Dépaysement garanti au plus profond de la nuit polaire avec cet époustouflant roman d'aventures signé Olivier Truc
La Montagne rouge, dernier né de la plume d'Olivier Truc, est en quelque sorte l'apogée d'une série aussi brûlante que la glace sur la peau. Une ode aux grands espaces ouatés, une reconnaissance du combattant en quête d'identité. Le dernier Lapon...
Dépaysement garanti au plus profond de la nuit polaire avec cet époustouflant roman d'aventures signé Olivier Truc
Enquêter en Laponie, vivre en Laponie, écrire la Laponie
Magnifique épopée d’un basque jusque dans le nord de l’Europe, roman très dense
Après quarante jours de nuit, le soleil se lève enfin dans le Grand Nord... Et en moins de vingt-quatre heures la police des rennes se retrouve confrontée à deux affaires inédites. Mattis, un éleveur de rennes est retrouvé assassiné, les oreilles tranchées. (Les voleurs de rennes coupent les oreilles des rennes, les rennes étant marqués aux deux oreilles pour identifier le propriétaire). Et un des rares tambours chamans qui a survécu à l'évangélisation brutale des Sami a été dérobé.
Si pour Klemet, le policier sami, "moine-soldat" de la preuve, il ne faut pas écarter l'hypothèse d'un conflit entre éleveurs dans le meurtre de Mattis; Nina, sa jeune collègue tout juste débarquée du sud de la Norvège a l'intuition que les deux affaires sont liées. Le père de Mattis était un grand chamane.
J'ai lu le dernier Lapon dans le cadre de la rencontre-dédicace avec l'auteur lors du festival des Boréales. Le dernier Lapon, paru en 2012 est le premier tome d'une série policière de cinq enquêtes dont le dernier tome, Le premier renne vient de paraître aux éditions Métailié . L'auteur n'exclut pas une suite...
J'ai découvert le dernier peuple autochtone d'Europe et l'élevage de rennes avec Stöld de Ann-Hélen Laestadius, auteure sami. Avec le dernier lapon, j'en ai appris davantage sur la police des rennes qui existe réellement en Norvège depuis 1949, mais pas en Suède ni en Finlande. Olivier Truc pour des raisons pratiques pour l'intrigue rend la police des rennes "internationale", nous apprend-il lors de la rencontre.
Le dernier lapon, évoque aussi les enjeux territoriaux pour la survie des modes de vie traditionnels sami. Notamment l'exploitation minière des sols qui pollue, grignote et morcelle les pâturages...
Si comme Nina, la plupart des Norvégiens ignorent tout du peuple Sami, ce dernier subit un racisme ordinaire et la montée du parti d'extrême-doite, le Parti du Progrès, n'arrange pas la situation.
Un polar dépaysant, instructif et divertissant. J'aurai plaisir à suivre le duo Klemet/Nina dans leurs prochaines aventures dans le Grand Nord, far-west de glace!
Olivier Truc nous invite au cœur du territoire Sami, là où les rennes, majestueux symboles de la culture locale, côtoient une modernité vorace. Dès les premières pages, le fracas d'un train qui décime un troupeau nous plonge dans une atmosphère lourde de tensions. Ce n'est qu'un prélude : Aaron, jeune éleveur, est retrouvé mort, une balle dans le cœur. C’est le début d’une enquête captivante où j’ai suivi Klemet et Nina, les policiers de la police des rennes. Leurs blessures intimes et leur lien profond avec cette terre arctique m’ont touchée en plein cœur. À travers leurs fragilités et leur attachement viscéral à ce territoire, j’ai ressenti une intensité humaine bouleversante qui donne à l’histoire toute sa profondeur.
Le roman est une immersion totale dans l’univers des Samis. J'ai découvert leurs traditions, leurs luttes pour préserver leur identité face à des entreprises avides de ressources naturelles. Il y a aussi Joseph, berger des Pyrénées, qui quitte ses montagnes, rêvant d'un territoire où il pourrait enfin traquer le loup. C'est dans cette quête que son chemin croise celui d’Anja, la sœur d’Aaron, une héroïne complexe, en colère et révoltée, qui se bat pour sa place dans une communauté où elle est marginalisée.
La plume d’Olivier Truc est à la fois poétique et acérée. Les descriptions des paysages, baignés par un soleil de minuit qui ne se couche jamais, sont à couper le souffle. Mais au-delà de la beauté brute, l’auteur explore les dilemmes éthiques : la sauvegarde d’une culture peut-elle primer sur l’exploitation économique ? Et que devient l’homme face à une nature qu’il ne maîtrise plus ?
Si l’intrigue souffre parfois de sa complexité, elle reste captivante, portée par des personnages profondément humains. Anja, volcanique et indomptable, incarne cette lutte viscérale entre tradition et modernité. Le Premier renne est bien plus qu’un polar : c’est un cri d’alarme, une ode à un peuple menacé et une réflexion poignante sur l’équilibre fragile entre l’homme et son environnement.
https://latelierdelitote.canalblog.com/2024/09/le-premier-renne-3.html
Depuis Les sentiers obscurs de Karachi, j’attendais de découvrir le sujet du prochain roman d’Olivier Truc et c’est vers ses anciens amours qu’il a décidé de retourner, c’est-à-dire Le Grand Nord, La Laponie et les Samis, avec ce titre paru fin août aux Editions Métailié. Ce sont des territoires qui m’intriguent, car peu connu au quotidien et qu’ils ne constituent pas un pays ou une nation reconnu (Le territoire lapon de Suède constitue administrativement en revanche l’une des provinces – Landskap – du Royaume). Ce territoire transnational se partage entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie, qui ont allègrement fait main basse sur ces terres peuplées par des autochtones, et dont les richesses ont été aussi pillées, et continuent à l’être, par chacun des pays qui ont colonisé un morceau de Laponie. Ce roman est le cinquième tome du cycle de La Police des Rennes, cycle que je découvre avec ce tome.
Une carte nous est généreusement fournie en début d’ouvrage pour nous replacer la Laponie, ou plutôt Sápmi en langue Same (le terme de Laponie, et encore plus de Lapon, signifiant en suédois porteur de haillon, est péjoratif), à cheval donc sur les trois pays de la Fennoscandie ou plutôt devrait on dire l’inverse, les trois pays à cheval sur la Laponie, et sa capitale Kiruna, ville minière de Suède. Nous sommes également pourvus d’une brève explication contextuelle sur le fonctionnement des éleveurs de rennes samis, repartis en sameby. Élément important puisqu’il nous permet de saisir l’enjeu de l’intrigue : ce sont en effet des groupements d’éleveurs samis, gérés non pas entre eux, mais par les autorités suédoises. Kiruna est donc le point géographique et centrale de l’histoire, où l’élevage de rennes, l’une des principales ressources du groupe autochtone, est au centre des relations entre Samis, mais une dimension également essentielle de leur manière de vivre ils étaient autrefois nomades) , et de leur culture, qu’une police des rennes y est consacrée, représentée ici par Klemet Nango. Dans les entrailles de ces territoires, sous les pieds des Samis et de leurs élevages, il y a aussi les mines de fer, les richesses du sous-sol exploitées par l’Etat. Où travaillent certains samis pour boucler leurs fins de mois.
L’appartenance aux samebys est soigneusement codifiée, et ardemment prisée puisqu’elle seule permet aux Samis de posséder un élevage de cerfs : les places sont dures à obtenir et sont ainsi source de conflit, notamment au sein de la fratrie Heagga formée par Anja, la rebelle, et Aaron, auquel échoit le privilège convoité. La situation, et pas qu’elle, déraille lorsqu’un troupeau de rennes, attirés sur les rails des trains minéraliers, meurent percutés par ces convois qui n’ont pas pu s’arrêter à temps. L’incident ravive les rancœurs entre les sameby et les autres Samis qui tentent d’être inclus dans ce même sameby, le seul moyen légal de posséder des rennes en acquérant cette marque propre à chaque éleveur et appliquée sur l’oreille des bêtes, preuve ultime de leur possesseur. En parallèle, des cadavres de loups sont retrouvés, tués par balle, alors même que l’assassinant de loups est strictement réglementé, et donc interdit en règle générale sauf si menace avérée. Enfin, cerise sur le gâteau, un Français, éleveur de brebis, Joseph Cabanis, dont le troupeau a péri sous des attaques de loups, atterrit comme un cheveu sur la soupe au beau milieu de l’agitation causée par l’accident, avec l’idée fixe de tuer lui-même un loup, mais pas n’importe lequel, écœuré par les attaques de ces derniers.
C’est une longue, très longue histoire, aux multiples ramifications narratives qui mènent jusqu’à nos montagnes françaises et jusqu’aux Ouïghour en Chine, peuplée de Samis éleveurs, policiers, enrobée de leur histoire personnelle et familiale, des gratte-papiers suédois, des étrangers de passages qui se retrouvent autour d’intérêts économiques ou moraux, qui finissent toutes par converger. Des conflits pertpetuels émergent de ce réseau de relations entre Samis que les élevages de Rennes, le travail à la mine opposent, pendant que d’autres causes – celles de leur identité, de la protection de leur territoire, de leurs coutumes, rassemblent. On assiste aux luttes intestines de la communauté sami, dépossédée de la possibilité de choisir pour elle-même, contre la majorité suédoise, dont certains ne se privent pas pour afficher le racisme primaire de l’homme blanc qui a visiblement besoin d’exposer sa supériorité. Le midsommar typiquement suédois que les samis vivent comme le leur.
C’est avec plaisir que j’ai lu les explications d’Olivier Truc sur le pays des Samis, qui m’a permis d’en apprendre davantage sur leur culture et leur mode de vie sédentarisée aujourd’hui autour de l’élevage des rennes, un mode de vie réglementé par les autorités suédoises. Et comprendre à quel point leurs territoires sont au cœur des appétits suédois, via l’extraction des minerais, mais aussi des Européens, des Chinois (...)
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