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Écologie : la démocratie a échoué, l'heure de la dictature est venue. Face à l'incapacité des démocraties à empêcher la planète de courir à sa perte, nous assistons au premier « coup d'État » écologique. Deux siècles et demi après la Révolution, une lame de fond emporte une digue prétendument indestructible en France, celle du libéralisme républicain. La survie de l'espèce humaine et de la nature l'a emporté sur la liberté. Mieux vaut vivre en dictature que d'assister au suicide collectif de l'espèce humaine, en démocratie.
Implacable. La quête du low emission est le nouveau Graal. « Less is more », un cri de ralliement sur les tee-shirts d'une jeunesse exaltée, comme un miroir à l'absurde « toujours plus » de ses aînés.
Dans ce nouvel ordre vert, l'organisation sociale s'est inversée. Plus notre trace écologique est faible, plus nous sommes hauts dans la société. Comme une voiture ou une machine à laver, chacun écope d'un « bonus ou malus écologique » calculé par les logiciels de la cellule AIR (Artificial Intelligence Research). La Police écologique se charge de traquer les réfractaires. Dans ce nouvel ordre vert, certains se révèlent lâches, d'autres s'arment de courage, certains sombrent dans le regret d'un monde perdu, d'autres se mettent en quête du nouveau, ou tout simplement s'adaptent, faculté remarquable de l'espèce humaine.
Pour avoir enfreint les règles strictes de ce nouveau monde, Samuel Bourget, cadre sans envergure, trahi par son épouse, père dépassé d'une ado trop gâtée et d'un fils de huit ans passionné de science et d'écologie, se voit contraint de prendre le maquis, direction l'Aveyron. Mais pour échapper aux sbires de la Police écologique et préserver sa famille, il devra se montrer aussi pugnace qu'inventif.
"Ecologie : la démocratie a échoué, l'heure de la dictature est venue". Ce sous-titre a attiré mon attention et la quatrième de couverture a achevé de me convaincre. A l'heure où l'écologie est devenue LE sujet incontournable, la petite voix discordante et provocatrice de AIR a titillé ma petite graine de révolte.
Quelque part dans le futur (un futur proche?), les citoyens, effrayés par la lente mais inexorable dégradation de la planète malgré les déclarations d'intentions des gouvernants, se sont laissés séduire par le discours écologiste d'une femme qu'ils ont élue Présidente de la République, devant la candidate de l'extrême-droite. Son programme était certes un peu extrême aussi et effrayant pour certains, mais pour sauver la planète il faut ce qu'il faut et de toute façon, les politiques ne tiennent jamais leur promesse... sauf cette fois. C'est ainsi qu'une dictature verte va se mettre en place. Police écologique, procès pour génocide écologique, état d'urgence écologique, service civique vert voient le jour. Il est désormais interdit de rouler en SUV, avoir un animal entraîne un malus écologique, divorcer est interdit car ça double tout l'électroménger (!) et on peut vous contraindre à suivre un stage d'éveil à l'écologie. Chacun est fiché par la cellule AIR (Artificial Intelligence Research) en fonction de son empreinte carbone, et récompensé ou puni en fonction. Et mieux vaut ne pas être sur la liste noire, la liste Carbone.
Samuel BOURGET, né l'année ou l'homme a posé le pied sur la Lune, un homme de l'époque où on pouvait polluer sans compter, figure sur cette liste pour avoir travaillé dans une entreprise souçonnée d'avoir truqué des certificats environnementaux. Sur le point d'être laminé par la vindicte populaire, il prend la fuite avec sa famille direction l'AUBRAC. L'occasion de se reconnecter à la nature puisqu'ils n'auront pas d'autre choix, et de prendre conscience de l'importance de la protéger. Sans téléphone, on redécouvre l'interaction avec autrui sans l'intermédiaire d'un écran, l'introspection, la lecture... (combien de fois me suis-je dit que je pourrais lire davantage si je ne perdais pas mon temps sur Facebook!).
AIR est un roman qui interroge - sans culpabiliser - sur les habitudes que nous avons adoptées à une époque où l'impact écologique ne préoccupait personne, et sur la difficulté à en changer. A l'heure où l'urgence écologique ne peut plus être ignorée, il reste difficile de renoncer à nos comportements polluants, souvant sources de confort, pratiques, rapides... Même si l'on constate à quel point il peut être salvateur de renoncer un peu à la technologie, de se déconnecter pour réellement déconnecter, nos bonnes intentions ne durent souvent qu'un temps et on retombre dans nos travers, emportés par le flux et les obligations du quotidien. Pour preuve, le quizz du parfait petit écolo à la fin du roman, dont je ne suis pas fière...
Le roman pose donc clairement la question : faudra-t-il en arriver là, faudra-t-il une dictature de l'écologie - imposer l'écologie par la force - pour qu'enfin les choses bougent?
AIR démontre aussi que leurs meilleurs intentions peuvent être dévoyées quand elles sont utilisées par des extrémistes. AIR est "le récit vécu des premiers jours d'une dictature écologique, instaurée pour le bien de plus grand nombre. Mais n'est-ce pas ainsi que se justifient tous les régimes totalitaires?"
Il faut trouver le juste milieu entre la sauvegarde de la planète et certaines technologies indispensables, celles qui permettent de sauver des vies par exemple. Mesure et pédagogie seront indispensables pour convaincre et recueillir l'adhésion, beaucoup plus efficace que la contrainte et la culpabilisation.
http://cousineslectures.canalblog.com/archives/2019/09/20/37650430.html
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