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Etre poète : dès l'adolescence Armel Guerne (1911-1980) eut conscience de cette vocation et il consacra sa vie entière à l'accomplir. Au prix de grands sacrifices parfois, jusqu'à renoncer un temps à l'écriture quand, face à l'Occupant, il entra en résistance. Mais sans jamais faiblir : il était guidé par une foi ardente, au feu de laquelle s'est forgée une exceptionnelle sensibilité. Qui le mit en fraternité avec la quête mystique de Nerval, la pensée du grand Paracelse, et le dota d'une aptitude singulière à percevoir l'essentialité des mots sous la diversité des langues.
Grâce à cette intelligence des profondeurs, il sut mieux que quiconque faire entendre en français la voix des Romantiques allemands - entre eux tous, Novalis et Hölderlin -, celle de Melville dont le formidable Moby Dick délivre un message secret... de tant d'autres encore qui sans lui auraient été tenus à de ternes atours francophones. Armel Guerne, salué par André Breton, ami de Bernanos, de Cioran, de Mounir Hafez...
Fut, ainsi, le poète par excellence, celui dont les mots font vibrer la transcendance et raniment en nous l'éclat d'un Age d'Or perdu. Charles Le Brun et Jean Moncelon, "l'un et l'autre à l'affût de l'Unique sous la pluralité des noms dont on le pare", devaient se croiser. La rencontre se fit "sous l'égide d'Armel Guerne". Il était donc naturel qu'ils unissent leurs voix pour nous rendre toute la mesure d'une personnalité et d'une oeuvre hors du commun.
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