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Un réalisateur de génie - Ego Storm - se retire du monde avant la diffusion d'une trilogie qui révolutionne l'histoire du cinéma. Dans quelles terres lointaines s'est-il réfugié ? Et qui est cet homme mystérieux - Erland Solness - qu'il mentionne dans le dernier courrier qu'il laisse avant de disparaître ?
En partant de cette simple intrigue, Pierre Cendors nous livre avec Archives du vent un texte aux pouvoirs étranges, hypnotiques. Un polar métaphysique ? Un road-movie écologique ? Emboîtant jusqu'au vertige les niveaux de réalité, poussant toujours davantage la puissance de la fiction, jamais l'auteur n'était allé aussi loin dans son ouvre.
« Mon histoire n'est pas un roman. Il ne s'agit pas plus d'un testament que d'une confession. C'est une formule talismanique pour sortir du monde sans en sortir, un blanc chamanique de la parole, quelque chose comme une aire de hors jeu dans le grand jeu cosmique où se joue notre existence. » (Extrait de Archives du vent.) Pierre Cendors est un écrivain de langue française né en 1968. Archives du vent est son cinquième roman.
Quelques extraits du livre, en miroir du roman et de l'auteur :
« On m'a souvent dit que j'étais « gentil », ce genre de compliment éminemment sympathique a largement contribué à une hausse de la criminalité dans les quartiers malfamés de mon imagination. » « Une oeuvre cinématographique d'une sourde étrangeté, singulièrement rétro, paradoxalement moderne et ouvertement irrationnelle » « Du solitaire, j'avais ce profond mutisme du regard que l'on confond avec la force morale, et qui le devient, la patience métaphysique de l'arbre et une faiblesse pour les éléphants, les trains de nuit, des choses lentes et silencieuses, comme la voix de velours sombre d'Orson Welles ou, sous un clair de lune, une barque en bois à demi noyée parmi les roselières bruissantes d'un lough irlandais. » « Ce que l'on tait dit quand même quelque chose. Mais avez-vous encore assez de silence en vous pour l'entendre ? » « Il n'y avait qu'une explication à cette soirée foutraque d'anniversaire : on m'avait menti depuis ma naissance. Je n'étais pas né en été mais la nuit des courges et des sorcières, en automne, la nuit d'Halloween. »
Voici une lecture hypnotique et étrange, nous ne savons pas où nous sommes, où va nous entraîner ce texte. D'une belle écriture fluide, nous partons dans l'esprit et le récit de ce narrateur qui nous manipule, nous bouscule, on avance, on recule, on découvre des références cinématographiques, quelques références philosophiques. Mais cela n'a rien de pompeux. Est-ce le récit d'un réalisateur, un scénario pour un film, un récit familial avec des faux frères ou vrais frères. Qui est ce narrateur, un marionnettiste, un réalisateur en train d'écrire un film, un homme vieillissant qui nous raconte l'histoire de sa famille.
J'ai aimé me perdre dans les méandres de ce roman récit. Tout est entremêlé dans ce texte, des descriptions de scenarii de films avec des faux-vrais acteurs, des demi-frères, des petits fils, des énigmes, des valises mystérieuses, des carnets de moleskine qui pourraient nous éclairer. on a l'impression d'être devant un écran et de ne pas saisir le scénario et les liens entre les personnages. Paradoxalement, on pourrait être perdue et se lasser. Eh bien non, on continue à lire ce livre envoûtant et on veut voir jusqu'on ira l'auteur et si on va comprendre et ne pas se perdre dans ce labyrinthe cinématographique, philosophique.
"Mettre en lumière le langage de l'obscur".
Faire naître de l'invisible et des ombres une autre réalité que celle du monde où nous vivons.
Renouer avec l'autre partie de nous-mêmes bien plus révélatrice de qui nous sommes mais ensevelie sous la sédimentation du quotidien.
Pierre Cendors nous offre cet instant dans un texte hypnotique et sublime comme le regard magnétique et profond de l'actrice Louise Brooks, l'ange noir, qui semble sonder notre âme.
"Archives du vent", la seule lecture du titre est déjà prometteur du charme terrible de ce livre : saisir l'impalpable.
" Dans ce monde devenu tout à coup immobile, je crus entrevoir l'essence de la beauté. Elle était là, devant moi : fragile banquise d'un instant, pure flottaison de l'âme sur les hauts-fonds d'un mystère. La contempler ainsi dans sa nudité assouvissait un désir de sacré, qui dans le même temps, se révélait inextinguible".
"Le marcheur du vide", " ouverture au noir", "le cabaret du néant" sont des exemples de titres de chapitres qui sont révélateurs de l'emprise très forte d'emmener le lecteur vers une frontière de plus en plus floue entre la réalité et un autre réel possible, vers une autre dimension où le vrai et le faux s'éteignent.
L'écriture et le cinéma des années 30 et 50 s'imbriquent naturellement dans ce roman très singulier à la fois métaphysique et réaliste construit autour d'une énigme qui s'apparente à une enquête policière.
Egon Storm est un réalisateur islandais reconnu mondialement par son invention technologique révolutionnaire, le Movicône : faire jouer ensemble des acteurs disparus dans des films qu'ils n'ont jamais tournés.
Rattrapé par sa célébrité, cet homme solitaire et adepte de chamanisme se réfugie dans les terres les plus éloignées d'Islande, là où le ciel rejoint la mer.
Dans une cavité rocheuse seulement recouverte à marée haute, Egon Storm y puise l'inspiration. Il a aussi de puissantes visions qui le ramènent à un homme mystérieux, Solness.
Je ne dévoilerai pas plus l'intrigue car tout réside entre les lignes des feuilles blanches et les séquences en noir et blanc du cinéma muet.
J'ai lu le livre, j'ai vu un film , c'est un pur plaisir.
Je ne peux que répéter mon enthousiasme à lire "archives du vent". J'ai été surprise par la tournure des évènements et complétement envoûtée par son imaginaire très séduisant.
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