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Avant la ruée vers l'or et la conquête de la Californie, John Jacob Astor, un émigré allemand fut le premier multimillionnaire en dollars américains grâce à l'exploitation de fourrures. Il nous emmène dans ce qu'a été la vraie première richesse de l'Ouest, la forêt, qui faisait vivre tout un peuple de trappeurs, ainsi que des négociants de Montréal à Londres en passant par New York. Astor voulait créer un Empire de la fourrure, dont la capitale se serait appelée Astoria.
Ce n'est pas seulement l'histoire d'une quête économique qui nous est racontée, mais bien la conquête d'un nouveau monde, d'une terre de songe qui porte en elle toutes les promesses du futur. On y explore, avec Washington Irving, les montagnes glacées, les flèches des Indiens, les flots du Pacifique ; l'écrivain invente devant nous un genre qui sera l'un des grands mythes du XXe siècle : le western.
Qui n’a jamais rêvé de grands voyages ? Je me souviens, petit garçon, d’avoir passé des heures formidables et mémorables devant des cartes routières obligeamment offertes par l’office du tourisme canadien. Je m’imaginais alors, au guidon d’une moto, rutilante ou défraîchie peu importe, partir sur les routes et les chemins dans un interminable et merveilleux périple qui me conduirait de Québec à Vancouver. Je n’avais ni moto, ni permis, ni argent mais à quoi servirait donc l’imagination ? Certains rêvent leur vie d’autres vivent leurs rêves. Ce fut assurément le cas de John Jacob Astor, le patriarche de la dynastie des Astor, né en Allemagne dans la petite ville de Walldorf et dont la mémoire fut honorée par celui de ses descendants qui, avant de périr à bord du Titanic, fonda le… Waldorff-Astoria, hôtel emblématique de New York.
C’est l’histoire de la fondation d’Astoria, à l’autre bout du continent en Oregon, que raconte ce livre écrit en 1836 par Washington Irving et qui a été qualifié de « premier western de l’histoire ». On y suit deux expéditions, l’une terrestre qui va tenter de relier les Grands Lacs canadiens à la Côte Pacifique, l’autre maritime visant la même destination depuis New York. Le but : fonder un comptoir à l’embouchure de la Columbia river afin de pouvoir vendre en Chine les peaux et fourrures récoltées sur l’ensemble du continent pour en rapporter thé, tissus, vases ou bijoux. A travers les fleuves qu’on remonte (Missouri) ou ceux qu’on descend (Snake, Columbia ou Yellow Stone) calmement parfois, furieusement souvent, les Grandes Plaines qu’on arpente, les collines où la vue embrasse des centaines de kilomètres, les Montagnes rocheuses qu’on doit franchir, en été ou au début de l’hiver sous la neige, c’est toute la somptuosité de l’Ouest qui défile. L’Ouest presque désert, peuplé de bisons, d’antilopes, d’élans, de castors, de chevaux sauvages, d’ours. D’Indiens aussi, certains hostiles (Sioux), d’autres très hostiles (Pieds-Noirs), d’autres amicaux et avides de commercer (Aricaras, Chinooks, Omahas), ou simplement suffisamment empathiques pour ne pas laisser mourir de faim un voyageur égaré. A ce propos, il est toujours intéressant de vérifier, par un récit de l’époque de ces premières expéditions, que le manichéisme qui sévira dans les heures de gloire du western hollywoodien (les gentils pionniers attaqués par les méchants Indiens et sauvés par l’arrivée de la cavalerie) auquel succédera le manichéisme inverse (des brutes sanguinaires prêtes à tout pour faire fortune et massacrant de gentils Indiens pacifiques et communiant avec la nature pour leur voler leurs terres) doit être nuancé. Les hommes sont les hommes et, quelle que soit leur couleur de peau et leurs croyances, dès qu’ils sont en position de force ils en abusent au détriment de leurs voisins, de leurs familiers ou de tous ceux qui entravent leurs appétits. L’histoire est aussi vieille que le monde et Hunt, dans une lettre adressée à son patron Astor, se montre assez clair sur les exactions que les tribus indiennes avaient l’habitude de pratiquer les unes vis-à-vis des autres avant l’irruption massive des colons dont beaucoup ne conduisirent pas mieux. D’autres passages éclairent comment, au fil de l’arrivée des Blancs, la situation relativement apaisée des premiers temps put assez vite mal tourner sans réelle préméditation.
C’est également l’occasion de mesurer combien, en l’espace de deux siècles, nous avons perdu les capacités physiques et mentales de nos ancêtres. Celles qui leur permettaient de supporter ce que nous ne serions plus capables d’affronter : la faim, la soif, la souffrance, le désespoir né de l’isolement. Et à cet égard, la description du caractère des Coureurs des bois, issus du Québec peuplé de colons français, pourra sembler aussi éloignée que possible de l’humeur actuelle de notre pays : « Il est peu d'adversités qui puissent comprimer l'esprit jovial que les Voyageurs canadiens ont hérité des Français… Il n'y a pas d'hommes plus soumis à leurs chefs, plus capables de supporter la fatigue, plus joyeusement résignés dans les privations. Ils ne sont jamais si heureux que pendant le cours des plus rudes randonnées où ils s'épuisent à remonter les rivières, à traverser les lacs, campant la nuit sur leurs bords, bivouaquant en plein air et bavardant autour de leurs feux. Ce sont d'habiles et vigoureux bateliers, prêts à ramer sans murmure du matin jusqu'au soir. Celui qui gouverne le bateau chante souvent une vieille chanson française terminée par un refrain qu'ils répètent tous ensemble, en marquant la mesure avec leurs rames. Si de temps en temps ils se laissent abattre et diminuent leurs efforts, il n'y a qu'à entonner une chanson de ce genre pour les remettre en bonne humeur et en pleine activité. Les rivières du Canada retentissent sans cesse de ces couplets français, transmis de bouche en bouche et de père en fils depuis les premiers jours de la colonie. Par une chaude et belle soirée d'été, rien n'est plus gracieux que de voir un bateau glisser sur le sein tranquille des lacs, les rames marquant la cadence de ces vieux refrains ; »
Souvenons-nous que s’il existe aujourd’hui à Québec une université qui se nomme Laval, c’est parce que certains des fondateurs de la ville (magnifique, courrons-y) avaient quelque lien avec le chef-lieu de la Mayenne. De Cadillac à Detroit en passant par Des Moines ou Sault Sainte Marie, toute la région des Grands Lacs porte l’empreinte des descendants de certains de nos aïeux.
Ne cherchez pas de personnages de roman dans ce récit. Ils sont tous très romanesques, mais il aurait fallu les prendre un par un pour consacrer un roman à chacun. Le propos de l’écrivain n’est pas là, il se contente de rendre compte de ces deux extraordinaires expéditions, ce qui doit suffire au plaisir de lecture à condition de savoir ce qu’on va lire : un récit de voyage et seulement un récit de voyage. Celui-ci est de grande qualité et, pour qui a eu, par une nuit claire et avec le ventre plein, la chance de contempler les étoiles, allongé sur l’herbe grasse de la Grande Plaine, pour qui a regardé les saumons de la Snake river remonter le courant dans des sauts ahurissants ou qui a admiré les chutes de la Yellowstone river, c’est une irrésistible invitation à repartir vers l’Ouest et à saluer à l’Est nos accueillants cousins québécois et leur « esprit jovial » que vante Irving tout au long de son récit.
Astoria, c’est l’incroyable périple des marchands de fourrures à travers l’Amérique et le Canada raconté, en 1836, par le grand historien des Etats-Unis Washington IRVING.
Sur l’initiative du visionnaire et richissime John ASTOR, deux expéditions tentent de rallier un futur grand port de la fourrure, Astoria, établi à l’embouchure de la Colombia, où vont converger, d’un côté les pelleteries du Canada et de l’autre celles du Nord-Ouest des Etats-Unis, permettant ainsi de développer le commerce de la fourrure vers la Chine.
La première expédition passe par le Pacifique avec le voilier le Tonquin et la seconde suit les traces de Lewis et Clark, remontant le Missouri et la Colombia en bateaux à rames et traversant les Montagnes Rocheuses. Une épopée riche en découvertes qui nous en apprend beaucoup sur la vie des trappeurs, des indiens et sur la navigation fluviale et maritime de l’époque.
Ce récit contient à lui tout seul, toutes les aventures des pionniers de l’Amérique du 19ème siècle et dix romans suffiraient à peine à raconter toutes les péripéties qu’il dépeint.
L’auteur est extrêmement précis sur tous les détails concernant les modes de chasse et de trappe, les origines et les rôles des protagonistes, les relations avec les différentes tribus indiennes, ainsi que le fonctionnement des échanges commerciaux, le tout ponctué par une description colorée et parfumée des lieux traversés.
C’est l’histoire de la pelleterie que nous offre Washington IRVING en nous faisant découvrir, avec Astoria, l’influence de ce commerce lucratif sur les débuts de l’économie des Etats-Unis d’Amérique.
Un essai historique passionnant.
Merci à Babelio et aux éditions Libretto pour l'envoi de ce livre.
C'est un livre intéressant d'un grand auteur américain, Washington Irving, qui retrace l'histoire de John Jacob Astor qui fera fortune grâce au commerce de fourrures. Ce livre est surtout consacré aux expéditions visant notamment à l'installation de comptoirs dans des zones à la nature sauvage et occupées par différentes tribus indiennes.
Sur le plan historique, c'est très soigné, bien documenté et donc très intéressant en tout cas pour moi qui ne connaissait pas grand chose au développement de la traite des fourrures. L'écriture, il faut le souligner, est de grande qualité.
Pour autant la lecture a été un peu laborieuse. La faute à une narration pas vraiment "romanesque", si ce n'est quelques passages un peu plus palpitants que d'autres voir même carrément épiques comme l'histoire du capitaine et de son bateau, mais au-delà de ces quelques passages c'est assez contemplatif comme lecture. Certes les descriptions de paysages sont magnifiques, les découvertes des tribus indiennes enrichissantes, la concurrence des compagnies et les us et coutumes de l'époque...bref, tout ça est intéressant mais cela aurait mérité une histoire un peu plus vivante !
Ceci dit, cela n'est que mon ressenti personnel et je pense que je ferai l'effort de relire ce livre plus tard car j'ai un peu accéléré sur la fin. Ce n'était peut-être pas le genre de lecture auquel je m'attendais.
Il n'en reste pas moins que c'est un livre historique intéressant et de grande qualité mais avec une narration un peu trop clinique et distante qui ne permet pas de réellement plonger dans l'aventure.
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