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Corps à corps, le titre nous l’annonce sans ambigüité, Sylvestre Clancier y parle du corps, de la chair, la peau, les os. Il nous parle de l’osmose entre corps et vie, et cette vie qui peut-être la mort.
« C’est la vie même/ qui à la fin s’annule/ se justifie en son essence même/ la mort qui est encore la vie. »
Le corps, c’est celui de la mère qui donne la vie, ce nouveau corps : « Le vagin qui vagit/ la nouvelle âme en vie. ».
Et la naissance d’un enfant, « cette promesse à venir » est toujours émouvante. Le poète est aussi un père qui s’émerveille de cette vie nouvelle tout en se questionnant sur ce mystère
« Toute naissance recèle/ la même indéchiffrable/ question/ qui restera/ sans réponse. »
Sous ses yeux s’affirme l’enfant confiant et neuf qui « applaudit encore au spectacle de la vie ».
L’enfant chemine vers la lumière et deviendra adulte, s’enfuira « elle trouvera le bleu/ le plaisir de l’envol. »
A cette fille devenue femme, le père ne peut que souhaiter de vivre sa propre vie, de trouver son propre chemin.
« Voici ma fille/ ce que je te souhaite. »
C’est dans une langue lumineuse et pudique qu’un époux, un père parle du corps vivant, de l’amour des corps, et de la naissance.
Avec ce « Corps à corps », Sylvestre Clancier nous place au cœur même de la vie.
Pour le poète Sylvestre Clancier, la vie vaut la peine d’être vécue et, dans ce recueil, c’est sur les traces de l’enfance qu’il nous entraîne, aux côtés de cet « enfant qui croit encore à la magie du don. »
Le temps s’écoule, les saisons passent et, dans le froid, survient « un grand bonheur de neige » où les souvenirs s’égrènent, ces mêmes souvenirs qui « encombrent la mémoire.
Mais il faut savoir quitter le monde de l’enfance, parfois en tâtonnant dans le noir, et aller vers cet avenir qui a « le parfum du secret »
Les souvenirs, toujours, et, comme une litanie, ce « rappelle-toi » qui vient scander ces moments de vie, comme les visites du père, le chapiteau du cirque ou encore « la senteur de l’été quand les blés sont fauchés. » et l’on entre de plain-pied dans « ce futur antérieur à l’oubli. »
Le poète s’adresse à l’enfant,
« Alors tu laceras tes galoches
Et empoigner ton cartable
Pour partir nez au vent,
Sur la route du petit matin,
Jusqu’à l’école de la vie promise,
Dans le lointain. »
Il y a de la nostalgie, une douce mélancolie dans ces poèmes qui convoquent un temps passé, qui questionnent aussi un avenir empreint d’espoir. Mais l’adulte qui sait peut-il retrouver cette innocence de l’enfance ?
Lisez donc Sylvestre Clancier, ce poète à l’engagement humaniste et social, qui parle avec tendresse et émotion de ses souvenirs d’enfance, ces « souvenirs qui n’en finissent pas de mourir dans notre mémoire approximative. »
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