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Qu'il fait bon vivre dans l'Amérique des époux Bascom. Maman est à sa place, dans sa belle cuisine, aidée dans ses tâches par des messages publicitaires qui lui disent quand et avec quoi remplir son frigo.
Il y a les deux magnifiques enfants de la maisonnée, totalement accros aux jingles délivrés par leur boîte de céréales préférées.
Et puis il y a Papa, qui travaille avec tant de fierté pour la Société de Ventriloquie Universelle des Etats- Unis, fleuron de l'Amérique, pourvoyeuse de bonheur et chien de garde du devoir constitutionnel à consommer ; Papa qui déborde d'imagination pour faire acheter ses concitoyens. Et personne ne peut échapper à cette fièvre acheteuse institutionnalisée.
Personne, sauf Grand-mère, qui sort de prison, une vraie terroriste qui a refusé de se laisser bouffer par la publicité et qui débarque chez les Bascom. Mais est-elle vraiment décidée cette fois à subir le matraquage que son gendre souhaite lui imposer à elle comme à tout le pays ?
Sous des dehors légers, la charge est sans appel. Voilà à quoi pourrait bien ressembler une société livrée toute entière aux appétits et à la imagination sans limite des marques et de leur service marketing. Ciblage comportemental, marketing viral, publicité contextuelle, si le tableau fleure bon les années 1950, la force de sa vision reste intacte.
Audience captive est une nouvelle particulièrement réussie. Dans un futur, à l’image des années 50, on suit le quotidien d’une famille moyenne et typique. On découvre très vite que la vie dans ce texte est une dystopie autour de la place de la publicité. La publicité est omniprésente, chaque emballage prodigue un spot de pub bruyant et imposé aux heures adaptés. Les enfants grandissent obnubilés par exemple par les céréales dont la phrase d’accroche les marquent le plus. Tout tourne autour de la consommation et de la publicité, c’est normal au point de ne jamais être considérer comme envahissant ou intrusif. Avouez le plaisir que vous auriez d’entendre bien fort que c’est l’heure de votre médicament pour « compléter avec n’importe quel maladie qui ne regarde que vous ». Dans audience captive c’est la norme. Notre famille typique qui ne fait jamais de vague va recevoir un membre indésirable de leur famille. Cette personne sort de prison pour une raison qui fait froid dans le dos. Sur un ton positif, le lecteur découvre peu à peu à quel point cette société est dysfonctionnelle et n’est finalement pas si loin de notre quotidien. J’ai adoré cette nouvelle dont le ton très doux contraste avec l’horreur de ce qu’est devenu la société.
Encore une fois, les éditions du Passager clandestin font mouche. Cette nouvelle, écrite en 1953, n’a rien perdu de son mordant et de sa terrible réalité. Pourquoi se contenter de faire de la publicité avant l’achat ? Le consommateur ne doit pas perdre ses habitudes et ne doit pas oublier d’utiliser les produits qu’il achète. Le supermarché devient un véritable enfer : tous les produits scandent leur publicité à l’unisson. Et le vacarme ne s’arrête pas à la maison évidemment. Seul personnage qui se rebelle encore face à l’invasion : la grand-mère.
En 50 pages seulement, Ann Warren Griffith nous brosse le portrait de cette nouvelle société. Cela fait vraiment froid dans le dos et surtout ne paraît pas impossible lorsqu’on voit la place du marketing dans notre société actuelle. Jusqu’où irons-nous ? Cette nouvelle qui nous choque aujourd’hui nous choquera-t-elle toujours dans 5 ou 10 ? Espérons que nous saurons garder un peu de lucidité et de courage pour résister…
https://lecturesdemistinguette.wordpress.com/2017/10/29/audience-captive-ann-warren-griffith/
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