"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Loup est avec sa copine depuis des années, mais il cache un secret, il voit des hommes en cachette. Suite à une mauvaise rencontre, sa vie va prendre un nouveau tournant et le conduire à cheminer vers l'acceptation. J'ai été séduite par le style de Valentin Maréchal, que j'avais déjà énormément apprécié dans "Ce Garçon", les paysages sont saisissants, et les personnages ont de véritables "gueules". L'histoire est touchante, bouleversante, parfois difficile mais absolument nécessaire.
Le Phare
Loup est architecte. Âgé d’une trentaine d’années, il s’apprête à franchir le pas de la vie à deux. Avec Léa, sa copine, qu’il connaît depuis neuf ans, ils ont enfin décidé d’habiter ensemble.
Mais Loup semble très préoccupé. Cela inquiète beaucoup Léa. Cette dernière impute cela à une surcharge de travail qui accable le jeune homme en raison d’un très important projet professionnel à rendre sous peu.
En réalité, Loup est inquiet puisque cette vie, qui se profile de plus en plus nettement sous ses yeux, n’est absolument pas celle dont il a envie. En effet, le jeune architecte retrouve régulièrement et clandestinement des hommes. Mais cette face cachée, son homosexualité, Loup n’ose pas l’avouer à Léa.
Un soir, alors qu’il a, à nouveau, menti à son amie pour rencontrer un homme via une application, les choses tournent mal. Le jeune homme n’a d’autre choix que de s’enfuir.
C’est dans les Pyrénées qu’il va aller se réfugier pour essayer de comprendre qui il est vraiment et pour réfléchir sur ce qu’il veut faire de son existence.
Après Ce garçon, une bande dessinée également publiée en 2022 chez Jungle Ramdam dont il avait réalisé le dessin et les couleurs, Valentin Maréchal revient en auteur complet avec ce nouvel album.
Intitulé Le Phare, ce titre est une belle et intéressante métaphore pour décrire cette lumière dont est à la recherche Loup pour éviter les écueils dans sa vie d’homme qui aime les hommes.
Son voyage dans la montagne va l’amener à rechercher la direction qu’il doit emprunter pour être enfin lui-même.
L’auteur s’est appuyé sur son passé pour réaliser cet album et nous montre ainsi les moments de souffrances par lesquels il a dû passer pour devenir, aux yeux de tous, l’homme et l’homosexuel qu’il est.
Ce récit permet de mieux comprendre ce chemin parsemé d’embûches que de nombreux hommes et femmes doivent parcourir pour enfin exister, tels qu'ils ou telles qu'elles sont, aux yeux de leur famille, leurs amis et surtout de la société.
Un témoignage fort et poignant sur l’acceptation de soi.
Mai 68, Jean, dit Jean-Jean, garçonnet, sa mère et ses sœurs quittent Paris pour la Bourgogne originelle, histoire de ne pas vivre trop près des "événements". Arrivés là-bas, Jean découvre que sa mère a beaucoup de secrets et il tente de les connaître. Puis Herman, recherché par la gendarmerie locale, fait irruption dans la maison. Jean le cache.
Maby écrit un scénario très alerte, dans lequel les secrets de famille plombent l'ambiance. Cependant, ce sont eux qui sont l'ossature de cette histoire, qui permettent de tenir le lecteur, associés à l'irruption d'Herman gentil-dangereux-hors-la-loi.
Les dessins de Valentin Maréchal sont tout en couleurs pastel, vifs, virevoltants et parfois drôles. Ils mettent en valeur cette aventure de Jean, garçonnet intelligent et sensible qui sent que les adultes cachent des choses aux enfants. Ses deux sœurs, elles, vivent leur vie, mais lui -dépourvu de ses copains scolarisés dans leur village de résidence- trompe son ennui en tentant de prendre ces adultes en défaut.
Bande dessinée très agréable qui ne révolutionne pas le genre mais qui fera le plaisir des plus grands et des moins grands, ce qui est déjà un très bon atout.
Pour vous parler de ce garçon, j’ai avant tout envie de vous parler de La Mère, cette femme intrépide et secrète, qui mène sa famille à la baguette, le visage surmonté par une impressionnante masse de cheveux bouclés. Cette mère célibataire qui galope dans les volutes de fumée de ses cigarettes malgré sa jambe de bois. Un personnage si démesuré qu’il en devient fabuleux. Celle que sa fille qualifie de gaulliste avant l’heure, décide de quitter Paris en plein cœur du printemps 1968, le temps que le général remette un peu d’ordre.
Une fois à la campagne, alors que les deux filles se livrent à diverses expériences plus ou moins risquées en totale liberté, leur petit frère, va commencer à se poser des questions sur cette mère si mystérieuse. Privé de ses amis qui sont encore à l’école, Jean-Jean va créer de nouveaux liens, et n’est pas au bout de ses surprises !
J’ai toujours eu un faible pour les récits d’enfance, et ces instants passés aux côtés de Jean-Jean, de ses sœurs et de sa mère, sont un pur délice. Le dessin est dynamique et plein des excès de l’enfance. Comme déformées par la vision de Jean-Jean et son vertige, les images s'allongent, et les couleurs rappellent les vieilles photographies. C’est pétillant et vivant : tout ce qu’il faut pour combler l’enfant avide de liberté qui dort en nous !
Lecture dans le cadre du Prix Orange de la Bande Dessinée
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