"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Un morceau de Donna Summer l'électrise et le sort de sa rêverie. En bas, au fond de la scène, derrière les décors, il aperçoit Fabrice qui traverse la piste. Il se souvient de leur rencontre, quatre ans plus tôt, une nuit de réveillon, au Sept, un club chic et gay de la rue Sainte-Anne, ouvert par Fabrice en 68. Il avait fait l'effort de se raser et de se laver les cheveux, de passer une veste de smoking croisée blanche, très propre, sur un pantalon en cuir noir à peu près net - même s'il gardait au niveau de l'entrejambe le souvenir acide du vomi du bassiste d'un groupe punk gallois aimé une nuit au Gibus -, un oeillet rouge à la boutonnière, une chemise noire repassée et un noeud papillon blanc immaculé.» Adolescent, Alain Pacadis se passionnait pour les batailles napoléoniennes. Comment ce timide fils d'immigrés, vivant seul avec sa mère rue de Charonne, est-il devenu l'icône glam-punk qui signait les chroniques gonzo de Libé depuis 1975 ? Comment le jeune Alain, peu après sa première manif en 68, a-t-il franchi les portes du Palace et des Bains Douches, escorté par une joyeuse bande de freaks ? Davantage que le journaliste, c'est un personnage de roman que nous révèle Charles Salles, soulevant pour nous ce rideau de paillettes et d'extravagance.
Alain Pacadis, c’est un nom qui me rappelle les articles de Patrick Eudeline (que l’on croise d’ailleurs dans ce livre) que je lisais dans Rock’n’Folk quand j’étais gamine.
Charles Salles retrace dans « Alain Pacadis Face B » la vie de l’écrivain-journaliste, rendu célèbre par ses chroniques hédonistes dans Libération. A l’ordre du jour (ou plutôt de la nuit: sexe (homosexuel), drogues, et rock’n’roll… si possible, au Palace ou autre boîte de nuit de premier plan.
Né en 1949, Pacadis est un pur produit parisien sis rue de Charonne, pourtant issu de l’union improbable d’un Grec ayant échappé au massacre de Smyrne en 1922 et d’une Juive rescapée de la Shoah.
Les années 70 sont celles des soirées dans des lieux huppés, des voyages exotiques, de la drogue festive, des histoires d’amour, des succès littéraires, des amitiés (notamment avec Nico du Velvet Underground)
Les années 80 seront une lente descente aux enfers : déchéance physique, décès par dizaines, apparition du Sida… jusqu’à sa propre mort, à l’âge de 37 ans, dans des circonstances glauques et mystérieuses.
L’écriture de Charles Salles retranscrit parfaitement la vie noctambule, l’avènement du punk, les soirées moites et un peu folles, et la noirceur (Shoah, suicide, maladie, solitude) qui transparaît derrière le champagne et les paillettes.
Dommage que la carrière littéraire d’Alain Pacadis ne soit finalement abordée qu’en pointillés, mais ce n’est pas forcément le cœur du sujet, plutôt l’envers du décor (comme la Face B du titre), d’un homme comme d’une époque.
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