Les incontournables d'une dame du roman noir
Au rouge des armes, Julien Sorel préfèrera le noir des ordres. Au cours de son ascension sociale, deux femmes se singularisent, comme pour figurer les deux penchants de son caractère : Madame de Rênal - le rêve, l'aspiration à un bonheur pur et simple - et Mathilde de La Mole - l'énergie, l'action brillante et fébrile. A ces composantes stendhaliennes (conception de la vie qui dépasse la stratégie narrative pour s'étendre à l'existence de l'auteur) correspondent deux facettes stylistiques : la sobriété et la restriction du champ de vision.
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Les incontournables d'une dame du roman noir
On les a tous lus , et on s’en souvient. Ou alors on ne les a pas lus, ces livres fondateurs de l’inconscient collectif des trentenaires et quarantenaires, mais ça nous dit quelque chose quand même.
classique ... Voilà un des livres que l'on donne aux élèves en France ;) ma question : mais qu'y a t'il à étudier dans ce livre ??? Quand nos enfants sauront qui entre madame de rênal et mademoiselle de la mole, notre héros julien aura choisi, ils seront bien avancé dans la vie !!! j'ai entendu plusieurs personnes me dire en bref l'histoire c'est un homme ambitieux qui se sert de son charme auprès des femmes pour arriver à s'élever .... mais sincèrement pour arriver à quoi ??? où est l'ambition de cet homme ??? Pour moi, il s'agit d'une simple romance des années 1800 ! rien de plus … La force de ce livre, la plume de l'auteur ??? Ben non :( aucune poésie, aucun charisme … Un langage soutenu certes, puisque d'époque mais rien de touchant pour moi ! grosse déception
Relire Stendhal est un plaisir renouvelé, et même si on est un peu déconcerté par endroits des invraisemblances du récit et des obstinations bizarres de Julien Sorel, on aime ce garçon sensible brimé par un père brutal et illettré, on le suit avec plaisir lorsqu'il écrit devant sa grotte, perché devant une plaine immense au coucher du soleil, on a pitié de ses souffrances au séminaire et on est charmé de sa naîveté et de ses maladresses chez les La Mole. On admire aussi ce portrait de la société au XIXè siècle, l'épisode de la note secrète et la foule de personnages au bal, l'art de la correspondance entretenu pour Mme de Fervaques, le désespoir fatal de Mme de Rênal. On sent trop la fabrication, mais il y a des passages empreints de sincérité, et le narrateur nous entraîne dans le clan des happy few… Un roman qui préfigure aussi bien le roman policier que le roman d'amour pour lectrices idéalistes.
Habituée des classiques, je n’avais encore jamais lu d’ouvrage de Stendhal mais j’y suis restée insensible. Le personnage de Julien Sorel est l’archétype du héros/anti-héros des romans d’apprentissage. C’est l’histoire d’une ascension sociale qui se fait sur le plan amoureux plus que par la finesse et l’intelligence et établit une similitude entre le destin d’Icard et celui de Julien Sorel. J’ai trouvé ce dernier antipathique de bout en bout et je n’ai pas apprécié, non plus, les personnages féminins qui l’entourent et qui semblent dotés de tout sauf de bon sens.
Cependant, la plume qui écrit reste l’une de celle qui a marqué la littérature française et mon avis ne vise pas à remettre cela en cause. J’ai apprécié le regard fin et critique que Stendhal porte sur la société de son temps : où la naissance et les classes sociales sont primordiales. Une lecture qu’il appartiendra à chacun de juger.
Deux couleurs pour une palette littéraire et sociale sans égal. Un classique réaliste du XIXe siècle à jamais gravé.
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Sous l’un de ses nombreux pseudonymes avec lesquels il aimait masquer sa plume, du nom d’une ville allemande où il avait résidé avec ce « H » rajouté pour accentuer sa germanisation, Henri BEYLE (1783-1842), alias STENDHAL, a publié, avec ce roman intitulé « Le Rouge et le Noir », sa Chronique du XIXe siècle ou Chronique de 1830 tel qu’il avait souhaité le sous-titrer lors de ses premières publications de la même date chez Levasseur malgré l’indication de 1831 pourtant affichée.
Très peu reconnu de son vivant sur l’ensemble de son œuvre mis à part la qualification d’ « extraordinaire » assignée à la lecture de « La Charteuse de Parme » par Honoré de Balzac dans un article paru en 1840, ce roman fait aujourd’hui partie des incontournables classiques de la littérature française tant étudiés et rarement décriés. Si ce n’est peut-être par Yann QUEFFÉLEC à l’occasion de l’émission télévisée « la Grande Librairie » du 27 mai 2016, qui a manifesté sa forte déception suite à la relecture de ce monument tant d’années après la première, en relevant les contradictions et le désenchantement ressentis, réaction décrite par les autres invités comme une forme de désamour stendhalien. Un tel débat sur une œuvre semblant aussi consensuelle est ainsi venu interroger ma propre analyse.
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Sous la plume de cet auteur fervent bonapartiste et donc en manifeste désarroi au lendemain de la Restauration, le narrateur sous l’identité de Julien Sorel, nous entraine sur son parcours initiatique divisé en deux parties.
La première plante le décor du contexte géographique, social et politique dans lequel évolue ce personnage alors qu’il n’a que dix-huit ans au début du roman.
Au cœur de la petite ville française de Verrières située en Franche-Comté, il est en effet le troisième fils d’un scieur du village qui contrairement à ses frères et son père, affirme rapidement sa préférence pour les études et fait preuve d’une grande curiosité intellectuelle, le « Mémorial de sainte Hélène » en tête, allant contre sa prédestination familiale programmée en faveur des travaux de force.
L’abbé Chélan, curé du séminaire et qui était au fait des incessantes moqueries et violences subies par Julien dans sa famille à ce sujet interviendra donc auprès du maire de ladite commune, Monsieur de Rênal, en vue de le faire intégrer à cette famille bourgeoise et provinciale en qualité de précepteur.
Pourtant pétri de timidité parfois naïve, ce jeune ambitieux imprégné de sa velléité à devenir un nouveau Napoléon tout en le cachant, n’aura de cesse de conquérir l’épouse du maire en question, Madame de Rênal, dès leur rencontre, tel un guerrier. Le glissement de leur relation vers des sentiments amoureux réciproques devenant difficiles à dissimuler, en parallèle de la rumeur cultivée par la femme de chambre jalouse en la personne d’Elisa, couplé à la fierté parfois disproportionnée du narrateur, le conduiront à prendre la route du grand séminaire de Besançon et à tourner les talons, au moins un temps.
Protégé ensuite par l’abbé Pirard de l’animosité du reste du groupe dont il partage le quotidien mais pas les idées, l’ouverture vers une place de secrétaire auprès du marquis de La Mole s’annonce alors être une nouvelle porte ouverte vers l’ascension sociale tant espérée. Son départ à Paris ne se fera pas sans manquer de perdre la vie lors d’un dernier rendez-vous avec Madame de Rênal devenue apparemment froide à sa passion, mais par le fait réellement de trop d’émotion.
La deuxième partie dévoile alors la vie de Julien Sorel évoluant dans le milieu respectable et respecté de l’aristocratie parisienne en la famille de La Mole, de laquelle il gagne progressivement tout le respect de par son esprit et également de par un duel gagné.
Tantôt impulsif, tantôt ombrageux, laissant penser à des origines familiales naturelles plus nobles que les siennes, il finit par attirer le désir puis l’admiration de la fille du marquis, Mathilde de La Mole avec laquelle il entretiendra une relation des plus partagées entre distance et attrait, au rythme de la lassitude du narrateur et de l’orgueil de sa prétendante.
Cependant et à l’annonce de sa grossesse, le père, la colère passée, le nommera lieutenant des hussards à Strasbourg, l’anoblissant un temps avant de découvrir l’immoralité dont Madame de Rênal l’accusait par courrier, en dénonçant la manipulation de Julien avide d’ambition et ayant instrumentalisé à ce titre la relation avec sa fille en vue d’un mariage par intérêt.
A l’annonce de cet état, Julien, de retour à Verrières, tentera à deux reprises de tuer son ancienne maîtresse en pleine messe et en repartira avec la conviction d’avoir réussi. S’ensuivra un temps d’emprisonnement qui se fera le ballet de visites et de luttes en faveur de son acquittement puis de l’appel du premier jugement de condamnation à mort, entre Mathilde de Mole et Madame de Rênal, chacune à leur façon et de leur côté. Malgré la passion qui renaît en faveur de cette dernière après avoir découvert l’échec de son geste, il se résignera à mourir et le sort de son corps, plus précisément de sa tête, comme un symbole, donnera suite à la description d’une scène exceptionnelle à l’initiative de Mathilde de La Mole qui la conservera jusqu’à l’enterrer dans une grotte à l’image de l’amante d’un de ses ancêtres auquel elle vouait une admiration profonde. Leur enfant survivra mais sans lui et sans l’aide de Madame de Rênal qui mourra trois jours plus tard.
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L’accès à ce monument relève moins d’une consigne scolaire que d’une transmission maternelle l’été de mes seize ans, de celles qui ont le parfum de vieux biscuit des livres anciens, la couverture cornée, la tranche encore colorée d’un rouge passé et une pâquerette séchée en guise de marque-page.
Novice sur le sujet de la littérature classique mais ouverte sur le thème de l’art, à la lecture du titre, mon imagination me mit alors sur la piste de l’évocation d’un peintre qui serait doté d’une palette comportant seulement deux couleurs étanches au mélange et à la composition.
Or, il ne fut rien de cette analyse que j’imaginais manichéenne opposant l’armée au clergé, l’aristocratie aux paysans, la famille à l’ascension sociale, l’amour à l’ambition. Et encore aujourd’hui, je ne ressens pas la polarité du titre annoncée comme autant de clivages impossibles à nuancer et si hermétiques, ni les strictes oppositions des analyses y étant associées. Non pas que ces clivages ne soient pas fondateurs et guides de la lecture bien au contraire, mais c’est d’amour et d’orgueil que Julien les a souvent confondus, mélangés, dosés et mis en lien jusqu’à en tomber.
Car certes il était question de tout mais pas de façon aussi tranchée : un peu de noir, beaucoup de rouge ou inversement, la nuance apportée par la narration introspective du personnage principal permet d’emprunter le chemin du réalisme et de mélanger tous ces thèmes à l’envi. On pouvait donc aimer et en même temps souhaiter s’élever socialement sans que l’un n’exclue l’autre ? On pouvait donc se réclamer du clergé ou de l’armée, et viser ou critiquer les deux en secret et oser s’adapter et fréquenter le haut panier de la société ? Entre hypocrisie et opportunisme, dans tous les cas, la critique ouverte ou laissée à l’interprétation du lecteur par le narrateur à cet égard fait preuve d’une certaine forme d’honnêteté intellectuelle voire de courage dans cette vision réaliste proposée de la lecture du contexte socio-politique dans lequel STENDHAL évoluait, certes clairement imprégné de sa ferveur bonapartiste en admiration pour le chef militaire mais déçue du despote.
A ce sujet, la découverte d’un accès rendu possible à l’Histoire, la grande, à travers le suivi de la « petite » fut de l’ordre de la révélation en découvrant cet ouvrage. Et depuis ce jour-là, pousser la porte de la littérature classique n’a plus rimé avec contrainte scolaire ni Baccalauréat. Et a été le déclencheur d’une lecture effrénée de toutes les œuvres du XIXe et du XXe siècle que la bibliothèque de mes parents tenait à ma disposition. Un brin lassée par le Romantisme, le réalisme de Stendhal puis de ses successeurs représente encore aujourd’hui un symbole fort, celui de l’étincelle qui a allumé ma grande passion pour la lecture.
Enfin, grâce à cette œuvre finalement à visée autobiographique qui a au départ puisé son inspiration dans un fait divers devenu l’ « affaire Berthet » mais qui utilise la peau de ses personnages comme outil de transposition romanesque, j’ai pu savourer la dimension initiatique liant cette quête de soi au rapport à la société au sein de laquelle on évolue.
Et à travers elle, cette quête du bonheur (devenue Beylisme) et l’énergie consacrée que STENDHAL fait passer par la protection vis-à-vis de cette même société, par l’écriture qui aide à analyser et à accéder à une connaissance et conscience progressives de soi quitte à prendre de la distance par le fait de romancer, par la recherche constante pour chacun de sa propre vérité et par la remise en question de ses convictions si l’y conduire le nécessite.
Depuis sa lecture, j’ai ainsi gardé en tête comme précieuse et guide, cette phrase de l’auteur qui définit le roman comme « un miroir que l’on promène le long d’un chemin ».
Retrouver Madame de Rênal et Julien Sorel, cinquante après une première lecture, avec en tête les visages de Danielle Darrieux et Gérard Philipe est un pur moment de lecture.
Je fais sans doute partie, à mon corps défendant, de la caste des indifférents à certains classiques.
Un livre terriblement ennuyeux qui n'a eu de cesse de me tomber des mains sans que je ne réussisse à entrer dans l'univers de ce grand auteur....désolé mais pour moi ce fut un calvaire.
J'aime beaucoup cet ouvrage, chef d'oeuvre incontestable de la littérature, avec une histoire familière d'un jeune ambitieux qui cherche à réussir.
On ne le présente plus mais il est superbe à lire, j'adore les personnages si forts, l'histoire, tout ....
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