"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un ouvrage dans l’esprit de Voltaire, à la manière de ses contes philosophiques, à la fois enlevé, riche de fantaisie, de multiples péripéties et au contenu politique et philosophique.
Un ouvrage à l’ancienne, à la mode du 18e siècle avec en tête de chaque chapitre, un titre-programme de plusieurs lignes.
Un ouvrage empreint de libertinage.
Un ouvrage à la manière de Voltaire et non à son imitation, qui n’a rien d’un pastiche.
Ce n’est pas un conte, mais un roman qui s’ancre dans la réalité historique, dont le personnage central est le philosophe Voltaire lui-même.
On sait que Voltaire entretenait avec la tsarine Catherine II, sans l’avoir jamais rencontrée, une correspondance régulière sur des sujets de politique, (l’auteur en offre d’ailleurs des extraits en fin de roman) mais Axionov imagine que Catherine II invite le philosophe en 1764 à une rencontre secrète sur une île de la Baltique, pour débattre avec lui de ses projets politiques, notamment de l’abolition du servage.
Voltaire a près de 70 ans, il est au faîte de sa gloire, sa réputation a dépassé les frontières,
Catherine envoie 2 agents secrets pour lui proposer l’invitation, l’escorter dans ce long voyage où ils traversent toute l’Europe et lui assurer un séjour confortable et inoubliable en compagnie d’invités de choix.
Voilà très brièvement présenté le contenu du roman
Très brièvement, car ce roman comporte 400 pages et il est impossible de le résumer tant les péripéties, les coups de théâtre et les personnages y foisonnent.
S’y trouvent mêlés des récits de combats, de massacres, des dialogues philosophiques et politiques, des épisodes amoureux, des scènes de magie noire, des épisodes importants de la vie de Voltaire racontés aux invités.
C’est une sorte d’épopée baroque à la fois sérieuse, et légère, truculente, qui tient du roman policier, du roman historique, du roman d’aventures, du roman philosophique et du roman libertin à la mode du 18 e.
Si on y pratique les plaisirs du dialogue entre esprits éclairés, on y pratique aussi d’autres menus plaisirs.
Le vieux Voltaire, à l’esprit toujours jeune mais au corps maigre et fatigué, retiré des liaisons amoureuses retrouve grâce à ce séjour une vigueur qu’il croyait à jamais perdue. On y baigne parfois dans l’ambigüité des sexes avec des personnages travestis, « prémices de la civilisation unisexe »
Un roman brillant, qui a du panache, qui a l’art de faire pénétrer son lecteur au cœur des préoccupations philosophiques, politiques et sociales du 18 siècle, de l’ imprégner de l’esprit des Lumières, de le faire voyager dans le temps et l’espace et de lui faire réviser les thèses de Voltaire.
Mieux vaut toutefois pour l’apprécier s’être intéressé déjà à l’Histoire de la Russie et à celle de l’évolution des idées.
Si ce roman m’a semblé souvent jubilatoire, en particulier lors des scènes à Paris, au café Procope, ou à la Comédie française où se joue la tragédie de Voltaire SEMIRAMIS, je dois avouer que certains épisodes m’ont un peu déroutée et passablement ennuyée.
Les passages où il est question de magie noire m’ont plongée dans les ténèbres de l’incertitude, certains débats philosophiques m’ont paru traîner en longueur, mais je me suis sentie surtout bien étrangère aux chapitres traitant des problèmes de politique extérieure de la Russie, de ses relations avec les pays Baltes ou avec la Sublime Porte
Les lecteurs français et les lecteurs russes y trouveront chacun leur compte
Un roman qui a demandé plusieurs années de recherches à son auteur et s’est vu couronner en 2004 par le Booker Price russe .
Quel plaisir de voir un auteur étranger du 20e siècle parler si justement de l’esprit philosophique de Voltaire, des Encyclopédistes, de la vie intellectuelle en France et en Europe à l’époque des Lumières !
Vassili Axionov, disparu en juillet 2009 à Moscou, est l’un des romanciers russes contemporains les plus traduits dans le monde. Très populaire en Russie, il est surtout connu en France pour sa Saga moscovite, sorte de Guerre et Paix du XXe siècle, tragique et burlesque, qui fut un immense succès de librairie à sa sortie en 1995. Né en 1932, Axionov a connu les retournements de l’histoire russe de son temps. En 37, année de la Grande Terreur stalinienne, ses parents sont déportés au goulag et il ne retrouve sa mère Evguénia Guinzbourg, futur auteur du Vertige et du Ciel de la Kolyma, que dix ans plus tard en Sibérie. Icône des années 60, comme le chanteur Boulat Okoudjava son ami, il peint dans ses premiers textes la jeunesse des années du Dégel et fait des débuts littéraires fracassants en parlant de jazz, de jeans et de sexualité, en dehors de tout conformisme. Mais le contexte politique se durcit. Vingt ans plus tard, c’est l’exil forcé aux États-Unis et la perte de sa nationalité soviétique. Le retour en Russie ne sera possible qu’après la chute de l'URSS. Une merveilleuse saga en deux tomes, qui retracent la vie des Gradov, médecins, militaires et celles de petites gens qui les entourent. Une période dramatique durant le règne de Staline de 1924 à 1953. Un régal
Dans les remous de l'histoire, on est emporté avec cette famille et tenu en haleine pendant les deux volumes. Belle traduction.
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