Stéphanie Dupays enquête pour retrouver l’histoire de son arrière-grand-mère, « oubliée » par sa famille durant quarante ans...
Stéphanie Dupays enquête pour retrouver l’histoire de son arrière-grand-mère, « oubliée » par sa famille durant quarante ans...
Quoi qu’en dise la légende familiale, l’arrière-grand-mère de Stéphanie Dupays n’est pas morte de chagrin en 1926, après avoir perdu ses deux grands fils et son mari. Son acte de décès officiel atteste qu’elle a vécu encore trente-huit ans après cette date. Mais alors, qu’est-elle devenue pendant ces quatre décennies sans signe de vie, ses filles abandonnées à un orphelinat ? Et pourquoi cette conviction, ancrée dans la famille, qu’elle avait rendu son dernier souffle à cinquante-et-un ans, elle qui manqua de peu être nonagénaire ?
En deux parties intitulées « On n’est pas seul dans sa peau » et « Mémoires d’une ombre », l’auteur relate la quête, qui, des traces imperceptibles transmises dans l’inconscient familial par son aïeule, à celles, sèchement conservées dans les archives de l’administration hospitalière, va lui permettre de débusquer le secret enseveli sous les gravats du déni et de l’oubli, et, par l’écriture, d’enfin relier au présent et remettre à sa place une morte qui, sans sépulture, ni lieu, ni inscription, risquait, comme il est d’usage pour les fantômes, de peser à leur insu sur la psyché de ses descendantes.
En vérité, si Anne Décimus n’est par morte en 1926 comme les siens ont préféré s’en convaincre, c’est pour connaître un destin peut-être plus funeste encore. Car, à défaut de lui ôter la vie au sens strict, le chagrin l’en a quand même bel et bien privée en lui faisant perdre la raison à une époque où l’on savait encore moins qu’aujourd’hui prendre en charge la maladie mentale. « Lorsque le père de Paul Claudel meurt et que sa sœur, Camille, est internée, l’écrivain André Suarès écrit à Paul : ‘’Vous voilà face à face avec deux aspects de la nuit. Et la mort n’est pas celui des deux qui a le plus de ténèbres.’’ »
Afin de se représenter ce qu’a bien pu vivre cette femme, si bien effacée du monde qu’au-delà de son enfermement à perpétuité, les siens ont préféré la considérer comme morte et réinventer son histoire, Stéphanie Dupays s’est enquis, au moyen d’une abondante documentation, du sort réservé aux internés psychiatriques tout au long du XXe siècle. Ajoutées aux lettres et requêtes que son aïeule adressa longtemps à ses médecins et à l’encadrement de son asile, ces informations contextuelles lui permettent de retracer, entre hypothèses et doutes, le probable et terrifiant parcours d’Anne, une parmi tant de ces ombres que l’on s’empressait d’oublier entre quatre murs, souvent dans des conditions que l’on peinerait à imaginer si elles n’avaient été dénoncées par des journalistes d’investigation comme Albert Londres ou Nellie Bly.
Sans indignation ni pathos, l’auteur relate simplement cette histoire, à la fois intime et représentative de cette époque encore récente où la maladie mentale, objet d’aléatoires expérimentations médicales, s’enfermait derrière de hauts murs, pendant que l’impuissance, la honte et la peur allaient jusqu’à pousser les proches à préférer croire à la mort de leurs internés. C’est aussi une délicate auscultation des insidieux effets produits, de génération en génération, par les secrets de famille, en même temps qu’une sorte de baume, aussi touchant qu’apaisant, enfin offert, par-delà le temps, le déni et la souffrance, à une aïeule doublement tourmentée, par la maladie et par l’oubli des siens.
« Ce qui caractérise la folie, plus que le délire, est la solitude abyssale. Une solitude tellement grande qu’elle déconnecte de ses semblables. C’est comme parler une langue étrangère que personne ne comprend et à laquelle personne ne répond. »
Un titre bien étrange et qui interpelle.
Ce roman-récit va nous raconter l'enquête que l'auteure-narratrice va mener pour connaître la vie de son arrière grand mère, Anne Décimus.
Cette arrière grand mère ayant perdu ses deux fils et son mari à l’heure de la Première Guerre mondiale, le cœur brisé, mourut de chagrin et la grand mère de la narratrice s'est retrouvée orpheline. Sa fille, mère de la narratrice décide de faire des recherches généalogies et découvre un étrange avis de décès : «Anne Dèche née Décimus 14 mai 1875 - 14 mars 1964». Ce qui ne correspond pas du tout à l'histoire familiale.
L'arrière petite fille va alors prendre le relais et faire ses propres recherches et découvrir que cette femme a été internée pendant plus de quarante ans dans un hôpital psychiatrique bordelais. Abandonnée par sa famille, même s'il y a eu dans les années 60, une demande de remboursement de frais d'hospitalisation, la famille a réglé le problème et oublier ce pan de la vie de Anne Décimus.
Ce texte va être la narration des recherches dans les archives et le prétexte à raconter aussi l'histoire de la psychiatrie et l'évolution de ces établissement et des différents traitements infligés.
La narratrice raconte aussi avec beaucoup de délicatesse, les questionnements qu'elle va poser à sa grand-mère et sa mère. pas toujours facile de déterrer des secrets et dénis de famille.
Ce récit-roman parle aussi très bien des secrets de famille, des dénis dans les familles.
Ce texte aborde le sujet aussi difficile de membres de famille, considérés comme "fous". j'ai lu plusieurs livres sur ce sujet comme "Les orphelines du mont Luciole d'Isabelle Rodriguez, "Le bal des folles" de Victoria Mas.
Elle aborde aussi l'enfermement et la façon d'essayer de s'en échapper (des pages troublantes, émouvantes quand elle retrouve dans les archives de l'établissement, certains textes, lettres de son arrière grand-mère).
L'auteure nous parle dans ce texte, après deux précédents textes romanesques (quoique) d'un sujet plus intime et personnel.
Malgré la dureté de cette histoire l'auteure nous entraîne avec elle dans ses recherches dans les archives, dans les non dits dans les familles, dans des secrets de famille.
Et en tant que bordelaise, j'ai aimé lire des descriptions de lieux que je connais (Cenon est si peu cité dans les romans !). Peut être un petit bémol mais l'auteure n'a pas eu sûrement la réponse : comment peut on avoir été enfermée ainsi pendant 40 ans, sans qu'un membre de la famille pense à s'intéresser à cette femme.
Un très beau roman sur le secret familial et ses conséquences sur les générations qui suivent.
« Comment, surtout, dire à ma grand mère que sa mère a survécu si longtemps après l’avoir laissé à l’orphelinat ? »alors qu’elle se prétendait morte de chagrin à la suite de la mort de son mari -Armand, que faire de cette nouvelle ?
3eme roman de Stéphanie Dupays, celui ci est autobiographique, c’est un roman sur les secrets familiaux mème si quelques fois on ne sait pas trop quoi en faire, mais on sait …
En le lisant j’ai appris des choses sur les hospitalisations en psychiatrie au début du XXeme siècle.
L’écriture est simple, c’est une lecture intéressante et ce titre est sublime ♥️
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