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Camus l'Algérois, donc. L'enfant pauvre des faubourgs qui séduit, conquiert, fait des petits métiers, du théâtre, de la politique, du journalisme, agite le secteur, règne sur une jeunesse, organise son oeuvre comme un général d'empire, monte à Paris et se place au premier rang. Il ne lui faut pas cinq ans pour publier L'Étranger et Le Mythe de Sisyphe, faire jouer Le Malentendu et Caligula, animer le prestigieux Combat, diriger la collection «Espoir» chez Gallimard... Peu d'écrivains ont pris autant de coups. «J'ai toujours eu l'impression d'être en haute mer : menacé au coeur d'un bonheur royal.» Nul camp où se retrancher : «Je suis né dans une famille, la gauche, où je mourrai, mais dont il m'est difficile de ne pas voir la déchéance.» Il se range alors dans le camp des «artistes incertains de l'être mais sûrs de ne pas être autre chose», Molière, Tolstoï, Nietzsche et Melville. À force de lectures, son oeuvre s'est chargée des concrétions de l'interprétation. Et si L'Étranger n'était qu'un beau roman, Nocesun poème, dans le présent desquels il faut tout humblement s'installer pour leur rendre l'éclat des origines ? «Un arbre devrait redevenir un arbre, dit Paul Celan, et sa branche, à laquelle au cours de cent guerres on avait pendu les révoltés, une branche en fleur quand viendrait le printemps.» Voici Camus rendu à ses saisons.
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