"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un polar à mille à l’heure façon Audiard , le trait est forcé à l’envi , l’humour toujours sous-jacent , on aurait bien vu un film style les tontons Flingueurs !
Le Nestor Burma nouveau est arrivé. La nouvelle série reprend la formule historique d'une enquête par arrondissement de Paris, Serguei Dounovetz ouvrant le bal avec le 20ème.
La remise au goût du jour du célèbre privé de Léo Malet s’accompagne de quelques changements notoires. Modernité oblige, l’agence FIAT LUX se voit affublée d’un .com qui ferait certainement sourire l’illustre auteur. Exit le commissaire Florimond Faroux, paix à son âme, remplacé au quai des Orfèvres par sa fille Stéphanie. La secrétaire favorite de Burma change de prénom et de couleur, devenant Kardiatou, une belle métisse. Ce qui ne change pas en revanche c’est l’adoration que lui porte le détective, pas insensible aux charmes féminins en général, et à ceux de son employée en particulier. Pour compléter l’équipe, Burma peut compter sur Mansour, jeune des «quartiers» aux multiples talents et connaissances, geek à ses heures.
Conforme au modèle d’origine, la capacité du détective à se trouver en périlleuse posture et se mettre dans les embrouilles est intacte, surtout quand un de ses amis est impliqué dans lesdites embrouilles. Fidèle en amitié le Nestor, même s’il n’éprouve aucune honte à lutiner la petite amie de son pote.
Côté intrigue, je dois avouer que nous somme plutôt bien servis avec une histoire assez complexe de dossier compromettant que beaucoup de monde recherche, ne lésinant pas sur les moyens. Le
MIT, service de renseignement turc, se trouve en bonne place dans une course à l’échalote sanglante, à laquelle participent également les Loups gris, groupuscule terroriste plus ou moins à la solde de cette mite, pardon de ce MIT, le PKLF, Parti Kurde de Libération de la Femme, sorte de PKK au féminin – pour PKK voir son wiki habituel -, un trafiquant d’armes et même une mère maquerelle. Le tout orchestré par Marchand – Yves pas Guy –, agent de la DGSE se démenant pour gérer au mieux les intérêts évidemment supérieurs de la France sans fâcher une nation étrangère et souveraine.
Côté action ce n’est pas mal non plus. Les balles sifflent, les coups sur la tête pleuvent, surtout sur celle de Burma. Il y a des kidnappings, des interrogatoires, des sauvetages inespérés, des actes héroïques, tout ce qu’il faut pour ne pas s’ennuyer.
Là où Léo Malet utilisait un langage populaire, plein de gouaille, riche en argot, Serguei Dounovetz s’inspire plus d’un style humoristique rappelant un peu San-Antonio, proposant quasiment un jeu de mots par phrase, du plus fin au plus lourdingue, la balance ne penchant pas toujours du côté de la subtilité. Cette légère tendance de l’auteur à céder à la facilité représente la seule petite réserve que j’émettrais sur ce roman, au demeurant fort divertissant.
Un retour de Nestor Burma sur le devant de la scène plutôt réussi qui donne envie de poursuivre cette nouvelle découverte des arrondissements de Paris en sa compagnie, d’autant plus que les balades s’annoncent des plus variées au vu des auteurs qui ont déjà pris la suite de Serguei Dounovetz.
https://lesciblesdunelectriceavisee.wordpress.com/2019/09/02/les-loups-de-belleville-serguei-dounovetz/
L’agence Fiat-Lux et son détective Nestor Burma, créés par Léo Malet en 54, sont de retour. Après une quinzaine de romans qui prenaient place dans un arrondissement différent de la capitale sous couvert des « Nouveaux mystères de Paris », d’une série télévisée populaire avec Guy Marchand dans le rôle éponyme, et des bandes dessinées dont les splendides oeuvres de Tardi et Moynot, c’est à Serguei Dounovetz que revient la tâche de redonner forme à Burma.
Il étrenne ces Nouvelles aventures de Nestor Burma, avec Les Loups de Belleville chez French Pulp.
Burma me renvoie à mes 20 ans. Un poil coincé entre surréalisme, anarchisme. Comme pour beaucoup, l’idée de voir reprendre ce privé populaire, de le moderniser pour le voir évoluer dans le Paris d’aujourd’hui est une gageure.
Quant à la mention Pulp, c’est pour moi, un aller direct dans l’univers de Bukowski et celui des romans de gare populaires. De ces revues au papier plutôt médiocre que j’achetais l’été chez les bouquinistes.
Mais revenons aux Loups de Belleville. French Pulp a eu l’excellente idée d’imposer un cahier des charges serré pour ne pas dénaturer l’œuvre de Malet. Une liste d’ingrédients à doser et des personnages à respecter. Car offrir ces « Nouvelles enquêtes de Nestor Burma » à des auteurs variés ne doit pas ouvrir la porte à une vrille anarcho-littéraire. Moralité entre hommage et humour, l’aventure Burma continue. Plutôt elle évolue. Car pour faire un parallèle avec Millénium (cf ma chronique sur le 4), si la reprise du personnage central est de mise, il faut le faire vivre par ailleurs. Le copier/coller est impossible. Il revient à l’auteur et à l’éditeur de s’approprier le personnage, de le faire grandir, lui et ses collatéraux. Et chez French Pulp, c’est des petits malins. Ils ont bien compris que le succès ne pouvait venir que si l’environnement collait autant à l’actualité qu’à l’inné de l’auteur. Chacun devra apporter sa différence et son œil. Ce Nestor promet une ribambelle de thématiques empêchant tout parallèle insipide et potentielle redite.
Ici, Burma est comme il se doit, entouré. Jamais loin de la belle Kardiatou Châtelain et de son physique de rêve, cette métisse attirante reprend le rôle d’Hélène Châtelain. A Florimond Faroux succède sa fille, la commissaire Stéphanie Faroux quinqa à la tête du 36 Quai des Orfèvres et leurs relations restent toujours sur le fil. Enfin, il y a Mansour Kébaïli, rejeton de banlieue, geek à ses heures faisant office d’employé freelance de Burma.
Les Loups de Belleville, démarrent sec. Un des potes de Burma, Niki Java, journaliste est tué. Burma reprend le dossier poisseux qui le mène à une féministe et activiste kurde, un diplomate proche du pouvoir, un marchand d’armes, une mère maquerelle refusant son âge. En tache de fond, les ombres des renseignements généraux et bien sûr un lot de cadavres. Bref avec ça, cher lecteur, je ne te dis rien. Charge à toi d’ouvrir ce livre et de te régaler. Car si Malet maniait l’ironie, l’auteur use d’humour à grands coups de calembours parfois foireux dans la bouche de Burma. Jusque-là c’est raccord. Et comme il se doit, il encaisse pas mal de coups. Si le privé est un solitaire, s’il doit refréner ses pulsions avec son secrétaire, il se laisse bien sûr aller avec la gente féminine.
Mais par-delà, les multiples rebondissements que l’auteur nous balance à chaque chapitre de ce court roman – le rythme est soutenu comme dans les bons romans de gare et tu ne lâches le livre qu’à l’arrivée. Dounovetz, fait péter l’actualité à travers la Turquie et les revers ambigües de son pouvoir, les résistants kurdes face à cette dictature turque, les fameux loups gris qui fleurent bons les extrêmes. Bref, c’est aussi un éclairage sur le PPK de Sakine Cansiz, le Parti des travailleurs du Kurdistan, et sur ce groupuscule, les loups gris qui prirent forme aux yeux du monde avec Ali Agca.
Avec Les Loups de Belleville, Dounovetz redonne vie à Burma et son détective de choc. Vivement que l’on change d’arrondissement.
SUPER LIVRE !!!!!!
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