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Histoire triste je préfère prévenir mais j'adore l'écriture. Franchement n'hésitez pas a le lire.
Petite incursion dans la littérature kirghize aujourd’hui avec Djamilia de Tchinghiz Aïtmatov. Je n’avais jamais entendu parler de cette œuvre avant de chercher précisément une histoire se déroulant au Kirghizistan et écrite en langue kirghize, mais il s’avère que Djamilia est un véritable monument littéraire au Kirghizistan et que son auteur est considéré comme l’un des plus grands écrivains soviétiques.
C’est un très court roman de cent pages environ dont le narrateur est un adolescent travaillant dans un kolkhoze auprès des femmes de sa famille, tandis que les hommes sont partis à la guerre. Il s’éveille et s’émerveille aux côtés de la belle et forte Djamilia, l’épouse de son frère, et il assiste à la naissance du lien qui l’unira à Daïinar, un soldat revenu du front, peu loquace et mystérieux.
Louis Aragon a vu dans Djamilia « la plus belle histoire d’amour du monde », au point d’avoir envie de traduire l’œuvre du russe au français. Sa préface est touchante et je recommande plutôt de la lire après avoir lu l’œuvre de Tchinghiz Aïtmatov. Pour ma part, je me souviendrai de ce texte comme d’une ode à la nature et à la liberté. L’histoire d’amour, en effet, est relativement longue à se mettre en place, elle suit le rythme lent et répétitif du travail dans les champs et du transport du blé, destiné à nourrir les troupes, jusqu’à la gare la plus proche. Cette histoire d’amour est surtout très discrète : tout est suggéré, esquissé, deviné même, à travers le regard d’un adolescent qui a à la fois pleinement conscience de certaines situations et du mal à saisir les signes. De fait, plus que l’amour d’un homme pour une femme, et inversement, c’est l’amour de l’écrivain pour sa terre qui m’a subjuguée dans ce roman. Certains passages sont de véritables tableaux poétiques, et le fait que le narrateur ait une appétence particulière pour la peinture n’y est sans doute pas pour rien. Je ne sais pas si j’aurais apprécié autant cette œuvre si je l’avais lue chez moi, tranquillement installée dans mon fauteuil, et je mesure, en écrivant ce billet, la chance que j’ai eue de pouvoir tourner cette centaine de pages en ce mois de juillet 2022 à l’endroit même où Seït, Djamilia et Daïinar ont joué leur partition, dans les merveilleuses steppes kirghizes.
Récit très poétique qui met en avant la valeur et la qualité de la vie. Qui pose la question sur l'intérêt et le bénéfice des guerres, pas de manière naïve mais humainement parlant : qui est réellement le vainqueur ? Celui qui a tué le plus ? L'auteur ne se pose pas en moralisateur, mais pose simplement les questions, la question essentielle : "Tuer, ne pas tuer ?"
Un très beau texte à découvrir.
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