"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce roman d'espionnage nous plonge au cœur d'une période trouble où différentes populations doivent cohabiter dans le milieu universitaire tout en sachant que la surveillance est omniprésente.
L'intrigue se déroule en 1957 au sein de l'université de Strasbourg où Gilles Schaeffer exerce en tant que jeune professeur assistant préparant une thèse tout en enseignant la littérature à des étudiants qui sont à peine plus jeune que lui. Lorsqu'on l'oblige à intégrer un groupe d'étudiants venus des pays de l'Europe de l'Est et rattaché au Collège de l'Europe libre, il essaye d'abord de refuser pour ensuite les accepter dans son cours à contrecœur et au final bien s'entendre avec certains du groupe. En parallèle, on retrouve un professeur tué et les conditions de sa mort sont troubles. On va soupçonner qu'il était peut-être un indic et Gilles va se retrouver dans une enquête d'espionnage presque à son insu.
L'originalité de ce roman est qu'on se retrouve dans une enquête avec des pseudo amateurs au premier abord. Gilles découvre par hasard une enveloppe contenant des documents en russe qui se révèlent être des fiches de liaison entre deux agents des services secrets. Les investigations avancent doucement et on se demande qui joue à double jeu car chacun des personnages à l'air d'avoir des choses à cacher. La résolution est à la fois surprenante mais en même temps attendue.
La lecture se fait de manière fluide dans ce roman qui se passe à Strasbourg avec beaucoup de détails sur la ville. On a tout de même en toile de fond les prémices des événements qui vont se dérouler par la suite, à savoir la période de la Guerre froide.
Pas de chance pour lui, Métral est beau, beau comme le camion qu’il conduit de main de maître pour le père d’Angela dont il fait vibrer les courbes de voiture de luxe, une carlingue magnifique, bien au-dessus de ses moyens. Et Métral le sait. Alors, si ça ne l’empêche pas de foncer vers cet amour en sens unique, ça le met en situation de n’être pas toujours maître de son véhicule et d’accepter de franchir l’une ou l’autre ligne continue pour tenir la route. Par manque de visibilité et d’anticipation, il lui en coûtera un permis de suivre son petit bonhomme de chemin comme il l’entend pendant quinze longues années. Quinze ans de stationnement à ronger son frein pendant que grandit loin de lui quelqu’un qui devrait l’appeler Papa.
C’est la première incursion de Nicolas Kempf dans la pure fiction, hors des cases de la BD historique, où il officie comme scénariste depuis plusieurs années, ou des biographies dont il accompagne la rédaction, et, pour une première sortie de route, il fait preuve d’une belle maîtrise. Car malgré l’une ou l’autre incohérence un peu difficile à avaler (l’énorme naïveté de Métral et la rupture narrative un peu acrobatique…), on se laisse emporter par la fluidité de son style et l’immense capital sympathie dont il dote sa figure centrale. On retrouve dans la solidité de la construction de chaque personnage toute l’expérience acquise au contact de tant de vies racontées et on jurerait, en les quittant, avoir croisé leur regard au coin d’une rue strasbourgeoise, avoir surpris leurs conversations dans un café du coin, les avoir rencontrés, vraiment, car leurs portraits sont denses et précis et leurs voix claires et distinctes lorsqu’elles ricochent dans les dialogues plein de vie de leur facétieux créateur. C’est la très grande force de cet attachant roman.
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