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Un Premier ministre qui reçoit le chef des armées américaines en veste d'appartement et pantoufles armoriées, une fille de bonne famille qui s'étiole d'un amour impossible pour un proche de de Gaulle quand sa soeur se suicide avec un revolver offert par Hitler, des espions recrutés par l'URSS parmi la jeunesse décadente de Cambridge... Est-ce là un monde de fous ? Non, l'Angleterre de la première moitié du xxe siècle.
L'excentricité - cette capacité à développer des comportements originaux au sein d'une société conformiste - participe depuis toujours à l'identité britannique. Mais au xxe siècle, l'influence des excentriques dépasse largement la mondanité : Churchill, Virginia Woolf, Keynes et le Bloomsbury font rayonner l'Angleterre, un pur esthète comme Philip Sassoon crée la RAF, les Glamour Boys, jeunes députés conservateurs homosexuels, soutiennent Churchill - contre leur parti - dans son combat contre Hitler, parfois au prix de leur vie. Pendant une cinquantaine d'années, les excentriques, grâce à un entre-soi fécond, apportent ainsi un souffle nouveau à leur nation. Derniers feux de la suprématie de l'aristocratie britannique en même temps que de l'Empire, ils constituent le chant du cygne d'un pays original, qui, à l'aube de son déclin, affiche ce qu'il a de plus singulier.
Paradoxe bien connu pour qui a un peu côtoyé les anglais, leur capacité à être extrêmement rigides avec leurs règles et leurs règlements, leurs lois et leurs applications strictes et l'inverse total, la liberté pleine et entière laissée à chacun de vivre comme il l'entend, de s'habiller comme il veut, sans être gêné par le regard d'autrui ou les réflexions que cela peut engendrer.
Si la période actuelle s'y prête facilement, les photos prouvant que c'était déjà le cas il y a un siècle viennent renforcer ce ressenti.
Pendant plus d'un siècle, de 1780 à 1930 environ, des groupes mixtes de la haute société britannique, politiques, artistes, esthètes s'en sont donné à cœur joie pour remuer les bases de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie, allant jusqu'à vivre dans l’équivalent des phalanstères, hommes et femmes réunis, vivant ensemble en couples échangés, homo, lesbiens, mariés ou non mais tous d'accord sur une grande liberté de ton, de mœurs, sans équivalent à cette époque ;
Certains sont très connus, d'autres moins de bon nombre d'entre nous, mais leurs noms résonnent encore de nos jours.
Personne n'a oublié Virginia Woolf et sa sœur Vanessa Bell, les hommes les entourant, tous formant une élite intellectuelle et politique extraordinaire .
J'ai beaucoup apprécié ce livre qui, après une introduction un peu lourde et longue, nous fait rencontrer plusieurs de ces groupes : les Sitwell, les sœurs Mitford, les espions britanniques à la solde de l'URSS et tant d'autres que je vous laisserai découvrir, tel Cecil Beaton et ses congénères.
Cette mixité de genres m'a fait piquer quelques fous rires bien que le style de Monsieur Coudert soit des plus sérieux et argumenté : imaginer la vie de ces gens là, amants un jour, amants toujours ou à jamais, mariés mais en trouple, pour parler comme maintenant, vous fait voir la vie autrement !
Un petit bémol cependant, il faut déjà avoir une certaine connaissance du monde britannique et des noms à particule de ces pays pour entrer dans le livre des « anglais excentriques » .
je remercie Babelio et la masse critique pour ce retour vers mes chères études d’anglais !!
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