"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le 25 juillet 1945, sur l'esplanade du Trocadéro étaient célébrées les obsèques nationales de Paul Valéry. Deux projecteurs placés au pied de la tour Eiffel dessinaient un gigantesque V dans le ciel, unissant dans un même hommage l'initiale du nom de l'écrivain et la victoire sur l'Allemagne nazie. C'est De Gaulle lui-même qui avait ordonné ces obsèques nationales : les dernières avaient eu lieu en 1885 pour Victor Hugo, qui était aussi homme politique.
« Valéry, soulignait Georges Duhamel dans son discours prononcé ce soir-là au nom de l'Académie française, n'a cessé de nous rendre sensibles les prestiges de l'intelligence souveraine, pour l'honneur et pour le salut de nos sociétés en péril. » Nos sociétés sont aujourd'hui tout autant en péril et nous avons plus que jamais besoin de l'héritage que nous a laissé Valéry.
Mais qui lit encore l'oeuvre immense de Valéry : essais, dialogues, aphorismes, poèmes, lettres. Sans compter les 28000 pages de ses extraordinaires Cahiers...
« L'humanité, écrivait-il, s'en tirera comme elle pourra. L'inhumanité a peut-être un bel avenir... » L'inhumanité étend de jour en jour son emprise sur nos vies et Valéry mieux que quiconque peut nous aider à y résister. « La plus grande liberté, écrit-il, naît de la plus grande rigueur. » En notre temps où la vérité semble devenir indémêlable du mensonge, la leçon de Valéry nous est essentielle : « J'ai ressenti et entretenu, note-t-il, à partir de 1892 une haine et un mépris pour les Choses Vagues, et leur ai fait une guerre impitoyable en moi durant toute ma vie. » Estil plus belle, plus simple leçon de liberté ?
Un florilège de citations (443) de Valéry précédé d’une intro et suivi d’une courte bio de Valéry
Il y a un peu de tout dans ce choix, qui confirme qu’il vaut souvent mieux lire dans le contexte et / ou dans l’organisation de la fragmentation voulue par l’auteur.
Mais la richesse de l’esprit de Valéry permet de trouver toujours des pensées, remarques et « autres dits » ; alors florilège (un écrémage partiel de ce qui est déjà une sélection de Leclair) :
« Je crois m'être toujours bien jugé. Je me suis rarement perdu de vue ; je me suis détesté, je me suis adoré, - puis, nous avons vieilli ensemble. » - 19 p 40
« Ce qu'il y a de plus beau ne figure pas dans l'éternel ! » 56 p 52
« Si on me m'aime tel que je suis, on aime un autre que moi. » 63 p 53
« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » 74 p 58
« Plus on m'écrit, moins on pense. » 118 p 69
« Il n'y a au monde qu'une chose que je trouve sublime. C'est la matinée d'un homme qui pense, et qui se porte bien. » 123 p 70
« Il faut entrer en soi-même armé jusqu'aux dents. » 125 p 70
« Se connaître n'est que se prévoir ; se prévoir abouti à jouer un rôle. » 135 p 73
« L'amour, la haine, l'envie sont des lumières de l'esprit ; mais l'orgueil est la plus pure. »143 p75
« Je classe les livres selon le besoin de les relire qu'ils m'ont plus ou moins inspiré. » 156 p 78
« Nous entrons dans l'avenir à reculons. » 165 p 81
« Tout ce qui vaut dans la vie est essentiellement bref. » 180 p 85
« Un homme seul est toujours en mauvaise compagnie. » 186 p 86
« L'histoire et la science des choses qui ne se répètent pas. » 218 p 95
« L'inquiétude et la futilité se partagent nos jours. » 219 p 95
« La tradition et le progrès sont les deux grands ennemis du genre humain. 221 p 95
« Dieu créa l'homme, il ne le trouvant pas assez seul, il lui donne une compagne pour lui faire mieux sentir sa solitude. » 268 p 106
« La vie est à peine un peu plus vieille que la mort. » 269 p 107
« Les optimistes écrivent mal. » 298 p 114
« il y a … des fous qui ont la sagesse de parler d'eux-mêmes à la troisième personne ! Tous les autres sont dépossédés, habité par un esprit malin qui prétend s'appeler MOI. » 327 p 121
« Un chef est un homme qui a besoin des autres. » 338 p 124
« La politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. » 350 p 127
« Il n'est pas d’opinion, de thèse, de sentiment qui poussé à bout ou exécuté à fond ne conduise à la destruction de l'homme. » 367 p 132
« Le réel ne peut s'expliquer que par l'absurde. » 383 p 136
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