"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Tour à tour reportage, essai et recueil de réflexions à la première personne, cet ouvrage enquête sur les dernières découvertes scientifiques et sociologiques ayant trait à l’orgasme féminin.
J’ai beaucoup aimé l’inclusivité de l’autrice qui, si elle avertit qu’elle se concentre sur les femmes hétérosexuelles d’Amérique du Nord, n’omet pas de parler des femmes queer et racisé·es. J’ai aussi aimé sa plume, qui est agréable à lire, claire et très bien traduite.
Pour ce qui est du fond, les différentes manières de chercher ou de réinventer l’orgasme féminin décrits par Bermak ne m’ont pas toujours passionnée. J’ai apprécié que l’essai parle de l’injonction féminine à jouir comme un but en soi : cette remise en question était très intéressante. Cependant, mise côte-à-côte avec de nombreux témoignages de femmes aux orgasmes multiples et spectaculaires, le soufflé est un peu retombé. C’est certes une description probablement fidèle de la diversité des sexualités féminines mais je n’ai pas ressenti en fermant le livre une moindre injonction à l’orgasme.
J’ai trouvé cette lecture plaisante et intéressante mais le sujet complexe et sensible fait qu’il ne peut pas être totalement adaptée à chacune. C’est une sorte de melting pot dans lequel tout le monde peut trouver des passages vraiment pertinents. A mettre entre toutes les mains !
Dans la préface de Maïa Mazaurette, on apprend que le titre original est « CLOSER», mot qui désigne le moment ultime où les femmes atteignent l’orgasme. Sa traduction en « JOUIR », mot unique également, simple et parlant, est tout aussi percutant.
Une très belle enquête d’une journaliste canadienne sur un sujet toujours tabou en 2019 : l’orgasme féminin. Appuyée par une grande documentation et de nombreuses références, l’auteure nous livre un monumental essai sur la jouissance féminine. La forme narrative qui relate de nombreuses interviews, témoignages, et expériences diverses rend cet essai vivant et informatif.
Menée avec vivacité et curiosité, cette étude nous transporte de la peur du plaisir à son expression sous toutes ses formes en passant par la négation délibérée de la sexualité féminine à travers les âges. Sarah Barmak recherche avec légèreté et obstination des réponses auprès des femmes, des scientifiques, des médecins, des psychiatres, des psychologues et autres gourous en tous genre.
Cette exploration historique sans pudeur et sans concession est extrêmement drôle, déculpabilisante et rafraichissante ! On y retrouve décortiqués, tous les clichés culturels sur les femmes : passives, sans libido, frigides, complexes… sur le contrôle de leur corps par la société, par leurs partenaires.
Il ne s’agit ni d’un guide ni d’un traité sur la sexualité, mais d’une réflexion sur le droit des femmes à l’épanouissement sexuel au même titre que l’égalité homme/femme, le droit à l’autodétermination et le consentement. Donc un sujet non seulement d’actualité mais aussi d’urgence absolue !
C’est peut-être l’un des aspects les plus intéressants du livre, cette absence de contrainte, de conseil, cette ouverture à des expériences variées relatées sans jugement de valeur, avec une grande bienveillance.
Une lecture rapide grâce à une écriture fluide, abordable, qui marque constamment notre intérêt grâce à des mots simples et clairs et aussi parfois de l’humour. Des exemples, des faits avérés, des témoignages parcourent cet essai pour mieux nous démontrer et nous parler du plaisir féminin. Des chiffres parfois hallucinants, des propos relatés par des femmes qui font frémir, pas de solution miracle décrite mais des chemins à suivre, des choses à essayer, un mental à trouver, des éléments bien plus précieux. Cet essai ouvre la réflexion sur les domaines les plus divers comme l’anatomie, la pornographie, les LGBT, le yoga, ou encore la méditation sans aucune injonction particulière. Il « décoiffe » comme on dit ! Il dérange aussi !
Alors oui, ça parle de sexe, d’éjaculation féminine, d’orgasme, de plaisir, de clitoris, de nudité, de simulation, de masturbation, de massage sensuel, de libido, de frigidité, mais sans jamais une once de vulgarité. Et au final, l’auteure insiste pour nous dire que nous sommes toutes normales, malgré nos différences, et que le sexe est ce que l’on en fait. Génial, non ?
Cet essai aurait mérité la note de 21/20. Ce n’est pas l’ouvrage en lui-même qui justifie cette note bien sûr mais tout simplement parce que ce sujet, cette enquête, j’aurai aimé pouvoir la lire il y a 30 ans ou encore pouvoir la faire lire à ma fille, mes nièces, mes amies et surtout parce qu’il est urgent de libérer la parole et rattraper des siècles de retard, d’inhibition et d’obscurantisme, d’avoir davantage d’ouvrages disponibles pour banaliser ce thème. Cet ouvrage ne peut que devenir une vraie référence sur le sujet. C’est pour moi un livre résolument féministe à offrir à toutes les femmes !
Tout, tout, tout vous saurez tout sur le clito. Le vrai, le faux, le laid, le beau, le dur, le mou qui a un grand cou… J’en rigole mais c’est pour ne pas en pleurer car s’avaler 200 pages sur l’orgasme féminin c’est à vous dégoûter d’en avoir un !
Franchement ?! Franchement ! Deux cents pages pour retracer l’histoire – ou plutôt la non histoire – de l’orgasme féminin, est-ce qu’on a vraiment besoin de ça ? Certaines oui, peut-être, parce qu’elles se posent des questions sur le fonctionnement de leur corps et leur capacité à atteindre l’orgasme. Ça s’entend, ça se comprend et ça se respecte comme n’importe quel ouvrage qui traiterait de n’importe quelle problématique d’ordre médical ou psychologique ou que sais-je encore. Mais quand on n’a pas de questions particulières sur le sujet, eh bien 200 pages sur le clito, l’éjaculation féminine, le point G, les théories fumeuses de Freud sur le sujet, et toutes les croyances que l’humanité a développé autour de l’entrejambe des femmes, c’est d’un ennui mortel.
Que veulent les femmes ? Ça, personne ne le sait, pas même les femmes elles-mêmes ! Peut-être faut-il en fait aborder la sexualité féminine comme un domaine qui s’apprend, se cultive, et dans lequel on s’améliore grâce à nos connaissances – comme la cuisine ou le jardinage.
Pire, et là je sens que je vais m’attirer les foudres des plus féministes : je n’ai pas envie, parce que je suis une femme, qu’on m’expose pendant des pages et des pages les moindres problèmes féminins. C’est comme quand j’étais gamine et que j’étais passionnée de chevaux. A chaque Noël ou anniversaire, ça ne loupait pas : oh un tableau moche avec des chevaux ! Oh un bracelet hideux avec un fer à cheval ! Oh trop bien, une statue abominable de tête de cheval ! Oh un énième roman sur l’étalon noir ! (ah non, ça c’est l’exception qui confirme la règle…) J’avais envie de crier à la face du monde que j’avais d’autres centres de préoccupation que le cheval et que non je ne rêvais pas de collectionner tous les objets les plus inutiles sur l’univers équin. J’étais plus que cela, je valais plus que cela ! Eh bien là c’est tout à fait pareil : ok je suis une femme mais je n’ai pas envie qu’on me ramène systématiquement à ma condition de femme, mes problèmes de femme, mes difficultés de femme, etc. Si j’ai un problème d’ordre féminin, j’en parle avec mon gynéco ou avec mes amies ! Mais je n’en fais pas tout un plat !
Parlez-moi de psychologie, de faits de société, de relations humaines, de ce qui peut nous aider à mieux vivre tous ensemble mais arrêtez de surfer sur la vague des femmes, ces grandes oubliées de l’humanité dont on ne s’est jamais occupé avant et qui méritent désormais un livre pour chaque problème aussi intime qu’infime. Il y a un effet de mode qui commence sérieusement à me fatiguer car au lieu de nous placer à égalité avec les hommes, j’ai l’impression que l’on passe notre temps à nous mettre sous cloche, nous isoler encore plus et nous transformer en bêtes curieuses. D’un côté on nous bassine avec les jouets des enfants qui ne doivent plus répondre à un genre et de l’autre on nous pond des bouquins en veux-tu en voilà spécifiquement pour nous les femmes. On peut être femme sans que ça soit un problème ou tout du moins un fait notoire, mince alors !
Maintenant que ça c’est dit, je dois tout de même reconnaître que condensé en un article de plusieurs pages, ça aurait pu être passionnant car la plume de l’auteure est savoureuse. J’adore son style, la connivence qu’elle parvient à créer avec son lecteur, ses petites tranches de vie disséminées ça et là. Mais 200 pages sur ça, non ! Pas pour moi en tout cas. Mais encore une fois si c’est un sujet qui vous titille, alors ce livre est fait pour vous : allez-y gaiement, il fera sauter tous les verrous psychologiques, il saura vous mettre à l’aise pour explorer jusqu’au plus tabou. Et vous sortirez de là heureuse, libérée et prête à jouir à tout va.
Je suis donc très partagée pour évaluer ce livre qui, de mon point de vue, n’est pas indispensable du tout mais qui, pour d’autres, peut devenir un essentiel.
Jouir est le document sélectionné par le jury de janvier du Grand prix des lectrices Elle 2020.
Pour dire les choses d'emblée, cet essai ne m'a pas comblée, loin de là. Je lis beaucoup d'avis enthousiastes mais pour ma part, je me suis copieusement ennuyée.
Commençons par préciser un point important.
Je ne nie pas l'importance du message : notre société n'accorde pas assez d'importance à la place du plaisir de la femme dans une société de plus en plus sexualisée. Il ne faut pourtant plus que ce sujet soit tabou.
Étant mère de deux filles, j'en saisis d'autant plus la gravité, il est anormal que les jeunes filles, de nos jours, basent leur image de la sexualité sur le plaisir unique de l'homme.
Mais un essai sur le plaisir féminin passera forcément par décortiquer en long et en large l'anatomie des femmes. Déjà quand j'étais étudiante, je préférais largement le français, les maths et l'anglais aux sciences. Et là, au lieu de lire des paragraphes entiers sur le point G, la taille du clitoris, l'urètre et/ou les glandes nécessaires à l'éjaculation féminine, j'aurais préféré résoudre une équation à deux inconnues.
De même pour les expériences de méditation orgasmique, de massage tantrique ou autres thérapies par la parole...
Je n'aime pas forcément tout expliquer, tout disséquer, j'aime parfois laisser la magie agir. Et je ne peux m'empêcher de penser que transformer le sexe en une procédure réfléchie et organisée peut aussi aller à l'encontre du but recherché, soit le plaisir.
Autre chose qui m'a perturbée, l'auteure revient souvent aux recherches (vaines) sur l'élaboration d'un Viagra pour femmes, mais le Viagra améliore la fonction érectile et non le plaisir. La comparaison m'a de ce fait semblé quelque peu biaisée, même si le fait est qu'il existe un médicament relatif à améliorer la vie sexuelle masculine, ce qui n'est pas le cas pour les femmes.
Les points positifs, car il y en a, bien sûr : l'essai est très bien documenté. On sent également que Sarah Barmak a pris son sujet à coeur. Sa prose est assez agréable, parfois malicieuse et complice, et tant mieux, je crois qu'un ton froid et didactique m'aurait laissée encore plus en dehors !
Mais clairement, 200 pages sur l'orgasme, je ne suis pas la cible.
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