Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Essentiel, aux mille fresques pétries de fraternité, d’une humanité signifiante et réalisée.
Le privilège d’une lecture inestimable.
« Vers les îles », existentiel, l’heure pleine d’écouter Randolph Stow conter dans une langue virtuose, un périple de luttes et d’espoirs, de vives camaraderies, et des déchirures insurmontables.
Ici, tremble le poids des vies et la rigueur de la quête. Les rancœurs à l’instar de soupirs dans les bordures d’îles mentales.
L’Australie-Occidentale lève son voile empreint de sens et d’essentialisme, en 1950 dans la région des Kimberly.
Heriot est un vieil homme rigoureux et mélancolique. Il dirige une mission anglicane depuis une décennie et pensait l’autre à son image en parfaite adéquation.
Il pressent le trouble de la fin. L’exaucement entre l’esprit et la terre, entre les Aborigènes et lui-même. Les minutes oscillent et changent le cap de ses pensées. Il est ici, splendide, triste, désabusé et perçoit les vacillements de ses forces et de ses convictions. Il interpelle les échos, corne les pages finales, dans une dignité où la beauté révèle ce qui fut.
Ce récit est l’empreinte d’un voyage intérieur vers les îles. Un cheminement initiatique dont la signifiance fait grandir le lecteur.
On ne lit plus. On apprend de Randolph Stow, ce jeune écrivain de vingt-trois ans. Heriot en pèlerinage, si haut, si loin, si près des énigmes, dans cette compassion pour l’autre, les Aborigènes. Il est l’emblème des explorations intérieures. Il faudra un choc, une confrontation avec Rex, l’emblématique symbole de ses chutes.
« - Ça s’peut je fais le trouble main’nant. Tous les gens ici c’est mes amis, ils aiment pas ça que tu me renvoies.
- Ils ne sont pas si nombreux, Rex...
- C’est mon pays, frère.
«-Ça n’est pas la raison.
- Ne m’appelle pas frère, tu n’es pas mon frère. Tu as tué ma petite fille, mon enfant.
- Je regrette devant Dieu, dit Heriot que Stefen ne t’ait pas tué.. »
Heriot est face à la fenêtre fissurée. Son existence au cœur même de cette communauté, vacille de par ses propres contradictions. Il n’y a plus une même langue, seule la compassion lui somme de partir tant qu’il est temps encore, avant la fin de la fraternité.
Il est un roc qui s’effondre de l’intérieur. Le pouvoir renversé, ses gestuelles et ses paroles devenues sourdes et aveugles pour le prochain.
Suite à un drame qui le laisse condamnable, la peur qui l’inonde, le regret infini, sans pardon pour lui-même il part vers les îles.
« Les îles dans la mer. Où l’esprit va. L’esprit des morts, tu sais, bangame. »
Traverser les vagues de ses fautes, l’élixir de repentance, sa foi en déroute dans les rides du temps.
L’épopée, ici, est le chant des hommes, la vérité à nue. Les intériorités en devoir de rédemption.
« Vers les îles », un périple salvateur, un pas après l’autre, vers l’insularité qui octroie la renaissance. «Îles des morts », entre les falaises et déserts, la faim et la soif, Justin son ami qui l’accompagne dans le chemin des conclusions.
« -Je répugne à m’arrêter. J’ai soif d’horizon. »
Rex qui chevauchera jusqu’à rejoindre ces ombres filantes dans la nuit. Laissé pour mort et blessé par Heriot, la concorde gagnante, la connivence en absolution. Rex est dans ce hors temps et hors espace, où les réconciliations sont des vallées , des prières, des regards.
« Je ne veux rien, dit Heriot. Quand nous n’aurons plus rien, alors nous pourrons être égaux. »
« On ne peut pas s’empêcher d’être né, camarade. »
« Il se détourna, les yeux pleins de collines lointaines. »
« Vers les îles », la littérature spéculative, dans cette capacité exhaustive, l’exil regain.
C’est un livre stupéfiant de rectitude et de loyauté. L’exaltation des lumières intérieures.
Charnel et magnétique, poignant et le sacre d’un cheminement vers son propre sommet.
« J’étais un fils du soleil ».
Un chef-d’œuvre monumental. Un bouquet d’altruisme.
Traduit de l’anglais (Australie) par Nadine Gassie. Une splendide couverture de Gabrielle Ambrym. Publié par les majeures Éditions Au vent des îles.
Vertigineux, incontournable. Ouvrez-le, lisez-le, plus rien ne sera comme avant cette lecture polyphonique.
Les voix annoncent, dévoilent l’idiosyncrasie d’une île de Papouasie, celle de Kailuana, australienne. Les habitus, les étoiles dans les yeux, les battements d’ailes d’une île empreinte de force, de ténacité, de courants d’air et d’évènements qui vont tout brusquer.
On aime l’aura d’Alistair Cawdor. Cinq témoins sont interrogés par l’administration coloniale. Apprendre le nom : Alistair Cawdor. Dévoiler cet homme emblématique. Chacun (e) apporte sa pierre à l’édifice. Du sable en main qui va s’écouler. L’épars d’une vie entre leurs lèvres. Le rideau se lève sur un récit d’une beauté inouïe, doux et triste. Intransigeant de par son style, magnifique et engagé, précieux et inclassable. La poésie comme un chant triste. Le déroulement de la vie d’Alistair Cawdor et tout ce qui a contré ou enchanté cette île d’une fraternité exemplaire. Un homme debout. Une figure inestimable et érudite. Un être épris de valeurs. Des myriades de délivrances. D’aucuns somment. Tous dévoilent une île et ses risques et complications. Jusqu’à cette machine-étoile aperçue en pleine voûte lactée et qui a dévoré trois des leurs. Serait-ce un mythe ? La vérité ? Une métaphore ? La trame est époustouflante.
« La lumière tombe à travers les persiennes, toute verte de feuilles. La piste de ses pas brille sur les nattes. Si tu ne savais rien de cette maison, tu saurais quelque chose de lui par ce scintillement. Tu dirais : il y a quelqu’un ici qui marche, marche entre les persiennes ».
La narration est un parchemin. L’imprévisibilité de l’advenir. Le temps présent tiré au cordeau. Les voix chorales sont des fleurs qui s’entrouvrent subrepticement. Les parfums comme des illusions. La beauté comme point fixe. Alistair Cawdor, par lui tout arrive. L’électrochoc des dires et Randolf Stow élève ce macrocosme verbal avec une maîtrise au paroxysme des possibilités. L’art majeur et les connaissances exquises de cette île sont ici souffle réel et d’une valeur spéculative. L’île est l’épicentre de ce récit fabuleux et protégé, comme un parc naturel classé. Les rémanences des paroles annonciatrices sont un chant méconnu des lecteurs. On est sonné sous le charme et cette capacité extraordinaire (c’est bien le mot), d’écriture.
C’est le culte qui retourne le sablier. Magistral et dans cette temporalité, chère à la littérature. « The Visitants » est un chef-d’œuvre indescriptible. Ce serait le trahir que de dire son poids immense sur nos vies. Julian Randolf Stow a publié ses premiers poèmes à l’âge de six ans. Il reçoit une deuxième Médaille d’or de la Société littéraire australienne, ainsi que le Miles Franklin Award : prix littéraire le plus prestigieux d’Australie. Il est salué par la critique comme « le plus invisible des grands romanciers australiens du XXe siècle ».
« The Visitants » est salutaire. L’épiphanie d’une île et de ses hôtes. Époustouflant, il est une chance éditoriale hors norme. Traduit à la perfection par Nadine Gassie. L’introduction par Drusilla Modjeska « Ils apportent leurs quelques-choses » est apprenante. On aime retenir cette dédicace d’Alistair Cawdor sur un livre « Histoire de la conquête du Mexique » laissé pour Dalwood avant son suicide : « Ne regrette rien. Tout ira bien, oui, toutes sortes de choses iront bien ».
Le génie littéraire !
Publié par les majeures éditions Au Vent des îles.
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