"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Suite à une tentative d’assassinat sur un riche trader, le commissaire Van In se trouve embarqué dans une enquête entre trafic d’arme, mafieux russe et bordel de luxe.
Une histoire qui nous mène en Belgique.
Des personnages auxquels je n’ai pas spécialement adhéré.
Une intrigue un peu confuse.
Un polar qui ne m’a pas emballée sans me déplaire non plus.
Je ne pense pas en garder un souvenir impérissable.
Voilà une série (17 enquêtes ont déjà été traduites en français, mais avec le dernier opus, rédigé à quatre mains, publié en 2017, on en est actuellement à 40, ce qui laisse encore de la marge…) de policiers que je trouve absolument jouissive. Les histoires sont d’une facture très classique, ce n’est pas haletant, on n’est pas en présence d’un page-turner à l’américaine, c’est sûr, on s’inscrit au contraire dans la grande tradition du polar à l’européenne – Pieter Aspe est souvent surnommé le « Simenon flamand ».
Le personnage du commissaire Pieter Van In, bourru, un peu cassé, qui noie dans la Duvel sa mélancolie récurrente est très attachant. L’air de rien, il est profondément humain, avec tout ce que cela implique de rébellion contre l’ordre installé, et ses injustices. Avec Versavel, homo assumé, pris dans ses histoires de mecs – au fil de la série, on le voit se débattre entre Frank, son « officiel », et des tentations de passage -, ils forment une équipe de choc. Van In, lui, retrouve avec Hannelore une nouvelle vie assez inespérée – mais qui ne va pas sans de sérieux accrochages, des crises, et, heureusement, de jolies réconciliations !
Mais Pieter Aspe nous trace aussi le portrait de Bruges. Je ne sais pas si vous avez déjà eu l’occasion de visiter cette ville, très belle, incontestablement : moi, j’ai eu l’impression de visiter un musée, figé, froid, un peu distant. Avec cette série, Pieter Aspe nous la montre dans toutes ses dimensions, avec ses réseaux d’influence, ses intrigues politiques, sa bourgeoisie « collet monté », ses turpitudes, ses pas de côté. La ville est presque un personnage en tant que tel, dans cette série.
Alors certes, les intrigues ont souvent une trame commune : ce sont en général les turpitudes de la bourgeoisie, des politiques ou de la haute administration qui sont mises en avant. Mais j’y ai toujours trouvé suffisamment de variété pour ne pas avoir l’impression de relire à chaque fois la même histoire. Et il y a toujours une forme d’humour très belge, faite d’ironie et de prise de distance, qui est assez réjouissante. Dans une critique publiée sur Babelio, Pieter Aspe est comparé à Arno, et je trouve une grande justesse à ce parallèle. Alors, si vous êtes sensibles au temps qui passe, aux ambiances, et pas uniquement aux rebondissements d’une intrigue haletante, pourquoi ne pas essayer un petit Van In ?
Caressée par le doux soleil de l'été indien, Bruges s'apprête à accueillir Hibrugia, une exposition d'art hispanique où figurera, entre toiles de Goya et Velazquez, Guernica, le célèbre chef-d'oeuvre de Picasso qui n'a jamais quitté l'Espagne. Le jour de l'inauguration, le Premier ministre espagnol, en personne, sera présent, accompagné de sa famille. La Municipalité et la police de la ville sont sur le pied de guerre. Le monde a les yeux braqué sur la Venise du Nord et un vol de tableau serait un événement fâcheux. A la tête de l'opération Torquemada chargée de la sécurité de l'exposition, le commissaire Van In est à la fois perplexe et soupçonneux lorsqu'un homosexuel se fait proprement tabassé sur le rivage du Lac d'Amour. Le fait n'est pas inhabituel mais le jeune homme se trouvait en possession du plan de sécurité des musées de la ville. L'attention en alerte, Van In voit la situation dégénérer. Le blessé est achevé sur son lit d'hôpital, Le Jugement dernier de Jérôme Bosch est dérobé contre rançon et l'ETA préparerait une action sur le sol brugeois. Il faudra au commissaire toute sa perspicacité et l'aide précieuse de son épouse, substitut du procureur pour faire la lumière sur cette affaire et éviter le pire.
On ne lit pas forcément une enquête du commissaire Van In pour la qualité de l'intrigue et le suspense insoutenable. C'est surtout Bruges qui retient l'attention et Pieter Aspe sait mettre sa ville en valeur. Et encore une fois, la visite est réussie entre ruelles pavés, musées, églises et une promenade autour du lac d'amour. Mais il a aussi soigné son sujet, le mâtinant d'une touche d'exotisme avec l'intervention d'un groupuscule issu de l'ETA. Il est aussi question d'art, d'amour, de trahison et de vengeance...Le tout reste classique, surtout concernant les personnages récurrents. Van In et Hannelore, fidles à eux-mêmes, sont de plus en plus insupportables. Elle, jalouse au-delà du raisonnable, lui, se tuant à petit feu à coup de Duvel, les deux ne pensant qu'à la chose et la pratiquant à toute heure et en tout lieu. Cela reste tout de même sympathique et divertissant.
A Bruges, le commissaire Van In s'occupe du cas de Miriam Dobbeleare, une adolescente victime de viol. Mais l'affaire tourne court, la jeune fille ne porte pas plainte, incitée au silence par son père, un huissier très connu de la ville qui craint pour sa réputation. Contrarié, Van In enquête tout de même, alors qu'il est chargé d'une affaire de meurtre. Sur la plage entre Zeebruge et Blankenberge, un promeneur matinal a découvert un corps ensablé, la tête dévorée par les mouettes. En collaboration (forcée) avec la PJ, Van In et son bras droit, Versavel, remontent une piste qui implique quelques notables de leur bonne ville de Bruges.
Pour sa septième enquête, Van In ne sort pas des sentiers balisés par Pieter Aspe : corruption, chantage, sexe et magouilles dans la bonne société brugeoise et en fond sonore, scènes de ménage avec Hannelore, sa belle épouse qui aimerait un peu plus d'aide au quotidien dans la tenue du ménage et l'éducation de leurs jumeaux. Mais à l'aspirateur, le commissaire préfère la pinte de Duvel à l'Estaminet, son QG pour réunions de travail arrosées. Pourtant, son goût prononcé pour l'alcool n'entame en rien sa détermination à mettre derrière les barreaux les élites corrompues de son pays. Rien ne l'arrête dans sa quête de justice, ni le danger, ni les procédures qu'il contourne allègrement, ni même un voyage jusqu'à Rome pour trouver des réponses.
Si l'on retrouve avec plaisir le commissaire brugeois et son équipe, on se finit par se lasser de leurs enquêtes où les notables n'en finissent pas de forniquer et de s'en mettre plein les poches. Tout comme on en a assez des disputes du commissaire et de sa compagne qui, au début étaient drôles, mais deviennent ridicules au fil du temps. Bref, pour les amateurs de la série, cet opus classique reste plaisant mais on voudrait un peu de renouvellement dans les intrigues pour continuer à la suivre avec autant d'intérêt qu'au début. Wait and see...
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