"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Suite au décès de son oncle Serge, Solène, une jeune ingénieure agronome rejoint sa mère dans une communauté bio, Agrotopia, qui développe la permaculture dans une vallée valaisanne. C'est alors qu'une catastrophe alimentaire mondiale due à des germes incontrôlables dans les semences OGM pousse les dirigeants de la communauté à boucler la vallée. Mais les autorités et la multinationale responsable de la catastrophe se lancent dans une course pour s'emparer de leur précieuse banque de semences traditionnelles alors que la famine progresse. La communauté arrivera-t-elle à survire et à porter secours à l'humanité ?
Lorsque j’ai entendu à la radio, il y a quelques jours, un céréalier dire que la chaleur actuelle serait à l’origine d’une baisse de 60 % de ses récoltes, j’ai tout de suite pensé à "Agrotopia" le roman d’Olivier May que je lisais. Un roman certes, un roman d’anticipation, d’accord, mais anticipation à quel terme ?
Dans ce récit il n’est pas question de sécheresse mais les résultats ne risquent-ils pas d’être les mêmes ? Solène, jeune ingénieure agronome, effectue son stage avant master chez son oncle Serge qui pratique la culture intensive. "Elle veut d’abord bien connaître l’agriculture industrielle avant de pouvoir la critiquer de manière crédible. Cependant tout la porte vers le bio…" Alors, lorsque Serge décède d’un cancer, elle se tourne vers une communauté écolo des Alpes Valaisannes dans laquelle vit sa mère auprès de son compagnon Xavier. C’est à ce moment qu’une catastrophe alimentaire mondiale se produit : des germes incontrôlables ont envahi des semences OGM… Que faire ? Une course contre la montre s’engage de la part des autorités et de la multinationale responsable de la catastrophe pour faire main basse sur la banque de semences bien préservée dans la montagne par les membres d’Agrotopia.
Ce roman oppose deux manières radicales de penser l’agriculture : ceux qui prônent une écologie pure et dure et les multinationales qui recherchent le profit avant tout et n’hésitent pas à recourir à des produits avérés dangereux. L’auteur ne prend pas parti et présente au lecteur les côtés positifs et négatifs de chacune des forces en présence. Car, ne nous leurrons pas, personne n’est ni parfait, ni totalement vertueux.
J’ai trouvé ce roman particulièrement intéressant par les réflexions qu’il soulève et les craintes qu’il laisse planer s’agissant, me semble-t-il d’un avenir pas si éloigné que ça. Est-il possible de nourrir toute l’humanité avec la seule permaculture ? N’est-ce pas plutôt réservé à une élite ? Certes, si les questions sont posées les réponses ne sont pas données. "Agrotopia" n’est pas un documentaire, il ouvre seulement des portes. Et si je n’ai pas parlé de l’écriture, c’est tout simplement parce que là n’est pas l’important du récit. Je n’ai pas parlé, non plus, de l’histoire d’amour en fil conducteur. Elle n'est pas foncièrement importante, mais elle apporte un peu de douceur dans ce monde de brutes.
Et puis, j’ai aimé les quelques mots de vocabulaire romand découvert dans le texte : parchet, mazot, raccard…et la couverture très éloquente.
"Agrotopia", une fiction aujourd’hui, et si c’était une réalité demain ?
https://memo-emoi.fr
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !
Je le trouve intéressant et en même temps angoissant.
Ta chronique m'a fortement donné envie de découvrir ce livre, merci Geneviève !