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Anna Thalberg

Couverture du livre « Anna Thalberg » de Eduardo Sangarcia aux éditions La Peuplade
Résumé:

Un après-midi, alors qu'elle attise le feu dans la cheminée de sa chaumière, la jeune Anna Thalberg aux yeux de miel est enlevée par des hommes brutaux et amenée à la prison de Wurtzbourg, où on l'accuse de sorcellerie. Isolée et torturée pendant des jours, elle tient tête au cruel examinateur... Voir plus

Un après-midi, alors qu'elle attise le feu dans la cheminée de sa chaumière, la jeune Anna Thalberg aux yeux de miel est enlevée par des hommes brutaux et amenée à la prison de Wurtzbourg, où on l'accuse de sorcellerie. Isolée et torturée pendant des jours, elle tient tête au cruel examinateur Melchior Vogel tandis que Klaus, le mari d'Anna, et le père Friedrich, curé de son village, tentent tout ce qui est en leur pouvoir pour lui éviter les flammes du bûcher. Petit à petit, le visage du Diable se révèle être celui du Dieu des hommes, et la sorcière un nouveau Christ.
Par un tour de force stylistique, Eduardo Sangarcía parvient à réunir dans un même souffle les préoccupations de chacun des personnages de ce drame, faisant revivre avec brio la folie meurtrière du procès des sorcières de Wurtzbourg, qui ébranla le sud de l'Allemagne aux XVIe et XVIIe siècles.

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Articles (1)

Avis (7)

  • Quand on est jeune, belle, étrangère, que peut-il subvenir quand on arrive dans un village ? Que des ennuis car on suscite la jalousie.. et quand cela se passe au Moyen-âge l'accusation de sorcellerie n'est jamais loin ..

    C'est ainsi qu'alors qu'elle préparait le repas pour son époux qu'Anna...
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    Quand on est jeune, belle, étrangère, que peut-il subvenir quand on arrive dans un village ? Que des ennuis car on suscite la jalousie.. et quand cela se passe au Moyen-âge l'accusation de sorcellerie n'est jamais loin ..

    C'est ainsi qu'alors qu'elle préparait le repas pour son époux qu'Anna va être enlevée par deux brutes qui vont la conduire devant un tribunal ecclésiastique pour faits de sorcellerie suite à la dénonciation de sa voisine.

    Pendant de longues heures elle va tenir tête à son bourreau mais pour celui-ci la cause est déjà entendue : soit elle avoue soit elle nie grâce au "malin". Quoiqu'il en soit elle est coupable.

    Son père et son époux vont user toutes les cordes pour lui éviter le bûcher.

    Avec ce roman, l'auteur nous montre la noirceur de l'être humain et son ingéniosité à détruire, à faire souffrir l'autre. Mais aussi à voir en l'autre, surtout étranger, le responsable des maux notamment en période de crise, à en faire le bouc émissaire.

    Ce petit livre à la très belle écriture m'a bien fait vibrer d'autant que la fin est surprenante. Il est vraiment à découvrir.

    https://quandsylit.over-blog.com/2024/03/anna-thalberg-eduardo-sangarcia.html

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  • En ce tournant du XVIIe siècle, Anna Thalberg, une étrangère rousse de vingt-deux ans dont l’éclat attire un peu trop le regard des hommes pour ne pas contrarier leurs épouses, mène avec son mari Klaus l’existence paisible des paysans de Bavière, lorsque, fort opportunément dénoncée pour...
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    En ce tournant du XVIIe siècle, Anna Thalberg, une étrangère rousse de vingt-deux ans dont l’éclat attire un peu trop le regard des hommes pour ne pas contrarier leurs épouses, mène avec son mari Klaus l’existence paisible des paysans de Bavière, lorsque, fort opportunément dénoncée pour diverses diableries par sa voisine – depuis son arrivée au village, des nourrissons sont morts, la sécheresse sévit, on l’a même vue chevaucher une chèvre dans les airs –, elle est arrêtée et transférée dans les geôles de Wurtzbourg en attendant son procès pour sorcellerie.

    Malheureusement pour elle, son sort dépend du prince-évêque catholique de Mespelbrunn, contre-réformateur bien décidé à débarrasser la région des hérétiques idées luthériennes, fût-ce par le biais de la persécution et au moyen d’une chasse aux sorcières qui, dans tout l’évêché de Wurtzbourg, va causer la mort de neuf cents personnes. Désormais entre les mains d’un examinateur déterminé à la voir finir sur le bûcher pour le bien-être de la ville et du diocèse, Anna ne comprend pas encore qu’elle a beau être innocente et ne pas cesser de le clamer malgré l’atrocité des tortures qu’on lui inflige, il n’existe plus pour elle que deux alternatives : être brûlée vive ou déjà morte, selon qu’elle persiste à nier ou qu’elle se résolve à des aveux.

    Relaté avec force détails éprouvants, le supplice d’Anna, en l’occurrence fille de charpentier, n’est pas sans évoquer la passion du Christ : lui, convaincu jusqu’au bout que Dieu ne l’abandonnera pas ; elle, longtemps confiante en la force de son innocence et de la vérité. Si la jalousie et la peur ont motivé la calomnie et la délation à l’encontre de la jeune femme, sa condamnation est le fruit de convictions fanatiques, qui, au nom de la religion et du Bien, mènent au pire des hommes follement persuadés de détenir la vérité. A ce radicalisme aveugle répond l’inflexible résistance d’Anna, qui ne sauvera certes pas sa vie, mais saura, en un très ironique dénouement, prendre le Mal à son propre piège. A user de la violence et de l’arbitraire, ne s’expose-t-on pas toujours à un retour de feu ?

    Animé par le ressac de longues phrases sans fin, où les paragraphes s’enchaînent comme autant de vagues signalées chacune par un retrait, le texte s’épand comme un irrépressible raz-de-marée, emportant personnages et lecteur au bout d’une folie absurde et destructrice touchant à l’insupportable. Cette cohérence parfaitement étudiée entre la forme et le fond parachève la puissance de cette dénonciation des fanatismes, extrémismes et radicalismes de tout poil, en particulier religieux et politiques, pour en faire simultanément une œuvre littéraire dont il n’est pas étonnant qu’elle ait valu à son auteur le prestigieux prix Mauricio Achar.

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  • Eisingen, en Allemagne. Anna est belle, Anna est rousse, Anna est libre. Anna est une « étrangère » de Walldürn. Anna est aimée par Klaus, son mari. Anna est désirée par les autres hommes du village …

    Quand Gerda a surpris le regard de convoitise de son époux sur : « l’étrangère aux yeux de...
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    Eisingen, en Allemagne. Anna est belle, Anna est rousse, Anna est libre. Anna est une « étrangère » de Walldürn. Anna est aimée par Klaus, son mari. Anna est désirée par les autres hommes du village …

    Quand Gerda a surpris le regard de convoitise de son époux sur : « l’étrangère aux yeux de miel comme ceux d’un loup, à la peau saupoudrée de tâches de rousseur comme un serpent venimeux », elle n’a pas hésité un seul instant – dévorée par la jalousie – à parcourir à pied les sept milles jusqu’à Wurtzbourg, afin de faire son devoir en dénonçant ce suppôt de Satan …

    Alors ils viendront chercher Anna, sans qu’aucun habitant ne la défende. Et son calvaire ne fera que commencer. La détresse de Klaus à son retour des champs (quand il découvrira sa disparition) n’aura d’égale que les supplices subis par sa bienaimée … Ni sa forte volonté, ni l’appui du curé du village (Friedrich) n’y pourront rien changer : la machine à broyer est en route …

    Ce n’est pas tant ce violent récit de « chasse aux sorcières » qui nous bouleverse (hélas ! ce ne fut qu’une longue et atroce série d’arrestations totalement arbitraires, aux cours des XVIe et XVIIe siècles …) Mais la façon magique dont Eduardo Sangarcia le met en scène ! C’est poétique, vibrant mais aussi terriblement barbare ! C’est magnifiquement écrit et la mise en page est superbement atypique ! C’est sidérant de cruauté mais c’est également empreint d’amour et de courage …

    Ça ne pouvait bien sûr que mal finir … Personne ne sortait jamais indemne de ce type d’inquisition … Personne n’oubliera – non plus – Anna Thalberg, après la lecture de ce petit bijou littéraire que nous offre ce brillant auteur mexicain !

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  • Et les femmes libres de brûlées et les humains de dénoncer par paresse par convoitise il faut un bouc émissaire, les procès qui n’en sont que dans le mot par la torture tu avoueras dit le maître monde.
    Une fois en tour rien n’échappe sauf en fumée la défense n’existe pas pour la désignée...
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    Et les femmes libres de brûlées et les humains de dénoncer par paresse par convoitise il faut un bouc émissaire, les procès qui n’en sont que dans le mot par la torture tu avoueras dit le maître monde.
    Une fois en tour rien n’échappe sauf en fumée la défense n’existe pas pour la désignée coupable.
    La tour de garde aux sorcières d’un éclat rit muselée et brûle sous les fantasmes des hommes d’églises qui rappelle que " la femme comme la chienne doit se taire".
    Et le tribunal de condamner à mort celui qui la provoque comme un film en boucle qui de la main de l’un éteint l’autre. La menace jamais vaine se doit d’être murmurée. La fuite n’étant pas une option, la fumée pestilentielle au ciel offerte. Le rapt fou relieur de langues rouges, coupable sonne le fer.
    Des instruments à la question ordonnent confession et le reste suit comme scellé par un destin au-delà la naissance. Les femmes coupables.
    Et la religion de s’adapter à celui qui prie en son nom de ravager les vies.
    Les rêves accusent la sorcière entêtée de vivre encore.
    Il faut avouer se repentir et payer pour le supplice.
    Le sort scellé dès la bouche prononcée des psychopathes à la sainte indignation démembrent et d’autres ordonnent et de brûler brûler brûler comme inéluctable fin dès l’arrestation et d’ajouter les femmes en paquet comme inévitable complices.
    La beauté la vieillesse le célibat l’insoumission autant d’étiquettes sous grand examinateur.
    L’autour ravagée et la missionnée jalouse de jubiler jusqu’à sa condamnation, elle aussi parce qu’aucunes femmes n’échappent à son sexe.

    Des ponts entre les hommes et leurs atrocités sans rationalité. Les signes cherchent trouvent toujours preneur à dénoncer et si les malheurs des uns étaient l’apanage des autres. Trouver coupable diminue-t-il l’intensité du drame ? Pour survivre appuyer le vide et brûler les corps désignés hués par la foule, Anna, trop libre belle indépendante secrète.
    Anna, trop visible la face écrasée perd ses larmes au fond d’un cachot.
    La forme étonnante hybride sans statut mêle en tourbillon l’absence de sillons que subit l’accusée. Coupable dit !
    Anna que l’on veut faire payer de la misère des jours. Et la tête dans le sac et la botte étouffe et la peur saisit.
    La narration s’associe aux monologues l’auteur instinct mêlé ordonne la puissance des sens qui se déploie devant. Les superstitions ou la vengeance la victime toujours prise en étau au fond des caniveaux et le pillage de continuer pour les penseurs bien nés. Anna n’avait aucune chance d’y réchapper.

    Et des hommes se saisissent et transcendent et des auteurs avec leurs mots cognent juste comme une bascule face réalité. La rage mexicaine prêtée à la Bavière, retour au XVII -ème siècle et des ponts entre les mortes.

    Au Mexique les femmes pleurent leurs doubles disparus en masse incomptable inracontable cette impunité face violence, face femmes sous charnier. Le premier génicide, la chasse aux sorcières, le parallèle pique fort va loin pour prendre racine dans l’ici et maintenant.
    Les carences de l’impunité ont laissé des siècles les femmes brûlées vives.
    Et de recommander une justice pour comprendre ce qui se joue encore dans les mains de ceux qui étouffent torturent violent sans regards sans pourquoi parce qu’ils peuvent parce qu’ils ont appris.

    Nous sommes en Allemagne, au Mexique et partout ailleurs là où les femmes accusées de ce qui déchire la terre sont proclamées coupables et corrigées, chair à vif.

    Pour poursuivre pour qui veut : l’immense Féminicides_Une histoire mondiale dirigée par Christelle Taraud

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  • Anna Thalberg est une paysanne. Pauvre, rousse, étrangère au village de son mari. Belle. C’est un crime pour une femme jalouse. Celle-ci s’en va donc la dénoncer pour sorcellerie.

    D’autres témoins l’accuseront aussi d’une sécheresse, d’une fausse couche, de pensées concupiscentes.

    C’est...
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    Anna Thalberg est une paysanne. Pauvre, rousse, étrangère au village de son mari. Belle. C’est un crime pour une femme jalouse. Celle-ci s’en va donc la dénoncer pour sorcellerie.

    D’autres témoins l’accuseront aussi d’une sécheresse, d’une fausse couche, de pensées concupiscentes.

    C’est la torture qui attend Anna. La haine des hommes.

    Son mari, Klaus, et le curé de son village, Friedrich, tenteront de la sauver.

    Ce roman m’a laissée une impression mitigée. J’ai été séduite par le thème de cette histoire, les massacres de femmes, sous prétexte de chasse aux sorcières, qui eut lieu à Wurtzbourg, au XVI et XVIIème siècle.

    L’inéluctabilité du destin de ces femmes broyées par la superstition. La force d’Anna Thalberg face aux accusations.

    Mais j’ai été très, trop, décontenancée par le style. La quatrième de couverture évoque un souffle mêlant les paroles des victimes et des bourreaux. C’est un parti pris qui, pour beaucoup, sera le point fort de ce livre.

    Pour ma part, ce procédé m’a clairement mis à l’écart de ce récit.

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  • C'est une histoire, une vie parmi des milliers d'autres. L'histoire de la folie des hommes, de l'injustice, de la haine et de la stigmatisation. Une histoire de jalousie, de volonté de soumettre, de pouvoir absolu du fort sur celui ou celle qui ne peut se défendre. Un pouvoir au nom duquel on...
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    C'est une histoire, une vie parmi des milliers d'autres. L'histoire de la folie des hommes, de l'injustice, de la haine et de la stigmatisation. Une histoire de jalousie, de volonté de soumettre, de pouvoir absolu du fort sur celui ou celle qui ne peut se défendre. Un pouvoir au nom duquel on décrète, on torture, on condamne et on exécute ; un pouvoir que l'on qualifie de divin pour mieux justifier violence et sadisme, camoufler sa lâcheté. C'est une histoire universelle.

    L'histoire d'Anna Thalberg se déploie ici avec une force sidérante, par une mise en scène bluffante, terrifiante. Au 16ème siècle, en Allemagne, la jeune femme est brutalement enlevée par des hommes qui font irruption dans sa modeste masure et la jettent dans une cellule de la prison de Wurtzburg. Accusée de sorcellerie, elle est promise à la torture puis au bûcher tandis que dehors, son mari cherche en vain de l'aide. Les voisins se détournent - certains sont à l'origine des plaintes contre Anna, l'étrangère à la chevelure rousse et aux yeux d'ambre qui serait responsable de tous les maux - et seul le père Friedrich dont la foi vient récemment d'être mise à mal entreprend de se battre pour tenter de démontrer l'innocence d'Anna. Courageusement, celle-ci fait face à ses bourreaux, bravant la toute-puissance d'un pouvoir qui utilise la terreur pour durer.

    L'auteur orchestre ici un face à face terrible servi par un superbe travail sur la forme qui permet de passer d'un esprit à l'autre à l'intérieur de cette cellule où se déploie une scène mille fois jouée. A travers l'histoire d'Anna inspirée de véritables faits historiques, il nous offre un condensé de l'histoire du mal, un questionnement sur l'empire du religieux instrumentalisé par la soif de puissance. Il trouve surtout un extraordinaire écho par-delà les époques où résonnent la peur de l'autre et la stigmatisation qui conduisent aux plus abominables crimes. Cette sensation d'effroi perdure longtemps après la lecture, parce que chacun sait bien que dans le fond la chasse aux sorcières n'a jamais disparu.

    (chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)

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  • Un talisman littéraire !
    Un livre absolu, bouleversant et indispensable. Tout est dans les mots et les actes, le virtuose hommage pour la belle Anna Thalberg.
    Ce livre choc, poignant, malgré ses rives brumeuses et implacables est inoubliable. Un chef-d’œuvre terriblement humain.
    « Ils...
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    Un talisman littéraire !
    Un livre absolu, bouleversant et indispensable. Tout est dans les mots et les actes, le virtuose hommage pour la belle Anna Thalberg.
    Ce livre choc, poignant, malgré ses rives brumeuses et implacables est inoubliable. Un chef-d’œuvre terriblement humain.
    « Ils entrèrent et l’enchaînèrent, sans un mot, sans une explication. »
    « Où m’emmenez-vous, qui êtes-vous, qu’est-ce que cela veut dire ? »
    Anna Thalbert est une jeune femme mariée avec Klaus. Nous sommes en Allemagne entre le XVIe et le XVIIe. Wurtzbourg lève son voile noir. L’ère machiavélique, les superstitions, les pouvoirs d’une religiosité malsaine et risquée, étaient de mise sans issue possible. Eduardo Sangarcia, surdoué, en génie stylistique écrit en transmutation. Quitte notre contemporanéité et emmène son auditoire dans un drame emblématique.
    Anna Thalberg, bouc-émissaire, femme rousse, belle et discrète, est accusée à tort par sa voisine jalouse, de sorcellerie.
    Apprendre à toujours se méfier. Anna l’étrangère du village, filature et envie, elle est la carte à abattre. Il n’en faudra pas plus pour que la cabale soit lancée. Femme pure, effacée, la rousse, l’incomprise. « La rousse, l’étrangère aux yeux de miel comme ceux d’un loup, à la peau saupoudrée de rousseur comme un serpent venimeux. »
    Femme enchaînée dans la prison, torturée, son innocence, une goutte de sang sur ses lèvres silencieuses et résistantes.
    Klaus, éperdu cherche sa femme. Frappe aux portes closes, comprend et refuse l’innommable.
    Le récit est une litanie. Une polyphonie dévorante, triste et implacable. Anna qui affronte Melchior Vogel, le bourreau qui attend la parole d’une sacrifiée. Elle se tait. Refuse ses accusations, elle qui se confondait dans un mimétisme exemplaire avec les hôtes d’Eisingen, son village.
    « Tu n’es personne pour affirmer que tu n’as pas pêché. »
    « Je serai de nouveau dans cette cellule suffocante et sombre, plus jamais je ne pourrai dormir sans crainte, plus jamais je ne voudrai rêver. »
    Le père Friedrich essaie de rendre raison à Melchior Vogel. Lui, qui sait combien Anna est intègre, pieuse, et dévouée dans une mystique qui n’a de bonté que le regard d’amour sur Klaus.
    Le visage du diable est la prison de Wurtzbourg. Anna, recroquevillée , qui ne croit plus à la raison et qui pressent l’abandon même de Dieu. Elle qui brûlera sur le bûcher, flammes qui se retournent et refusent l’agonie d’une perle de cristal, d’une femme criante de sincérité et de justice. Hahn, le confesseur, l’équité, le vivant laïc qui fera en sorte que les accusateurs d’Anna soient jugés et punis.
    La trame est merveilleuse, réalisée et fidèle aux dires, à ce qui fût. Anna plus qu’un symbole, une sorcière aux yeux des démons. Et pourtant, l’innocence est sa chevelure, sa droiture, l’exemplarité. Anna bercée par le regard du moine, l’homme bon et véritable, « qui porte à ses lèvres une cuillère de bouillon, et du fond de ses yeux étonnamment bleus la regardera avec compassion, le premier regard de compassion que quelqu’un porte sur elle depuis qu’on la enlevée chez elle il y a mille ans. »
    Ce roman a une puissance évocatrice impressionnante. Nous sommes en plongée entre les lâchetés des hommes, les jalousies intestines, les méprises, les croyances aveugles et néfastes. Il y a dans le cœur même de ce récit, tout le bien et le mal de l’humanité. Les pires horreurs comme les plus belles attitudes. Les magnanimités et les machiavéliques postures. C’est un texte sublime, mémoriel, crépusculaire et vertigineux. Entre l’ombre et la lumière, la prose envoûtante d’Eduardo Sangarcia, éminente et douce.
    Ce livre est un cri dans la nuit noire. Une urgence de lecture. Un livre-témoignage, des entrelacs historiques. Anna au centre, qu’on aime de toutes nos forces. « Anna Thalberg » est un premier roman qui dépasse largement ses grands frères. Il est lauréat du prestigieux prix Mauricio-Achar. Traduit à la perfection de l’espagnol (Mexique) par Marianne Millon. « Anna Thalberg » sera vite sur le podium des livres remarquables et remarqués de cette rentrée littéraire hivernale de janvier. Publié par les majeures éditions La Peuplade qui prouvent une nouvelle fois l’envergure d’une ligne éditoriale hors pair.

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