent que quelque chose de grave s’est passé durant son adolescence, mais on redoute de savoir quoi… Le contraste est frappant entre le Danny du passé, qui a des rêves plein la tête et des ambitions démesurées, et le Dan du présent qui est brisé et dévoré par la honte et la culpabilité. Que s’est-il passé ? On essaie de deviner comment Danny a pu en arriver là. Les pièces du puzzle s’assemblent petit à petit, nous tenant en haleine jusqu’au bout.
Il y a une violence difficilement contenue dans ce roman. Un mélange de violence et de souffrance qui vous prend à la gorge, sans jamais vous lâcher. Même après avoir refermé ce roman, Barracuda hante vos pensées. Si vous devez lire un seul livre de la rentrée littéraire, c’est bien Barracuda. Il vaut le détour.
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Mon avis de la page 100 :
Il y a certains livres où on ne sait qu’à la toute dernière page que le roman nous a profondément marqués. Puis, il y a des livres comme Barracuda, où il suffit de lire un seul chapitre pour le savoir : ce livre ne nous laissera pas indemne.
Vous l’avez compris, ces 100 premières pages ont su totalement me séduire. Ce début de roman m’a charmé tant pour la plume de l’auteur que pour les thèmes abordés. Je ne doute pas que la suite soit à la hauteur!
je suis ravie de savoir que je ne suis pas la seule qu'il ait marqué...
Donc encore un à rajouter à ma PAL de la rentrée littéraire... Ca commence à faire pas mal finalement :-) Merci Cécile
Si c'est ton dernier livre pour les Explorateurs, je ne peux que me réjouir pour toi car c'est le bouquet final. J'ai adoré ce livre de Tsiolkas. Très fort, très prenant.
Je suis sur L'oiseau du Bon Dieu de James McBride qui est également très très bon et ça me fait plaisir de terminer là-dessus car le précédent fut... difficile, on va dire.
Chronique définitive "Barracuda":
« Barracuda » c’est l’histoire de Daniel Kelly, adolescent de famille modeste qui intègre un lycée prestigieux, grâce à son talent de nageur. Gros potentiel, il s’imagine à Sydney aux Jeux Olympiques ramenant la médaille d’or. Mais rien ne s’est passé comme prévu. L’échec à une course, un pétage de plomb et le rêve s’envole. La descente aux enfers commence…
A lire le résumé en quatrième de couverture, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Loin d’être explicite sur l’histoire en elle-même, c’est surtout le côté exploitation du mental d’un sportif. Rien de bien alléchant.
Hors, une fois que l’on est dans l’histoire, on est happés par la vie du jeune Danny, on veut savoir pourquoi, comment son destin s’est brisé, s’il arrivera à remonter la pente, à s’aimer…
La construction du roman est très intelligente. Les chapitres s’alternent, l’un avec l’utilisation du présent, du « je » et l’autre du passé, et du « il ». L’écriture est assez sobre et retransmet parfaitement les émotions (sa rage de gagner, la rage contre son père, sa violence contenu et qu’il exprime…). On ne se perd pas dans les descriptions, ni dans l’histoire car le découpage est bien fait. Le seul point négatif que j’y trouve, c’est que le fait d’autant parler de la mentalité guerrière du sportif, ça en devient un peu long là où j’aurais aimé un peu moins de bla-bla.
Un bon roman sur l’adolescence, la pression de ces enfants sportifs, les conséquences des échecs…. Un livre fort, vraiment très fort.
Chronique de la page 100:
Que dire de plus que mes collègues n'ont pas dit? Le roman alterne les chapitres sur le passé prometteur et difficile, et le présent moins glorieux et compliqué de Danny. Dans ces 100 premières pages, on découvre que Danny cache quelque chose de lourd. Mais que s'est-il passé?
C'est bien écrit, et j'ai très envie de savoir la suite...
Chronique du roman :
Avec ce nouveau roman, l’australien Christos Tsiolkas nous plonge dans la vie de Daniel Kelly, un jeune homme appelé à devenir un champion de natation. Ses parents l’envoient dans un établissement scolaire privé de Melbourne qui lui permettra de suivre l’entraînement adéquat. L’intégration est difficile, Danny arrive comme boursier et ses camarades sont tous issus d’un milieu aisé.
L’auteur a choisi de confronter la vie d’adulte de Daniel à ses rêves d’adolescent. Il adopte un style de narration où alternent les chapitres avec Daniel, trentenaire, narrés à la première personne, avec des chapitres centrés sur son adolescence et racontés à la troisième personne.
Dans les récits de Dan, nous retournons dans son passé à chaque chapitre tandis que dans ceux de Danny, nous allons vers son avenir.
Cet effet de construction rend la narration surprenante et quelque peu complexe. Au fil du roman, nous avons l’impression d’avoir deux personnes différentes, avec des personnalités distinctes le tout renforcé par un changement d’identité : adolescent, Daniel est surnommé Danny tandis qu’une fois adulte, nous ne le connaissons que sous le surnom de Dan.
Ceci ajoute aux mystères que laisse Christos planer sur son personnage. J’ai été intriguée, prise par le suspens qui entoure l’événement qui a ainsi radicalement changé le héros.
L’écriture est plaisante, bien que le vocabulaire puisse être cru et vulgaire. Le mode de pensée de Daniel peut parfois surprendre et nous amener jusqu’à un sentiment de malaise voire même de tristesse par rapport aux actes de Danny face aux personnes qui feraient tout pour lui.
J’ai bien aimé ce livre, la complexité du personnage y étant pour beaucoup. Même si j’ai eu du mal à commencer (ou à reprendre la lecture), une fois dedans, j’ai toujours eu du mal à m’en détacher !
* * * * *
Explorateurs de la rentrée littéraire 2015 - Page 100
Je ne connaissais pas cet auteur que je découvre donc avec cette lecture.
L'écriture est appréciable, mais la narration, la mise en place du récit laissent un peu perplexe.
Nous débutons le récit par un chapitre à la première personne, avec le personnage principal, Danny, qui semble avoir pris une décision qui pourrait changer beaucoup de chose.
Puis, le chapitre suivant est à la troisième personne, mais nous suivons toujours Danny, en 1994 cette fois-ci, durant son adolescence et son entrée au lycée censé faire de lui un champion de natation.
Nous revenons ensuite avec un Danny adulte, récit à la première personne, mais dans un moment antérieur au premier chapitre.
Nous avons cette alternance de chapitre tout le long du livre, du moins jusqu'à la page 100.
Il faut donc s'accrocher pour tenir la chronologie, ainsi qu'au changement de narration qui évoque deux personnalités différentes pour un même personnage.
Autrement, l'auteur laisse planer le mystère entourant son personnage, ne dévoilant que peu d'information sur un fait marquant de la vie de Danny. L'histoire en devient intrigante et plus intéressante.
Explorateurs de la rentrée littéraire 2015 - Chronique finale
Certaines œuvres doivent être longuement appréhendées pour en tirer leur substantifique moelle. D’autres s’imposent comme une évidence. Barracuda de Christos Tsiolkas appartient à cette seconde catégorie. Ne pas se laisser duper par la nature de cette odyssée intime sur 16 ans, Barracuda est un immense roman sur l’échec, la confusion sociale et sexuelle dans l’Australie contemporaine ; un vaste programme magnifié par une colonne vertébrale narrative époustouflante de maîtrise sur 500 pages.
Danny vient d’un milieu modeste mais, à 14 ans, il nage mieux que quiconque. Dans un pays sanctifiant le sport, Danny bénéficie d’une bourse lui permettant d’intégrer une école privée cultivant l’entre soi. Après le temps de l’humiliation par ses camarades suffisants et nés avec une cuiller en argent dans la bouche vient rapidement celui de la domination dans les bassins où Danny les sèche tous. Parce que, comme Danny le répète souvent intérieurement, il est le plus rapide, le plus musclé et le meilleur. Et Danny sait que viendra le temps de l’acclamation mondiale quand il montera tout en haut du podium des épreuves reines de natation lors des Jeux Olympiques de Sydney en 2000, dans 6 ans… Dan s’occupe en 2010 des accidentés neurologiques dans les tâches les plus ingrates et éprouvantes. Dan n’aime pas les piscines et refuse de nager. Dan s’ennuie ferme dans Glasgow la grise et dans sa relation avec son amant au point de penser à y mettre un terme. Dan pense à l’Australie. Dan révèle à son amant qu’il a fait de la prison. Danny et Dan sont la même personne, à quelques années d’intervalle. D’autres surnoms seront associés à sa personne, renforçant encore plus son instabilité identitaire. Mais le premier mystère est de savoir comment notre héros en est arrivé là.
Tsiolkas déploie un squelette narratif inattendu et d’une beauté hors-du commun. L’omniscience du narrateur indéfini dans les jeunes années de Danny laisse place, d’un chapitre à l’autre, à l’évocation subjective de Dan adulte après l’acte de violence qui a transformé sa vie à jamais. Tsiolkas joue avec le lecteur pour mieux brouiller les pistes sur ce point d’orgue, notamment en cassant le caractère linéaire des deux chronologies. En cela, son écriture alerte, animale et frontale s’exprime comme jamais lors du méga chapitre de 50 pages narrant l’errance de Danny lors de la célébration d’ouverture des Jeux Olympiques. Là, Tsiolkas emmène son héros de Charybde en Scylla, jusqu’au bout de la nuit, de la frustration, de l’incommunicabilité entre les classes sociales, de la haine de soi, et de l’autodestruction avec maestria. A travers l’échec de Danny, mal préparé à la sortie de piste et à sa gestion de l’après, se dégage également un portrait dur mais juste de la société australienne ; une nation obsédée par la performance sportive au détriment du reste. Avec, en filigrane, cette question sous-jacente : sans le sport, qu’est-ce qu’être un australien aujourd’hui ?
Il faut à ce titre louer le talent de Tsiolkas pour réussir à rendre la rédemption de Dan adulte crédible malgré l’égoïsme forcené de Danny enfant grâce à un ton viscéral, au sens figuré comme au sens propre car il est important d’avertir les lecteurs les plus sensibles que Barracuda contient des passages explicites et extrêmes de rapports homosexuels et d’actes de miction, défécation et éjaculation Si ce point mineur mais bien présent dans le livre ne vous rebute pas, il serait regrettable de faire l’impasse sur ce regard aimant mais lucide d’un écrivain sur son pays.
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Explorateurs de la rentrée littéraire 2015 - Page 100
Christos Tsiolkas développe un canevas narratif fascinant avec sa double temporalité non linéaire d'un chapitre à l'autre.
Une attraction mystérieuse s'installe progressivement autour de son héros, Danny Kelly. D'abord jeune australien prolétaire dans les années 90 , il bénéficie d'une bourse d'études par ses aptitudes hors du commun à la nage. Arrivé dans un lycée privé élitiste, il ne rêve que d'une médaille d'or aux Jeux Olympiques de Sydney à venir en 2000. Saut de près de 15 ans, on retrouve Danny, trentenaire, exilé à Glasgow, ré-éducateur pour les accidentés de la vie et dans une relation sentimentale touchant à sa fin. On devine que son plan de carrière ne s'est pas déroulé comme prévu. L'Echec avec un grand E plane dans la description de son quotidien, confirmé quand on apprend qu'il a fait de la prison.
A la page 100, Barracuda séduit tant par son écriture organique que par sa promesse de récit où le point de vue intime de son héros, en pleine confusion sur son identité sociale et sexuelle, se superpose avec les contradictions de la société australienne d'aujourd'hui. Il y a quelque chose d'hypnotique dans la prose de Christos Tsiolkas, notamment dans les passages de nage sportive prenant une dimension presque animiste. Complètement sous le charme pour le moment.
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Merci Cécile, c'est un de plus dans ma PAL et la natation reprend semaine prochaine !