"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quelque chose de moi est resté à Sarajevo.
Qu'il évoque le séjour d'un adolescent en Afrique ou qu'il relate un troublant voyage initiatique dans une ville fantôme de l'ex-Yougoslavie ; qu'il narre les difficiles débuts dans la vie d'un jeune adulte en terre étrangère ou qu'il fasse un retour sur l'expérience traumatisante de la violence, le narrateur de L'Amour et autres obstacles ressemble à s'y méprendre à l'auteur Aleksandar Hemon. Jeune homme né en Yougoslavie et ayant immigré aux États-Unis, il témoigne comme lui de la même culpabilité d'avoir été absent pendant la guerre de Bosnie et du même écartèlement entre son pays d'origine et son pays d'adoption.
Ce recueil de nouvelles, en grande partie autobiographique, retrace cependant bien plus que le parcours d'un migrant et porte le sceau unique de l'auteur du Projet Lazarus. Car les histoires que raconte Hemon ne s'ancrent pas dans la réalité ; elles ne se passent pas ici et maintenant mais dans un ailleurs et un passé plus ou moins hors de portée. On pénètre dans des chambres occupées par erreur, on escorte des personnages qui vivent leur vie par procuration, on se promène dans des rues que la pluie et les jeux de lumière transforment en décors expressionnistes, on repère ici un livre, là une symphonie de Beethoven, semés comme autant de petits cailloux qui, dans une autre nouvelle, réapparaîtront pour briller d'un éclat différent.
Comment expliquer le succès à la fois public et critique de Amour et obstacles couvert, comme les précédents textes d'Hemon, de louanges unanimes ? Cette alchimie miraculeuse résulte sans doute du questionnement incessant d'événements fondateurs pour l'auteur : le déchirement né de la guerre et l'avènement à l'écriture. Livre après livre, Hemon creuse le sillon d'une oeuvre qui semble fécondée par les lourds nuages noirs de la guerre de Yougoslavie. Il a certes quitté son sol natal, mais en emportant avec lui un peu de cette terre que ses mots se chargent de réensemencer. Observateur à l'humour noir teinté de nostalgie, poète à la sensibilité exacerbée, Hemon nous offre des nouvelles qu'un lien mystérieux semble unir et dont le sens caché - comme celui du monde - se dérobe en permanence.
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