"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le Murmure des hakapiks, La 3ème enquête de Joaquin Moralès, de Roxanne Bouchard, Lu par Paul Doucet, Kampus Media, 2021 (1ère édition : Les Éditions Libre Expression, 2021)
J’ai découvert cette autrice québécoise en début d’année et, depuis, je reviens avec un immense plaisir vers ses romans d’atmosphère dans lesquels la Gaspésie, une petite péninsule du centre-est du Québec, offre toujours un décor de huis-clos maritime et le monde des pécheurs est représenté comme un microcosme où les passions s’exacerbent.
Paradoxalement, un policier d’origine mexicaine, venu s’établir au Québec par amour. Dans le 1er tome, Nous étions le sel de la mer, nous l’avons vu accepter un poste en Gaspésie, sorte de pré-retraite, pour faire plaisir à son épouse. Malheureusement, elle ne l’y a pas rejoint… Dans le 2ème opus, La Mariée de corail, son fils venait habiter avec lui, en proie à de graves problème personnels… Un personnage cabossé, archétype du polar, mais cabossé avec une certaine originalité non dénuée de pertinence…
Cette fois, Joaquin Moralès, officiellement divorcé, a retiré son alliance et accepté de prendre quelques jours de vacances, pour naviguer, faire du ski de fond aux abords du Saint-Laurent et lire Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez. Oui, dans cette région, les trois sont possibles fin janvier : il neige, la mer est omni présente et la libraire n’avait pas d’écrivains mexicains en stock. Il embarque avec un collègue, Érik Lefebvre, et la psychologue judiciaire Nadine Lauzon
Nous retrouvons aussi Simone Lord, une autre protagoniste déjà croisée dans la série, à Cap-aux-Meules, Îles-de-la-Madeleine. Alors que le nordet menace, l'agente monte, à titre d'observatrice, sur le Jean-Mathieu, un chalutier en partance pour la chasse au phoque. Elle n'est pas la bienvenue à bord.
Un titre qui dépayse… L'hakapik est une arme d'origine norvégienne, conçue expressément pour la chasse au loup marin ; il est formé d'un bâton de bois orné d'une tête de marteau, utilisée pour écraser le crâne et d'un crochet, servant ensuite pour traîner la carcasse.
Une expression en forme d’oxymore… À quoi nous fait penser cet étrange murmure : à la plainte de la maman phoque dont on prend le petit, au grommellements des hommes qui ne supportent pas de devoir cohabiter avec une femme à bord d’un bateau, au grognement phallocrates des mâles, au gémissement de la femme blessée et terrorisée, au ronflement de ceux qui ne sont pas de quart… ?
Pour tout ce petit monde, la météo s'annonce rude.
Pour Simone Lord, cela va être un enfer : aux difficiles conditions occasionnées par la tempête s’ajoutent le sexisme, le harcèlement et la violence car l’équipage du Jean-Mathieu n’est pas sorti seulement pour pécher ou chasser…
Pour Joaquin Moralés, une page se tourne.
Une écriture poétique, une narration qui prend le temps de poser et de dévoiler, sans précipitation, des dialogues magnifiques où l’humour et l’autodérision s’allient à la justesse des émotions et à la violence des propos, la verve des expressions québécoises… Et puis, la colère de la mer et le froid de l’hiver …
Une narration en miroir qui sidère et embarque …
La version audio est un régal pour qui, comme moi, apprécie l’accent et les expressions québécoises.
#lesglosesdelapiratedespal
Frahchement installé en gaspesie l inspecteur joaquin morales est confronté à la disparition en mer d une patronne de chalutier homardier. TOUT porte a croire que la jeune femme , vetue de sa robe de mariée a été tuee. Son ecriture riche et imagée restitue parfaitement la beauté, la rudesse etl isolmeent de la gespésie noù le saint laurent se confond avec la mer. Morales s ' y confronte à un monde haut en couleurs de pecheurs, enqueteurs locaux et tenancieres de bars. Les personnages sont travaillées , et l inspecteur non content de devoir s acclimater aux us et coutumes locales, subit des deboires sentimentaux et familiaux. Un beau voyage, riche en decouverte et en suspense
La Mariée de corail de Roxanne Bouchard, lu par Paul Doucet, Vues et Voix, 2021 (1ère édition : Libre impression, 2020)
Récemment séduite par l’univers de cette autrice québécoise, j’ai naturellement poursuivi la série consacrée à Joaquin Morales, le policier d’origine mexicaine venu terminer sa carrière en Gaspésie.
Quand il est appelé à enquêter sur la disparition d’une capitaine de homardier, il hésite : en effet, son fils Sébastien vient tout juste de débarquer chez lui, saoul comme un homme qui a tout perdu. Mais lorsque le corps d’Angel Roberts est retrouvé, il ne tergiverse plus, car cette femme, c’est aussi la fille de quelqu’un.
Un titre poétique, immédiatement suivi d’un prologue percutant qui met en scène la victime au moment de sa noyade dans une mise en scène ophélienne, dévoilée pour les seuls lecteurs qui, longtemps, en sauront plus que les policiers chargés de l’enquête.
Angel, une femme exerçant un métier d’homme dans un milieu particulièrement machiste…
Un contexte d’enjeux économiques et sociaux, autour de conflits générés par des moratoires sur la pèche qui obligent toute la profession à se réorganiser.
Des parcours imbriqués dans le récit en lien avec les difficultés de communications entre les parents et les enfants, l’usure des couples, la fin de vie…
De l’expérimentation culinaire, un peu de danse, aussi.
Joaquin Moralès apparaît ici plus humain que jamais, empathique.
J’ai retrouvé et approfondi mes 1ères impressions après Le Sel de la mer : un roman d’atmosphère, des dialogues magnifiques où l’humour et l’autodérision s’allient à la justesse des émotions, la verve des expressions québécoises, une histoire dépaysante où les lieux sont mis en avant, une écriture qui prend le temps de poser les choses, de cerner les gens…
Une version audio de grande qualité pour le récit d’une incroyable conteuse.
En Gaspésie, aux confins de la péninsule du Québec, dans la Baie des chaleurs, vit une communauté des pêcheurs.
Une vie rude où chaque famille a perdu un des siens en mer.
C’est justement dans ce petit village, qu’arrive Catherine Day, jolie touriste qui attire l’attention et fait parler les habitants. Catherine en réalité est venue chercher des réponses et surtout découvrir qui était sa mère.
Mais voilà qu’un corps de femme est découvert ; il s’agit de Marie Galland, mystérieuse et libre qui allait et venait sur son bateau Pilar. Elle disparaissait vers le large au gré de ses envies, de ses humeurs. Accident ou meurtre ? C’est la mission de l’inspecteur Morales juste débarqué pour résoudre l’énigme, se prenant les pieds dans sa vie privée qui part à vau l’eau et que les habitants attendent au tournant.
Catherine de son côté va remonter le fil de ses souvenirs, découvrir qui était Marie Galland, faire ressurgir d’anciens malheurs « vous venez de loin pour nous faire du mal » lui disent les habitants.
Catherine trouvera-t-elle des réponses ? « Le temps est bien menteur pis l’émotion met du flou dans l’image ».
Un récit qui vous accroche, vous attache à ces pêcheurs, ces habitants mystérieux, de l’atmosphère, des états d’âme, des mensonges, des secrets, de la poésie et surtout la mer, le vent du large. Une fin à la hauteur du récit, émouvante et juste.
En bonus, des dialogues savoureux, on croirait entendre l’accent canadien, parsemé ici et là d’expressions savoureuses. « Saint Ciboire de Calisse », quel récit !
Une très belle découverte conseillée par une lectrice de mon club de lecture.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !