"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Peut-on découvrir un pays par le prisme de ses garderies d'enfants ? Drôle de question. On pense plutôt à ses restaurants, ses bistrots, ses musées, ses librairies... L'auteur lui-même n'imaginait certainement pas ce que cette expérience non préméditée allait lui révéler. Et de mon côté, j'étais loin de me douter à quel point cette lecture allait me faire sourire, méfiante que je suis dès que l'on me promet un texte drôle. Peut-être parce que ce récit n'est pas seulement drôle. Le décalage offert par le prisme de l'humour permet d'explorer un certain nombre de vérités et de dessiner le portrait à la fois tendre et féroce d'un Québec plus fermé que ne le laissent penser des abords souriants et accueillants.
L'auteur raconte donc son expérience d'écrivain français fraîchement installé à Montréal par amour et donc, sans beaucoup de ressources. Nous sommes en 2017, le premier ministre s'appelle Couillard et le Québec n'échappe pas à une vague d'austérité plombante. Pierre est très facilement recruté en tant que remplaçant dans les garderies de la métropole. Malgré son inexpérience auprès des enfants, le voilà donc lâché au milieu de bambins pleins de vie, dans des situations complexifiées par les multiples langues et pas seulement le bilinguisme du territoire. En tant que remplaçant, il tourne au gré des besoins dans les différents quartiers de Montréal ce qui lui offre très rapidement un aperçu des enjeux communautaires et des disparités de classes sociales, comme dans toute grande ville dans le monde.
De cette expérience, l'auteur tire une matière à la fois riche et originale, mêlant mots et comportements infantiles, découverte du vocabulaire québécois et analyse des styles de vie. Tout ceci sur fond de restrictions budgétaires, manifestations, débrouille et revendications. De son poste d'observation affleurent les problèmes du multi-culturalisme, un racisme plus ancré que ce que l'on peut imaginer vu de l'autre côté de l'Atlantique, le poids de l'histoire du territoire vis à vis de ceux qu'ils nomment "les autochtones". Et bien sûr les inévitables inégalités que l'on devine d'après les discussions des gamins ou les comportements des parents qui les déposent, les enfants de médecins qui reviennent de vacances "dans le sud" tandis que les enfants d'infirmières se contentent d'en rêver. Pourtant, tout est matière à sourire, par la grâce d'une expression innocente de gamin, du ricanement ironique de deux français échangeant leurs impressions autour d'une bière ou du ridicule d'une situation. Sans compter le bonheur de la découverte de quelques particularités linguistiques (saviez-vous que là-bas on dit "pure laine" au lieu de "pure souche" ?)...
Une escapade tendre et mordante, mais pas innocente.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
« Personne n'ose le dire, mais les enfants, en vrai, c'est une bande skins dans une ruelle. Tu te fais marave. »
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Très clairement, les occasions de se marrer ne sont pas légions en ce moment. Donc quand un bouquin te fais éclater de rire, tu te dis que la solution à tous les problèmes est encore et toujours dans les livres.
J'espère que personne ne me filmait pendant ma lecture de « Ça fait longtemps qu'on s'est jamais connu » car je me suis bidonnée, seule devant cette douceur que l'on doit une fois de plus à Quidam Éditeur.
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Par amour, Pierre est parti s'installer à Montréal. Il est écrivain mais comme ça ne nourrit pas son homme il se fait embaucher comme remplaçant dans les garderies.
Le voilà encerclé par les enfants, encerclé par d'autres éducateurs, le voilà enfin à la rencontre du Québec.
Mêlant galerie de personnages, mots d'enfants, réflexions sur son pays d'adoption, Pierre Terzian nous offre un moment vivifiant, tendre et social.
Vivifiant comme la vie au grand air, comme les savoureuses expressions québécoises, comme les phrases d'enfants que l'on ne peut pas inventer.
Tendre et social comme le regard qu'il porte sur ses collègues éducateurs, sur un système qui délaisse les plus fragiles, sur la mixité culturelle.
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Portrait d'une société, portrait décalé, poétique et hilarant, ce livre fait du bien et devrait être actuellement remboursé par la Sécu.
Du soleil plein les bras ! Réjouissant, captivant, « Ça fait longtemps qu’on s’est jamais connu » est une perle rare. Lumineux, d’un réalisme avéré, on ne peut baisser les yeux. On est pris au piège dans ce grand livre subtil, superbement intuitif. Bouleversante, la teneur œuvre. L’émotion est si vive que l’on est en transmutation, en plein chant glorieux dans l’idiosyncrasie enfantine. Tendre comme du pain frais, des farandoles de dessins d’enfants, dans un filigrane d’orfèvre. Le rideau se lève. Pierre Terzian est un passeur. Il offre la vie, l’authentique, pas n’importe où, ni comment. La construction de ce récit original et contemporain est maîtrisée à l’extrême. Nous sommes avec lui, dans ce Québec dans l’antre de l’enfance. Symbole d’une humanité, papier calque en nos mémoires. Tout retenir de ce cahier du jour. Un écrivain français (suivez mon regard) « Pierre Terzian » fait de l’intérim. Il doit se rendre dans des jardins d’enfants, garderies, monde stellaire, pour palier à un manque de personnel. Nous pénétrons dans un corpus sociologique par la grande porte. « Nous y voilà. C’est un bloc de trois étages de briques brunes, à Verdun, un quartier populaire du sud-ouest de l’île de Montréal. » Et là, les images s’affolent, les enfants (petits bambins) sont cadencés dans un rythme journalier où il faut être expérimenté pour mener à bien une journée en compagnie de ces petits estomacs sur pattes. Même pas peur ! même pas mal ! Les saveurs verbales sont à l’instar des babillages. On éclate de rire, on pleure, le sérieux fait des nœuds dans la gorge. Pierre est doué, l’auteur observateur et altruiste. Il délivre son expérience, bouée de sauvetage lancée au fronton d’une politique qui broie les aides sociales. Cet écrin dévorant est une ode journalistique. Des témoignages cruciaux sur une société fragmentée, dont les stigmates sont des cheveux devant les yeux des petits bouts. « C’est pas si pire finalement. C’est même le fun, parfois. J’aime les enfants. l’enfer, c’est les adultes. Les enfants d’où ils viennent sont comme moi. Consommateurs moroses, citoyens désespérés. » On aime les mots d’enfants, les bouilles endormies, les câlins perlés, les traits tirés et les larmes faciles. Les bagarres, les jeux, les corbeilles de tendresse. L’authentique ici, est la fraternité des cœurs. Les animateurs sont des battants, des glorieux. Les lézardes des différences sociétales s’estompent. L’équité est glaise. « Moi je suis toujours le même. Quel que soit le groupe. J’arrive comme je suis et je tricote une journée. Je m’accroche aux bouées. La routine, comme ils disent n’est pas un mot déprimant. C’est la colonne vertébrale, le cadran solaire, la pulsation des murs. La routine. » Ces petits êtres deviennent citoyens. Ils ont cette part de chance d’être dans l’exactitude des belles relations humaines. Même si au dehors les murs tremblent, les billets doux, les paroles enfantines sont des flocons de neige qui perdurent. On aime : « Je pense qu’il faut que je me digère. (Marina lourdeur) » « Dans mon film, à ma maison, Peter Pan, c’est moi ». (Anthony. Verfremdung) » Des signaux sont lancés subrepticement par Pierre, l’auteur tient la main et les sciences humaines s’alignent en diapason des caisses à jouer rangées fébrilement. Tout s’emboite à l’instar des poupées gigognes. En cosmopolite fusion les enfants sont l’utopie d’une Babel maternante. Les origines, les disparités sociales alourdissent leur manteau de laine, gercent leurs petites mains sous cette épaisseur neigeuse. « Elle va aller loin cette petite. C’est la seule qui est normale dans ce groupe, asti. Tous des futurs BS. Un BS (Bien-être social) est un Rmiste. » Lisez ce récit, offrez- le, déposez le dans les garderies, les écoles maternelles, les centres sociaux, mais surtout prenez soin des rayons de lumière qui tournent dans les pages. « -Moi, là je suis en train de grandir. (Monica, goutte d’éternel) » Nous aussi ! Merci Monsieur Pierre Terzian !!! Publié par les majeures Editions Quidam éditeur.
Un livre surprenant qui nous plonge dans la culture québécoise mélangeant les langues françaises et anglaises.
La 4ème de couverture nous donne un aperçu du contenu avec une compilation de journées de travail effectuées par le personnage principal, Pierre, un écrivain français, dans le secteur des garderies et de la petite enfance. Une compilation donc diverses anecdotes, un peu comme un carnet de bord plus ou moins articulé. Le ton est léger et désopilant, avec quelques sourires de temps en temps face aux différentes situations vécues par le personnage de Pierre.
On arrive à aussi à se mettre parfois à sa place notamment dans la difficulté à s’occuper d’enfants lorsque ça n’est pas notre métier à la base. On le voit aussi observer et comprendre cet environnement professionnel avec sa dureté et ses fragilités et une dureté. Un environnement où l’on peut être remercié du jour au lendemain sans explication.
J'ai toutefois eu un peu de mal car je n'ai pas trouvé de fil conducteur et je n'ai jamais vraiment pu m'accrocher à la lecture, ni de ressentir d'émotions particulières. Je vois ce livre davantage comme une lecture de vacances, de salle d'attente, comprenant des citations isolées, certains mots ou groupes de mots présentés avec une taille de police de caractère beaucoup plus grande, quelques illustrations (panneaux d'indication par exemple).
Un livre qui pourra plaire et j'ai hâte de lire aussi des avis avec des lecteurs qui auront eu un éventuel coup de coeur.
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