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Une cathédrale où l'on peut communier, voilà ce que représente normalement un stade de rugby pour les amateurs de ce sport.
Mais quand ce stade, le Croke Park de Dublin en République d'Irlande, a un ténébreux passé, peut-il quand-même permettre à deux nations de se réconcilier ?
24 février 2007, 3e journée du Tournoi des 6 nations, l'Irlande rencontre l'Angleterre à domicile. Habituellement les matchs de rugby en Irlande ont lieu au mythique Lansdowne road de Dublin, mais le stade étant en travaux, le XV du trèfle rencontrera le XV de la rose au Croke Park. C'est la première fois depuis 1920, que ces deux équipes se retrouvent face à face dans ce lieu, symbole de mauvais souvenirs pour l'Irlande.
21 Novembre 1920, un match de bienfaisance de football gaélique, au profit des familles de prisonniers de l'IRA, doit opposer Dublin à Tipperary. Mais depuis 1919, sévit une guerre entre l'IRA et l'armée britannique, l'Irlande réclamant son indépendance vis-à-vis de la couronne britannique. La veille du match, des membres de l'IRA, dirigée par Michael Collins, vont organiser une action pour éliminer une cinquantaine d'officiers de renseignement britanniques en passant à l'œuvre le matin du match. L'armée britannique va alors décider de retrouver les assassins, en menant une opération de représailles lors du match. Mais cette opération ne va pas se dérouler comme prévu et donnera lieu à un massacre, un premier Bloody Sunday (le second aura lieu en 1972, repris par U2 dans sa chanson éponyme).
Cet album, intitulé Croke Park, est l'objet d'une collaboration entre Sylvain Gâche et Richard Guérineau, dans une nouvelle collection de chez Delcourt, Coup de tête, dont le but est de revenir sur des événements majeurs liant Histoire et Sport, ici opposant l'Irlande et l'Angleterre lors de deux matchs. Ce scénario intelligent, combine deux histoires parallèles et permet de revenir sur cette lutte armée, pour mieux se rendre compte du chemin parcouru afin d'aboutir à une réconciliation entre deux peuples, celà à l'aune du centième anniversaire de cette journée qui fit 30 morts et 70 blessés.
Chers Sylvain Gâche et Richard Guerineau,
me vient, enfin, l’occasion de vous écrire. Mais je ne suis pas totalement hors du temps, car on annonce une réimpression de votre ouvrage. C’est heureux !
Vous nous proposez un récit éclairant dont on connaît l’issue, mais qui n’empêche pas que nous y plongions avec exaltation et je dois dire, avec excitation.
Bien sûr, nous ne sommes pas de ceux-là. Je veux dire en cela, pas biberonné à l’histoire irlandaise. Pas nés en terre anglaise, non plus. Si peu concerné, de fait.
Pas nourris, ni élevés par les histoires comptées au coin de la cheminée par des grands-parents qui ont entendu l’homme qui a vu l’homme qui dans les rues de Dublin tua pour la cause.
Et pourtant, nous voici embarqués, en un début de siècle déjà ravagé, meurtrier, dans une quête d’indépendance pour les uns. D’appartenance pour les autres. Les morts se comptent dans chaque camp. C’est, œil pour œil, dent pour dent et le dernier survivant.
“Bien sûr, il y a les guerres d’Irlande, mais voir un ami pleurer” – Brel
1920, Croke Park, est le stade de foot gaélique !
Croke Park, ça claque !
Ça claque, comme un coup de pistolet !
2007, l’équipe d’Irlande reçoit l’Angleterre, dans le tournoi des cinq nations à… Croke Park !
Croke Park, ça claque !
Ça claque, comme une entrée en mêlée !
Et voici que sur la même pelouse, s’ouvrent les espaces-temps. Nous allons, aller et retour entre deux époques, deux mondes, deux atmosphères, deux ambiances. Une bande dessinée comme une machine à remonter le temps. 1920 – 2007. Les deux font la terre. Celles des rebelles et des conquérants.
Les stades deviennent mythiques parce que l’on y gagne ou parce que l’on y meure. Parfois les deux !
Voici un récit historique et gaélique ! Les bons, ça osent tout, et c’est justement à ça qu’ont les reconnait, chers Sylvain Gâche et Richard Guérineau.
C’est ainsi que les hommes vivent et meurent. C’est ainsi que les peuples se dissocient, je veux dire en cela, qu’ils ne se réconcilient jamais vraiment.
Sur la couverture, le ballon est rouge sang. De rage, de honte, de colère, de vengeance, de haine… Il est à terre et n’est plus vivant ! Ce n’est pas le seul.
Les cicatrices sont si profondes. Les humiliations si fortes, les blessures encore récentes. Il y aura d’autres Sunday bloody Sunday !
Croke Park, en somme, est un stade qui résume assez bien l’esprit de cette nouvelle collection (aux éditions Delcourt) “coup de tête”. Un lieu où se côtoient le sport et l’Histoire.
Vivement la suite !
Sébastien Beaujault
“Croke Park”
Sylvain Gâche et Richard Guérineau
Collection coup de tête
Editions Delcourt
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