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Un pur plaisir de lecture et un coup de cœur pour mon premier roman de Sandrine Durochat. Un polar noir qui reprend les grandes thématiques de l'ensauvagement de la société. En personnages principaux, Precious qui veut être calife à la place du calife et prendre le dessus sur Malik qui dirige ses affaires depuis sa cellule de prison. Un trio de flic pourri jusqu'à la moelle mais aussi Gabriel flic dépressif depuis qu'il pense être responsable de la mort d'un jeune manifestant. Il ne faudrait pas oublier la belle brochette de personnages féminins bien construite, qui ont toutes leur place dans un scénario cruel et violent à souhait. Un roman rythmé qui se joue sur une très courte temporalité puisqu'il commence un mardi à 4 heures du matin et se termine le lendemain à 13h. Au temps dire qu'il n'y a aucune perte de temps, que tout se joue au chronomètre avec des chapitres courts et intenses.
Tous les ingrédients sont réunis pour que la sauce prenne. Un braquage de fourgon blindé, un magot qui s'envole, un mort, de la drogue, du sexe et la banlieue morose d’Échirolles. Dans ce récit sans concession tout sonne juste, j'ai particulièrement aimé les passages où les flics ferreux montrent leur visage. Loin d'être uniquement une chronique sociétale à charge, j'ai éprouvé de l'empathie pour de nombreux personnages mais je dois avouer que les personnages féminins ont eu ma faveur. Parlons du style qui est percutant et incisif mais aussi singulier, ponctué de mots ou d'expressions qui apportent le petit plus qui fait la différence. Une écriture virile et un brin machiste qui m'a fait réagir et que j'ai admiré venant d'une femme. J'ai aussi apprécié les épigraphes bien trouvées qui donnent le ton du chapitre à suivre, un vrai régal. Je n'écouterai plus jamais L'envie de Johnny sans penser à Sandrine Durochat. Je recommande vivement ce polar qui dépote grave. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2022/03/05/39373136.html
Un fourgon blindé qui contient neuf millions d'euros est attaqué et l'un des assaillants tue un convoyeur.
Franck Hirsch, commandant à la PJ de Grenoble est sur le coup. Ce flic brutal et pourri jusqu'à la moelle compte profiter de ce casse raté et de la rivalité entre les deux bandes l'ayant organisé pour rafler une belle somme.
Gabriel Farge est lui aussi flic, ravagé par la mort d'un jeune manifestant, en pleine dépression et toujours entre deux cuites. Son flair de policier pas totalement éteint le fait se méfier de Hirsch.
Puis, au milieu de tous ces hommes violents, il y a Nina et Samia, compagnes de malfrats, Audrey l'avocate en difficulté et Karen la mère éplorée.
Je me dois ici de confesser quelques réflexes sexistes : lorsque j'ai commencé ma lecture, j'ai été saisi par la brutalité, la violence des faits, celle des mots qui claquent. C'est un récit extrêmement tendu, explosif, brûlant, j'allais dire viril, "sévèrement burné" comme disait une célèbre marionnette. Mais c'est une autrice, Sandrine Durochat, par ailleurs avocate qui est à l'écriture. A ma décharge, je n'avais lu ce genre de littérature policière nerveuse, à l'os qu'écrite par des hommes. Un grand merci à Sandrine Durochat de faire remonter en moi ces scories sexistes, moi qui me croyais au-delà de ça !
C'est un roman aux histoires qui se recoupent, qui vont vite, très vite. Les personnages sont tous à la dérive, les gangsters pourtant pas des tendrons de l'année, sont presque des gentils face à la triplette de flics emmenée par Hirsch. Seuls quelques-uns semblent pouvoir être sauvés, les autres sont déjà trop englués du mauvais côté de la vie, gangrenés par le mal. Et ceux dont on espère la rémission voire la guérison partent de loin, de très loin ; le trajet sera long, douloureux et laissera des traces indélébiles.
Malgré des scènes dures, de l'action permanente, Sandrine Durochat ne néglige pas ses personnages, ils ont des caractères forts, même ceux qui paraissent plus effacés. Elle les relie tous entre eux ainsi que les histoires qui les concernent avec talent sans que l'on se perde : la guerre des gangs, le grand banditisme, les narcotrafiquants, les flics corrompus. Ah, la vache, ça fait du bien de lire des trucs comme ça de temps en temps, ça décrasse les neurones !
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