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Un vrai document d’histoire parfaitement documenté, reprenant le passé de Missak Manouchian et le déroulé des opérations avec une infinie rigueur.
Une grande attention est portée à tous les résistants du groupe, tant dans la présentation succincte de chacun, que dans son portrait en pleine page.
Seul bémol : la froideur du propos. Je connais bien la vie de Missak Manouchian, son rôle dans la résistance, les circonstances de sa mort, et j’espérais connaitre un peu mieux « le bonhomme ».
Comme je le disais au début, c’est un document d’histoire, et ce n’est qu’un document d’histoire.
Cela n’empêche, c’est un bel hommage au groupe Manouchian.
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Marseille 1944, un petit groupe de résistants dessinent des croix de Lorraine autour de « l’Affiche rouge des fusillés » et écrivent sur cette dernière « Morts pour la France ».
Nous faisons ensuite un bond dans le passé pour retrouver Missak et son frère Garabed.
1915, Empire Ottoman, en pleine première guerre mondiale une rumeur accuse les Arméniens de collaborer avec l’ennemi russe. Le gouvernement lance alors un déplacement massif de la population arménienne vivant sur le territoire de l’actuelle Turquie. Personne n’est dupe, le plan d’anéantissement de la population arménienne est enclenché. Après la mort de leurs parents, Missak et Garabed ont la chance d’être recueillis par un couple de musulmans qui les considère comme leurs fils. Dénoncés par des voisins, les autorités religieuses de la communauté arménienne les arrachent à cette famille pour les envoyer dans un orphelinat, avec tout ce que cela implique de mauvais traitements. A leur majorité, après avoir obtenu un passeport Nansen, ils embarquent pour la France et de Marseille montent à Paris où Garabed meurt quelques mois plus tard. Missak qui travaillait à l’usine Citroën est le premier victime de la crise de 1929, il va alors poser pour des sculpteurs et écrire pour une revue littéraire de la diaspora arménienne. Il s’inscrit en candidat libre à la Sorbonne et suit assidument les cours d’économie politique, de philosophie, d’histoire et de littérature. Il adhère au Parti Communiste -section française de l’Internationale communiste et devient rédacteur en chef d’un journal de soutien aux travailleurs immigrés arméniens. En parallèle il tient un journal personnel.
C’est en 1934, lors du gala annuel du Comité d’Aide à l’Arménie qu’il rencontre Mélinée et que quelques mois plus tard il lui déclare sa flamme. Mélinée n’étant pas prête à vivre une relation, c’est deux ans plus tard qu’ils se mettent en couple.
Au début de la seconde guerre mondiale, en tant que responsable communiste Missak est arrêté puis incorporé dans l’armée comme instructeur durant la « drôle de guerre ». Après la débâcle de 1940 il est affecté dans une usine dont il s’évade pour se cacher à Paris et rejoindre la M O I , qui est maintenant une organisation clandestine, où il se lie d’amitié avec Arsène Tchakarian.
En 1942 il est approché par Abraham Lissner et rejoint la branche armée des FTP-MOI où il agira aux côtés de Marcel Rajman et Golda Bancic, responsable des armes. S’ensuivent des sabotages de lignes à haute tension, des attaques de troupes allemandes à la grenade, des sabotages de voix ferrées. Nous suivons les actions armées du groupe Manouchian jusqu’à leur dénonciation par l’un d’entre eux , leur arrestation et leur exécution le 21 février 1944.
Un cahier de 15 pages complète cet album en retraçant toute l’histoire des membres du groupe Manouchian dans le contexte géopolitique et historique des années 1915 à leur exécution .
Cet album est un véritable ouvrage pédagogique qui permet de mettre en lumière des héros ordinaires qui sont morts pour avoir défendu contre l’oppresseur un pays qui n’était pas le leur mais qu’ils avaient adopté.
L’ouvrir est participer au devoir de mémoire.
Le 21 février prochain, Missak Manouchian entrera avec sa femme Mélinée au Panthéon. Mais qui est vraiment celui qui apparaît comme chef de bande sur cette fameuse affiche rouge ? Qui sont les neuf autres résistants présents sur l'affiche ? Et plus largement qui sont les 23 du groupe Manouchian abattus le 21 février 1944 au Mont Valérien ?
JD Morvan s'empare de leur histoire et, nourri par ses nombreux échanges avec Madeleine Riffaud, il rend hommage dans cet album à ces résistants étrangers, les FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans - Main d'œuvre immigrée). Après une intro plus centrée sur Manouchian, sa fuite du génocide arménien, son arrivée en France et sa rencontre avec Mélinée, il trace les portraits des 23 en contant leurs faits d'armes de décembre 42 à novembre 43.
Ces portraits façon studio Harcourt brossés par Thomas Tcherkézian sont saisissants. Le dessinateur (aidé sur les couleurs par Hiroyuki Ooshima et par tout l'atelier The Tribe) qui réalise son premier projet BD réutilise les codes couleurs de l'affiche de propagande pour nous immerger dans l'atmosphère vintage parfaite. Cette superbe couv donne le ton !
Quelques dernières planches silencieuses et émouvantes clôturent l'album avant un cahier historique passionnant et complet.
Dans la dernière lettre de Manouchian à Mélinée, on peut lire: "Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la liberté sauront honorer notre mémoire dignement". L'heure est venue, et cet album y contribue !
A noter la brillante série de l'INA qui vient de commencer. Elle reprend des images d'archives et des dessins de la BD, c'est génial !
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