Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Ce roman me laisse sur la faim, j'ai trouvé l'écriture magnifique mais j'ai été très déstabilisée par les va-et-vient constant dans le temps.
L'autrice perd son père, c'est un homme français assez connu, elle parle de lui, de sa vision de lui, de ses souvenirs. Mais elle va également convoquer les souvenirs (les siens, ceux de son père, ceux d'autres personnes) de son grand-père paternel, homme français assez connu dans le monde politique. La fuite durant la seconde guerre, la première, sa maîtresse. On revient sur les nombreuses maîtresses de son père. On repat dans la maison de famille, dans la garçonnière du père, dans la voiture de la grand-mère. Quelquefois on se trouve à New-York avec l'autrice et ses enfants, quelquefois à Paris.
Il faut une sacrée concentration pour zigzaguer ainsi dans les méandres de ce livre beau, sans conteste, mais très personnel, peut-être même un peu trop.
Fallait-il une ligne de temps plus régulière, fallait-il se concentrer plus sur le père que le grand-père ? Je ne sais pas, qui suis-je pour le dire ?
Par contre, charmée par la plume de l'autrice, je lirai un de ces jours son livre sur sa mère, qui je pense, me touchera plus de part son sujet et mon trajet personnel.
Parce que j’avais adoré Fugitive parce que Reine, parce que ce roman m’avait embarqué de par son écriture et son lyrisme, je me suis précipitée vers ce nouveu roman. Violaine Huisman nous racontait la vie de sa mère. Aujourd’hui dans ce roman, elle nous parle de son père, de son grand-père paternel.
Elle nous dresse le portrait de cet homme hors norme, père de huit enfants, marié quatre fois, misogyne et traditionnaliste, à la fois philosophe et homme d’affaires. Il a vécu dans le palais de l’Elysée, quand il était enfant. Violaine Huisman en se penchant sur le passé de son père va inévitablement nous parler de son grand-père, juif, secrétaire d’Etat, qui joua un grand rôle dans la création du festival de Cannes, avant d’être traqué pendant la seconde guerre mondiale.
Dans ce roman, on découvre les hommes de la famille Huisman, on y recroise avec délectation, la mère de Violaine et ses démons.
Bien plus qu’un portrait de famille, ce texte est un hommage à ses origines, à son père maintenant disparu, une partie de sa vie qu’elle a choisi d’éclaircir pour ses filles, pour laisser une trace de leurs aïeux.
C’est délicat, drôle, très bien écrit et en refermant ce livre, j’ai l’impression de faire partie de cette famille, de partager leurs joies et leurs peines. Je suis ravie d’avoir fait meilleur connaissance avec cet homme excentrique, ce père si attaché aux traditions et à ses habitudes.
Mon père et son père
Violaine Huisman rend hommage à son père Denis, décédé en 2021, ainsi qu’à son grand-père Georges dans ce roman qui retrace leur histoire, rappelle le destin tragique des familles juives dans la France occupée, et nous fait découvrir la naissance du festival de Cannes et le marketing associé à la philosophie.
Nous avions découvert Violaine Huisman en 2018 avec Fugitive parce que reine, le portrait sensible et délicat de sa mère. Poursuivant l’exploration de sa famille, elle se penche cette fois sur son père Denis, décédé le 2 février 2021 et celle de son grand-père Georges.
Après des décennies passées en Amérique, Violaine rentre au pays. «Je suis rentrée en France de crainte d’être loin de toi quand tu disparaîtrais.» Une crainte que la pandémie va raviver, mais finalement sa fille sera bien aux côtés de son père à l’heure où il rend son dernier souffle. Désormais, elle peut en dresser le portrait :
«L’outrance, le trop, le toujours plus, l’hubris a été ton mode opératoire, ton équilibre. Tu avais déjà cinquante ans quand je suis née, tu étais alors riche et célèbre, débordant d’activités, tu te distinguais par ta flamboyance et ta façon de n’être jamais parfaitement dans les clous. Ton énergie foutraque s’assortissait d’une rigueur intellectuelle sévère; à ta soif d’argent répondait une sainte horreur de la spéculation; et ainsi de suite. Tu incarnais la contradiction avec brio et flegmatisme. Pour décrire ta profession, tu t’autodésignais comme universitaire-homme d’affaires. Le trait d’union devait suffire à expliquer ta double casquette. Tu étais à la fois professeur de philosophie et fondateur d’écoles qui avaient fait florès. Tu étais entrepreneur et enseignant, mais aussi auteur, directeur de collection, producteur d’émissions de télévision, père de huit enfants de quatre lits, ex-mari de trois femmes, et séducteur invétéré. À mes yeux, tu étais invincible, omnipotent ; tu étais ailleurs, trop grand, trop imposant, trop tout. Ta panse de bon vivant, mes bras ne parviendraient jamais à en faire le tour. Ton ventre était toujours plein d’un autre enfant, d’une autre histoire – de ceux, de celles qui m’avaient précédée.»
C’est donc sur les pas de cet homme qu’elle nous convie, parcourant le Paris des Trente Glorieuses et, ce faisant, explicite le titre du roman: «Mon père avait vécu, depuis sa naissance, comme au milieu d’une carte postale, dans un rayon de moins de trois kilomètres autour de la tour Eiffel. Petit garçon, il avait grandi au palais de l’Élysée, où son père avait été secrétaire d’État sous Paul Doumer. L’ancien président de la République était avant tout pour moi le nom d’une avenue du seizième arrondissement qui partait de la place du Trocadéro, ou plus précisément du palais de Chaillot dont mon grand-père avait supervisé la construction, en tant que directeur général des Beaux-Arts, face au salon de thé Carette, à l’angle opposé, entre l’avenue Kléber l’avenue Poincaré.»
C’est avec ce style classique, soucieux de trouver le mot juste et bien loin de l’hagiographie que l’on chemine aux côtés de cet homme qui a sûrement brûlé sa vie de peur de la perdre. En 1940, il est aux côtés de son père, à bord du Massilia, quand ce dernier décide de gagner Alger aux côtés de nombreuses personnalités et hauts fonctionnaires. Un paquebot qui finira par aborder à Casablanca, au milieu d’une foule hostile et vaudra à nombre de ses passagers un destin tragique. Car on traque les juifs, car on traque ceux qui entendent continuer le combat et ne pas rejoindre Pétain, considérés comme des traîtres.
Aussi bien durant sa vie professionnelle que privée, on sent ce besoin d’en faire toujours plus. Il se mariera trois fois, aura huit enfants – Violaine étant la petite-dernière – et passera notamment à la postérité pour la publication d’un manuel de philosophie qui a accompagné des milliers d’élèves. Mais il est aussi à l’origine de la création de nombreuses grandes écoles.
À ce portrait sans complaisance, mais avec beaucoup d’amour, vient s’ajouter en filigrane celui de sa mère – «aujourd’hui que j’ai atteint l’âge qu’aura éternellement maman au fond de mon cœur, je me surprends à retrouver ses mains en regardant les miennes, et la douleur qui me saisit alors déchire le réel d’un coup de griffe» – mais surtout celui de son grand-père Georges dont on se dit qu’il aura peut-être aussi un jour «son» roman, tant sa personnalité est riche. Créateur du Festival de Cannes, ce haut-fonctionnaire a aussi beaucoup fait pour la préservation du patrimoine et pour les beaux-arts. Il a notamment organisé la mise en lieu sûr d’œuvres majeures lorsque l’Allemagne nazie a déferlé sur la France. Après l’épisode du Massilia, il parviendra à rester caché et à échapper aux rafles.
On l’aura compris, Violaine Huisman a réussi, une fois encore, en plongeant dans ses racines familiales, à nous raconter la France du siècle passé. Avec élégance, avec style, avec passion.
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Dans un récit où l"on sent presque à chaque ligne le poids de sa généalogie, Violaine Huisman huitième enfant de Denis Huisman, nous relate d' une écriture fine et sensible une grande partie de la vie son père. Ecrivain, philosophe et homme d'affaire, personnage iconoclaste et attachant; elle nous conte avec beaucoup de pudeur les derniers jours de son père, décédé peu après le confinement.
En remontant le fil de son histoire, Violaine Huisman part à la recherche d'une figure emblématique de sa famille: Georges Huisman, grand-père de l’autrice. Haut fonctionnaire, proche du ministre Jean Zay., il obtient en 1934 la direction générale des Beaux-arts. À ce titre, il aide à la diffusion du cinéma en France et contribue à la création du festival de Cannes en 1939. Il supervise l'évacuation des objets et œuvres d'art des musées parisiens vers la province avant d'être révoqué en 1940.
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