"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1863, Etat de Virginie, Henry Fleming décide de s’engager dans l’armée pour se battre contre les Sudistes. Lors de l’assaut, son instinct le pousse à quitter sa compagnie et à se réfugier dans les bois. Comment vivre avec cette culpabilité de s’être sauvé pendant que ses compagnons se faisaient canarder ? Comment retourner parmi ses camarades ?
Cette bande dessinée est inspirée du roman de Stephen Crane « The Red Badge of Courage ». Elle fait la part belle aux émotions d’Henri Fleming et c’est très réussi. Le sujet est lourd. Elle interroge sur ce que nous aurions fait à la place d’Henri Fleming. Et si c’était « cet incident » qui avait permis à Henri Fleming de délivrer tout son potentiel ? Qu’est-ce que le courage ? Celui d’obéir aux ordres à tout prix ?
Le trait des dessins est fin et les illustrations en mode sépia sur fond vert, bleu ou jaune accentuent le côté historique de cette bande dessinée.
Cette bande dessinée a été sélectionnée dans les Indispensables de l’été par l'ACBD et je partage ce choix.
A découvrir d’urgence si vous avez envie de vous plonger dans la Guerre de Sécession !
Cinq branches de coton noir, voilà un titre pour le moins énigmatique ! Mais il va rapidement prendre tout son sens, une fois la lecture de cet album entamée.
Mai 1944, les préparatifs du Débarquement de Normandie sont en cours dans le sud de l’Angleterre pour les soldats américains. Enfin, ils ne se déroulent pas de la même manière selon la couleur de peau de ces jeunes hommes. Les effets de la ségrégation se font sentir également dans l’armée. Pourquoi faire partir en première ligne des hommes noirs qui pourraient recueillir des lauriers pour leurs actes de bravoure !
C’est ainsi que trois frères d’armes participent à l’Opération Fortitude, une opération de désinformation visant à tromper les Nazis sur le lieu où se déroulera le débarquement. Lincoln, Tom, et Aaron doivent manœuvrer des chars gonflables pour faire croire à l’aviation allemande que des troupes se préparent pour un débarquement dans le Pas-de-Calais.
Leurs seuls moments de répit arrivent avec la distribution du courrier. Lincoln a la chance de bénéficier d’une correspondance assidue avec sa sœur Johanna, étudiante en Caroline du Nord. C’est par ce biais, que Lincoln l'informe que lui aussi veut prendre part aux vrais combats, ce qui serait une grande victoire contre l’Amérique ségrégationniste.
L’incroyable force de ce récit, signé Yves Sente au scénario et Steve Cuzor au dessin, réside dans le fait qu’il fait cohabiter plusieurs périodes historiques. En 1944, avec l’histoire principale, qui se déroule à la fois en Angleterre, aux États-Unis et en France. En 1777, avec la lecture du journal d’Angela Brown, découvert dans l’héritage de la tante de Lincoln et Johanna. Un récit qui va projeter la jeune étudiante dans l’Histoire de la création des États-Unis d’Amérique et de ses symboles. Une plongée dans le destin d’hommes et de femmes, qui en fonction de la couleur de leur peau, auront des parcours différents.
La particularité de cet album tient également à sa colorisation très originale, mais surtout très efficace signée Meephe Versaevel. Une couleur par page, par séquence ou par époque, parfaitement bien choisie, qui permet une très belle mise en valeur du dessin et donc du récit.
Le combat d’Henry Fleming n’est pas celui de l’Etat-Major nordiste, ni celui du gouvernement fédéral des Etats-Unis. Le sien, c’est d’avoir le courage. Celui de se battre avec bravoure, de regarder ses camarades mourir sans pleurer, d’avancer vers l’ennemi sans jamais reculer. Son combat, c’est celui du soldat qui obéit à des ordres sans les comprendre et qui veut pouvoir rentrer chez lui, un jour, fier d’avoir défendu son pays et ses convictions.
Avec cette façon de regarder la guerre de l’intérieur, Stephen Crane, l’auteur du roman d’origine, The red badge of courage, se penche sur l’humain, au-delà des faits historiques. Il nous parle de gens simples, de ces paysans du 304ème Régiment qui sont partis à la guerre la fleur au fusil et sont revenus brisés, s’ils ont seulement eu cette chance.
Entre les coups de canon qui résonnent, les explosions de terre soulevées par les boulets, le bruit des baillonnettes qui s’entrechoquent et sous une poussière recouvrant les champs de bataille, Steve Cuzor s’empare de ce roman écrit en 1874, pour transmettre une certaine vision de l’horreur guerrière, celle des soldats.
Avec des illustrations sépias, sombres comme les lieux des affrontements, l’illustrateur nous immerge au cœur de cette guerre civile américaine et c’est une toute autre perception que d’en lire les comptes-rendus, si détaillés soient-ils.
Alors qu’aujourd’hui de nombreux conflits armés existent encore sur la planète, cette BD nous parle d’hommes confrontés aux enjeux guerriers dont ils n’ont qu’une vague perception.
Avec Le combat d’Henry Fleming, Steve Cuzor nous offre une version graphique d’un des premiers grands romans sociaux américains et il fallait cette représentation différente pour en mesurer toute la portée.
Un incontournable.
Virginie 1863.
Alors que le moment de l'assaut semble approcher, Henry Fleming se souvient. Il voulait devenir quelqu'un. Aider sa mère à la ferme ne lui suffisait plus, il voulait s'engager dans l'armée; contre les rebelles, pour la grande Amérique...
Après "Cinq branches de coton noir" '2018), Steve Cuzor s'empare du roman de Stephen Crane "The red bagde of courage" (1895). En pleine guerre de Sécession, le récit nous place au cœur du champ de bataille, entre l'attente de l'assaut, la poussière et la fumée des combats... Il nous immerge surtout dans la tête de Henry, jeune soldat en plein questionnement au moment de se lancer pour la première fois, fusil en main, face à l'ennemi.
La peur, les doutes, l'envie d'en découdre et d'être un héros, la prise de conscience face à l'attitude des généraux... Henry est en plein doute.
Le travail graphique de Steve Cuzor illustre à merveille ce récit de guerre. Tout y est, la fumée, la poussière, les regards apeurés, le résultat est bluffant. Un passage à l'exposition "Adolescents en guerre" au Musée du papier à Angoulême, face aux planches à l'encre de Chine et à la gouache, avait suffi pour me marquer.... Les bichromies sont saisissantes, il n'y a nul besoin de couleurs pour sentir le goût du sang et la violence des combats.
Gros coup de cœur pour cet album magistral qui fouille sans emphase la psyché d'un jeune engagé. La vérité brute du champ de bataille y est remarquablement représentée, là aussi dans un silence marquant, Un coup de maître de la part de Steve Cuzor !
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