"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il faut bien l’avouer, c’est le nieme livre sur la Shoah que je lis depuis mes 16 ans, impossible de les compter ! Et malheureusement à chaque fois, chacun apporte quelque chose de nouveau à ma connaissance, un détail qui m’avait échappé, une réflexion personnelle, la réaction inattendue d’un nazi ou d’une prisonnière .
Après une très légère déception au début de ce livre, j’ai été happée par la forme qu’a prise ce petit livre, petit par le nombre de pages, mais grand par la vision très personnelle détaillée qu’il a développée.
La reconstruction après le camp est aussi présente et tout aussi documentée que la dénonciation dont la famille a fait l’objet ; Récupérer son appartement, rendre visite à sa famille, celle qui reste mais qui a vécu sa propre guerre et ne veut pas entendre parler des camps, rentrer et se retrouver seule dans une foule anonymisante, vous repoussant encore dans une sorte de camp, celui des rescapés.
Ce livre est essentiel, comme tous les autres et de par son petit format, je le proposerai à mes petits enfants les plus jeunes, quand ils atteindront l’adolescence pour qu’eux aussi, ils sachent !
Les tout derniers « rescapés » vont partir, lâcher la rampe à laquelle ils se sont accrochés pour faire mentir la volonté des nazis, nous ont montré comment faire, à nous de poursuivre leur combat .
Merci donc à Madame Wallach et à Pauline Guena pour leur travail en commun
Léan est journaliste, rubrique des faits divers. Lui qui rêve de journalisme politique ne se doute pas encore qu’une affaire pourtant misérable va bousculer sa vie. Le patron d’un bar miteux a été abattu dans la nuit. Les caméras de surveillance ont tout filmé, le coupable est un certain Marco, tueur à gages chevronné qui n’a cette fois pris aucune précaution pour se couvrir. Il y a aussi un témoin, Reine, la jeune femme qui travaillait au bar. Mutique face aux interrogatoires de police, elle porte sur le corps de nombreuses traces de sévices. Il apparaît très vite que cette Equatorienne exilée en France vivait exploitée et maltraitée par le bistrotier, un homme violent impliqué dans divers trafics, et que c’est l’amour qui a inopinément poussé le tueur à abattre le tortionnaire. Un crime sans préparation, sur le point de faire tomber ce jusqu’ici insaisissable professionnel du meurtre sur commande.
Ce qui frappe dans le récit, c’est d’abord l’extrême réalisme des scènes et des personnages. L’auteur est scénariste, en plus d’avoir suivi, il y a quelques années, le quotidien de la PJ de Versailles. Quelques plans suffisent pour suggérer, autour de la scène de crime, d’abyssales ellipses de violence et de noirceur que les enquêteurs de police avec Reine et notre journaliste en ce qui concerne Marco vont chacun de leur côté nous aider à combler. Les parcours respectifs de Reine et de Marco sont dès l’enfance distordus par une brutalité inexorable qui ne leur laisse aucune chance. Elle subit en silence, victime résignée rebondissant sans espoir de calvaires en nouvelles épreuves. Lui a tiré à lui le manche de la violence, l’empoignant jusqu’à en faire son gagne-pain. Ces deux-là ne pouvaient que se reconnaître, unis par une souffrance semblable pourtant destinée à les séparer. S’extirpe-t-on jamais de l’engrenage du mal, que l’on reste victime ou que l’on passe bourreau ?
Dans une grande économie de moyens et en séquences particulièrement visuelles, Pauline Guéna réussit à suggérer la complexité derrière la scène de crime la plus limpide. L’un a tué, l’autre est complice, mais responsabilités et culpabilités vont bien au-delà de leur couple. Et sans exonérer le meurtrier dont le portrait dans son ensemble pèse lourd dans la noirceur, force est de voir en lui l’être humain acculé quasiment de naissance, sans jamais le choix des armes.
Polar bref et efficace, mais plus encore roman social inspiré d’une réalité brutale, un livre coup de poing, noir et bien serré, où les racines du mal s’avèrent bien plus intriquées que l’on ne voudrait le croire.
Reine de Pauline Guéna raconte, avec ce roman noir, les violences subies et données avec un espoir, la lumière vers la fin.
Léan, jeune journaliste de faits divers pour une Web-News, est employé pigiste pour les faits divers, sous les ordres de Caro, son rédacteur en chef. Il rêve de rejoindre le service politique, lui qui vient de sa province, sans rapport avec le milieu journalistique. Alors, lorsque son chef lui demande d’enquêter à charge contre le garde des Sceaux, malgré sa méfiance, Léan accepte. Parallèlement, se déroule une attaque mortelle du patron d’un café, dont les caméras révèlent le visage du tueur.
Deux solitudes vont être liées à jamais autour de l’énigmatique Reine. Exilée de l’Equateur, elle est employée comme fille de salle dans le café. Elle subit les violences, y compris sexuelles, de la part de son patron, Izmir, par ailleurs trafiquant notoire en tout genre.
Marco, tueur en gages, a une chambre au premier étage du bar situé à Champigny-sur-Marne. Témoin muet de toutes les dérives du lieu et du patron, il est reconnu par la police comme l’assassin.
Tueur à gages
L’enquête mettra en avant la principale témoin, Reine. Mais très effacée et silencieuse, le lecteur, au fil des pages, devine qui elle protège et pourquoi. Marco commence sa cavale. Léan sera le lien entre ce couple, pour que la lumière frappe enfin chacun des personnages !
Au départ, c’est un peu embrouillé mais, il y a dès le début, un je-ne-sais-quoi dans l’écriture qui retient, qui encourage à continuer. Et heureusement, car, cette histoire rassemblant trois solitudes, raconte derrière le roman noir une étrange histoire d’amour, centré sur le personnage de Marco.
Aussi scénariste, Pauline Guéna a signé l’adaptation de son roman 18.3 une année à la PJ au cinéma par Dominique Moll, La nuit du 12. À partir de son immersion dans des services de la PJ, Pauline Guéna met en avant dans Reine un personnage féminin sensible et puissant. Les interrogatoires semblent très réalistes et se sont nourris de son expérience.
Bien que Reine présente certaines longueurs, le passé de Marco en Corse par exemple, l’intrigue de Pauline Guéna, originale, répond au roman noir calibré autour de ses cadavres, ses personnages abîmés par les violences et leurs solitudes, en interactions avec les réflexions du lecteur. À découvrir !
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/08/05/pauline-guena-reine/
Ce second livre que je lis de l’autrice, mais son premier roman qui prend également une part de ses racines dans l’enquête policière, la recherche du dénouement, l’appel de la vérité, le rendu de liberté pour les destins volés, et l’appel à la libération des femmes face à certains hommes abjects.
Et comment alors ne pas parler de Reine ? Reine est l’une d’elle, mal menée, mal traitée, bafouée, ignorée, pauvre Reine prend ta revanche.
Une histoire profondément triste et touchante que celle de Reine, Marco mais aussi Lean.
Des vies brisées, fracassées, meurtries, des histoires violentes.
Comment ne pas en être bouleversée ?
Pas un roman qui fut un coup de cœur, mais un grand plaisir de retrouver celle qui a écrit PJ 18.3, un livre à l’origine du film incroyablement bouleversant de La nuit du 12 (et qui me fait beaucoup pensé a posteriori à Acide de Victor Dumiot).
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