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Le jour où une charmante employée des RG frappe à sa porte, Ugo met pour la première fois en doute le mythe fondateur de la mort de son père, ex-activiste d'extrême gauche. Et sa quête de vérité - et de réponses - est une course contre la montre. Un premier roman haletant, initiatique et dégrisé, qui fond en un seul geste esthétique les fulgurances politiques d'une époque et les questionnements d'une génération privée de son propre héritage.
Ugo est architecte tendance utopiste, caractéristique inscrite dans son ADN. Enfant d'une génération qui a cru refaire le monde en y mettant le feu - parfois au prix de sa propre peau, lui préfère rêver de le redécorer, d'inventer pour les individus des écrins pétris de sens. Orphelin de révolutions avortées, nourri au lait de théories généreuses et néanmoins potentiellement explosives, Ugo a aussi fait les frais de leur pratique. Son flegme et sa lucidité artisanalement bricolés en prennent pourtant un (nouveau) coup quand se présente à sa porte une ravissante fliquette dont les questions viennent mettre en pièces l'édifice "roman familial & mythologie paternelle".
Alors, bien que loin d'être insensible aux charmes de la représentante de la loi, Ugo se met en tête de lui griller la politesse en reprenant l'enquête à son propre compte. puisqu'apparemment les autorités sont toujours activement à la recherche d'un père qu'il croit mort depuis des décennies.
Du silence feutré des cabinets d'architecture parisiens aux angles morts de la Cité radieuse de Marseille, en passant par les lumineuses collines de Provence, s'ouvre alors une étonnante chasse à l'homme doublée d'un jeu de dupes aux enjeux en gigognes.
Ainsi, sur la piste des énigmes intactes de l'enfance d'Ugo, frôlera-t-on l'activisme tranquille et retiré d'une émule de Deleuze & Guattari, le contour flou des idéaux de l'extrême gauche italienne ou encore la persistance solidaire des tenants de l'antipsychiatrie.
Au moindre geste c'est l'histoire aux résonnances franchement générationnelles d'une gueule de bois identitaire, affrontée vent debout par un jeune homme qui croit à l'ivresse et qui n'en démord pas. Le choix de parier, contre toute raison, sur des lendemains possibles - et sur les hommes, fussent-ils des traîtres - est bien plus chez Ugo l'incarnation d'un engagement radical que la manifestation de quelque immanence incontournable. Et c'est aussi, comme une façon d'habiter la contradiction originelle, une forme de fidélité à l'héritage jamais transmis.
C'est la grâce de ce texte dense et rapide, lancé tel un cheval fou, d'aborder, d'embrasser, avec une légèreté paradoxale, comme on traverse des paysages, les traces, les séquelles qu'ont gravé en nous plusieurs décennies de courants et de contre-courants de pensée. Car sans jamais présenter facture, coutures ni cicatrices, Boris Le Roy signe un premier roman solaire et fringant, entre quête initiatique et course poursuite, sur la fréquentation des "limbes des idéologies perdues", mais surtout sur l'exercice de la liberté d'être soi. et celui du pardon que seuls les fils peuvent accorder aux pères.
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