Un roman subtil et sensible qui nous rappelle les défis de toujours.
Un roman subtil et sensible qui nous rappelle les défis de toujours.
Gouffre du diable, Jura, 1911. Une femme implore le ciel ou l’enfer de la débarrasser de l’enfant qu’elle porte.
Jura, 1923. Rejetée par son père qui l’accuse d’avoir tué sa mère, Aloïse grandit en marge de la famille, enfant sauvage qui se nourrit de baies et pose des pièges dans la forêt.
Île-de-France, 1967. Amalia emménage dans un nouveau lotissement. Après avoir grandi dans une ferme, au milieu des bêtes et des odeurs, elle touche enfin le bonheur du doigt, dans un environnement aseptisé, une nature domptée.
Genève, 2007. Vivian vient de perdre sa mère. Son deuil est douloureux, elle se sent vidée, anesthésiée. Désormais seule, il ne lui reste plus que son beau-père qui l’invite fréquemment dans le jardin ouvrier qu’il cultive avec amour.
Patagonie, 2007. Catherine plante des arbres. Une entreprise de reforestation, comme un combat contre des moulins à vent, tandis que les exploitants forestiers continuent de scier, d’abattre, de brûler des arbres.
Quatre femmes liées entre elles par les liens du sang, ou plutôt les liens de la sève qui coule dans leurs veines. Quatre femmes issues de la même tige et qui ont forcé le destin pour s’épanouir. Quatre femmes avec leurs démons, leurs blessures, leurs rapports à la nature. Celle-ci est d’ailleurs le cinquième personnage de l’histoire. Du rapport primaire, presque bestial d’Aloïse avec la terre, les plantes, les animaux aux tentatives d’Amalia pour la contrôler, la domestiquer, la nature est omniprésente, mère nourricière, respectée ou bafouée.
Comme un fil rouge, le gouffre du diable est le symbole de ce que l’homme fait subir à son environnement. Qu’on y enfouisse des cadavres d’animaux ou les obus de la grande guerre, on croit qu’il garde les péchés et les secrets au plus profond de la terre mais le mal s’infiltre, polluant les eaux, faisant remonter à la surface les crimes du passé…
Roman choral, subtil et tendre, Inflorescence est le roman d’une lignée qui se fait par la sève, la preuve d’un atavisme de la terre qui transcende les générations, affleure plus ou moins selon les personnalités, mais ne s’éteint jamais. Un beau livre féminin et terrien.
Livre lu dans le cadre du Cercle livresque. Je remercie Lecteurs.com et les éditions La Braconnière.
Desoler du retard pour l avis ,oui il est très très bien j ai bien aimer, en désespoir de se qui lui arrive on se raccroche a plusieurs choses, a travers ses femmes est leur vies pas toujours facile a lire vous ne serais pas decue
Un très beau titre, « Inflorescence » ; s’agit-il d’un roman lié aux conditions des paysans ? Un panégyrique de la nature ? Voire de la condition féminine ? Ou bien du rapport de l’homme face à la nature ? ; certes non. L’ambition de l’autrice, suggère une portée éminemment plus grande. Sans doute, une symbiose entre tous ces paramètres.
Le dénominateur commun en sera la narration, sur l’échelle du temps de plusieurs générations de femmes. Ainsi s’inscrivent faits et méfaits sur différents sujets qui s’alignent, se déroulent, tels que : la vie la mort, l’amour.
La vie démarre et continue : Aloïse dans le Doubs, Amalia dans la Seine-et-Marne, Catherine en Patagonie, et Vivian à Genève. Au début, était la dure litanie du travail de la terre, avec ses contraintes, ses injustices, aussi bien envers les adultes que les enfants. Petit clin d’œil à Zola, Giono. Enfin, afin de cesser de subir l’esclavage domestique, ces femmes n’ont comme seul exutoire que de briser leurs chaînes et de partir afin de se reconstruire ailleurs. Ainsi en sera-t-il pour Catherine, qui foulera les terres de Patagonie ; et luttera pour la protection des indiens Mapuches et contre la destruction des forêts originelles. « En effet rentabilité et arbres centenaires, cela ne va nullement ensemble, ce n’est pas le même monde ». Pour Amalia, la vie ne peut se concevoir qu’en tant que nudité des objets, et surtout des insectes. Une phobie ; qui ne la quittera pas. Enfin pour Vivian, qui se cherche, sans vraiment se l’avouer, une opportunité pourra peut-être lui permettre de connaître sa parentalité ! La notion de famille, peut se perdre dans le tunnel de l’oubli, mais la lumière de la conscience la fera réapparaître. Ainsi, Raluca Antonescu, résume cette notion par cette métaphore sur l’inflorescence : un petit élément indissociable d’un tout et nécessaire à l’enchevêtrement de l’ensemble.
Tristesse, désillusion mais lutte pour la survie ou l’abandon ; qu’il est difficile de trouver sa place dans ce monde. Sans nulle doute, l’arbre, la fleur et le fruit représentent pour ces femmes un lien indissoluble, malgré les distances. De même le jardin sera le symbole de la résilience. Car « un jardin est la mémoire de la beauté », un moyen de s’évader…de planter l’avenir !
Également, surgi régulièrement le thème de la noirceur, par le biais du Gouffre du Diable ! Toutefois, il convient de noter qu’il s’agit d’un fait réel et indéniable. Le gouffre de Jardel (Jura) était un charnier pour les animaux morts, avant de devenir, en 1923, une décharge pour plus de 3 000 tonnes de munitions. Et voilà que se mêle la fiction et la réalité : la folie des hommes serait donc infinie !
Une fresque qui déroute au début, Raluca Antonescu, multiplie les allers-retours, entre les personnages, les lieux, les époques…Puis nous arrivons, enfin à nous attacher à ces destins, à suivre leurs péripéties, mais surtout à appréhender leurs décisions, car celles-ci distillent avec parcimonie les raisons et sentiments de ses personnages. Cependant, un sentiment de non-dits m’a gêné dans le fil de ce récit.
Un roman sensible et subtil, qui donne libre cours à notre imagination, et nous rappelle les défis de toujours. Dont, notamment l’altérité, que nous ne savons toujours pas résoudre depuis la nuit des temps.
Je remercie Lecteurs.com et Les Éditions la Baconnière pour cette découverte.
« Inflorescence » est le livre de l’arborescence. Un récit au souffle rare, puissant, edelweiss infaillible. Ce chef-d’œuvre est un futur classique. Prenez soin de ce kaléidoscope, hymne aux femmes. Inflorescence, flamboyance, bien au-delà des signes annoncés, la venue du premier bourgeon majuscule d’une trame de haute voltige. « Le Gouffre, Jura 1911 ». Abyssal, craintes et mystères, ce dernier happe les errements des âmes, les pêchés, et les soupirs.
« Même à bonne distance, elle crut sentir les relents putrides qui remontaient du trou. Cet endroit était malsain. « Le Gouffre du Diable », le nommait les gens, ce n’était pas pour rien. »
« Le Gouffre du Diable » traverse les époques de ce récit. De l’appel à l’infanticide, charniers d’animaux, militaires inconscients charriant dans le gouffre les armes, les obus. Fin de la guerre, la bête avale tout sans un mot, soumise et silencieuse. L’inflorescence du nauséabond. Attention ! l’histoire est captivante, marée basse et envergure. On peut marcher tranquille, pas de ressacs, mais le sublime d’une nature qui accroche ses flambeaux sur l’apothéose des renaissances. Retenez ces prénoms : Vivian, à Genève, Catherine en Patagonie, Amalia dans La Seine-et-Marne et Aloïse. Femmes entrecroisées dans l’émouvante résurrection verdoyante. Au centre de ce récit, le jardin symbolique dont chacune puisera l’essentialisme sans même se douter un instant de cette chance inouïe. Aloïse petite fille boiteuse, rejetée par son père, la jugeant responsable de la mort de sa mère lors de sa venue au monde. Poulbot abandonné en chemin, pierre en pleine tête. L’inflorescence viendra dans l’heure pleine d’un jardin, et là, on ressent le parfum d’un théologal. Que dire de Vivian, citadine, contemporaine, fragilisée, main cachée et pour cause. Son jardin sera un don. Métaphore, l’éclosion d’une fusion avec son beau-père que l’on aime de toutes nos forces.
« C’est ton jardin qui m’endort, lui dis-je, en m’étirant la nuque. -Merci. C’est un compliment pour le jardin, répond-il en souriant… « Je suis comme une de ses plantes, une vie immobile qui se laisse agiter par les éléments extérieurs. »
Catherine vit en Patagonie. Elle est le regain des forêts. Planter des arbres, se battre contre la déforestation. Son cheval de bataille, les forêts exutoires.
Amalia réfute toute plante, toute racine et tout microbe. Un corps stérile, lisse et aseptisé. Pourquoi ? Dans les rives de cet écrin bercé de fleurs, l’apothéose de la nature, jardin à bâtir, citadelle et Babel se trouve L’inflorescence des renaissances. Ce majestueux livre dont je verrai bien un film est émouvant, une leçon de vie, brassées d’éternelles. Les sentiments sont des entrelacs, pétales et duvets. Les histoires de vie, tiges dressées, la tête face au ciel, altières et désignées. L’écriture de Raluca Antonescu est essentialiste, profonde et magnifique. Le gouffre, l’encre qui change de couleur. « Inflorescence » est tremblant de sincérité. Prenez soin de Suzie, maîtresse des lieux.
« Tu verras. Ce que je peux te dire, c’est qu’elle est très lumineuse, comme toi. Et elle a trois couleurs… »
Taire els chuchotements, la sève montante, l’intrinsèque. Microcosme d’un jardin initiatique. Une prouesse littéraire hors pair. Magistral. Publié par les majeures Éditions La Baconnière.
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