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Histoire d'eau
Dans ce court roman, toute la poésie de Nathalie Léger-Cresson s'épanouit. La romancière nous propose de suivre deux flaques au bord d'un trottoir parisien au fil de leurs métamorphoses.
Ce sont deux petites flaques d'eau, nées au bord d'un trottoir parisien, au pied d'un micocoulier. Deux flaques que la pluie va gonfler réjouir. "Dans l'ivresse des ondes qui en nous se déployaient, à chaque goutte nous étions reconnaissance et tremblement, tremblement et reconnaissance jusqu'à déborder, ah ! Puis à nous réunir, et nous unir à toutes les eaux qui coulaient dans cette rue plutôt pentue et, ainsi dévalant, nous n'étions plus deux, mais mille, dix mille, ou plutôt une ! Qui emportait lueurs et paroles, chansons, cris et pleurs, déchets de la ville, étoiles du ciel vers l'océan."
Cet océan dont se souvient Itzel en voyant l'eau dévaler, glisser jusque dans le métro. Elle qui arrive du Mexique sait combien l'eau peut devenir forte, combien elle peut se transformer en raz-de-marée.
Mais finis les souvenirs, il faut descendre à Saint-Lazare.
Les flaques en profitent pour se baptiser Bruche et Tiam, découvrir la bipédie et partir explorer le monde, mettre des mots colorés sur leurs découvertes. Leur « imaginatoire » semble sans limites, jouant avec la nature, parant le monde de beauté.
Mais là encore, leur félicité n'a qu'un temps et l'imaginatoire humaine est devenue toxique et va mettre la planète en danger. Les larmes heureuses deviennent des larmes amères...
On l'aura compris, c'est dans le registre poétique que Nathalie Léger-Cresson a choisi de nous conter cette fable écologique. Sous l'égide de Francis Ponge et d'Arthur Rimbaud, sa petite musique se pare de couleurs et de douceur avant de devenir torrent furieux, puissance ravageuse.
Entrecoupé de trois "plongées" comme celle-ci
« Le monde est petit
il tient au creux d’une main
Fiévreux, affolé, dévasté
Mais pour tes beaux yeux
mon enfant
il se déplie et toujours
se déploie »,
l'odyssée de Bruche et Tiam doit nous conduire à une prise de conscience du caractère fragile et limité de nos ressources. Du besoin de les protéger, de les sauver. Ajoutons que l'humour n'est pas absent de ce recueil joliment troussé.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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Flaques, Nathalie Léger-Cresson, Des femmes-Antoinette Fouque
Petite Flaque et Petite Flaque Aussi sont deux flaques d’eau nées au pied d’un micocoulier à Paris. Bientôt, l’envie les titille de prendre forme humaine, de ressentir la bipédie, les émotions, de changer de point du vue sur le monde.
Court roman, ou conte, ou long poème de Nathalie Léger-Cresson qui, malgré une certaine réticence de ma part au début parce que je crains toujours de me perdre dans les récits un peu ésotériques, réticence mal-venue puisque j’avais beaucoup aimé Le sens du calendrier de l’autrice, m’a totalement embarqué. Il faut se laisser porter par l’écriture poétique, par le décalage créé par les deux personnages principaux qui sont des flaques d’eau. Mais que c’est beau ! Un hymne à la nature, au beau, à la pluie aux éléments, aux animaux, aux végétaux et aux humains également,t au moins ceux qui tentent de prendre soin.
J’aime beaucoup le point de vue de Petite Flaque et Petite Flaque Aussi qui regardent l’humanité par en-dessous, qui nous obligent également à nous décaler, à regarder de côté notre impact sur les autres vivants. L’imaginaire très fourni de l’autrice, son imaginatoire, côtoie la réalité. Et sous des airs de conte léger, elle écrit une critique sociale, environnementale, profonde qui nous contraint au questionnement, de manière plus forte que beaucoup de discours.
Au début, je ne voyais pas où l’autrice voulait en venir. Puis je me suis laissée aller à la suivre et j’ai déambulé dans le labyrinthe de ses pensées vagabondes. Je ne sais pas si j’ai toujours su où je mettais mes pieds, dans ses pas, mais j’ai compris surtout qu’il fallait parcourir ce chemin pour arriver quelque part.
De digressions en coq à l’âne, d’enchaînements d’idées ou d’images en bifurcations, drôles, poétiques, parfois tristes ou déchirantes, l’humour, toujours présent, passe du loufoque au burlesque et tout peut arriver...
Le moins que l'on puisse dire c'est que Nathalie Léger-Cresson ne manque ni d'idées ni d'originalité. J'ai découvert son écriture avec A vous qui avant nous vivez, paru aux mêmes éditions Des femmes dans lequel elle nous faisait visiter la grotte Chauvet-Pont-d'Arc. Là, point de visite, c'est un roman à la quasi unité de lieu, l'appartement sous les toits, à part quelques promenades au Luxembourg et en Bretagne.
Dès le début je me posai la question de savoir dans quelle histoire je m'étais embarqué. Du mal à entrer dans un monde entre réalité, poésie, rêve... Et puis, la beauté de l'écriture, le jeux avec les mots, la taille de polices, la mise en page génèrèrent une certaine attraction voire une attraction certaine. Une partie de la narratrice est dans le rêve, l'invention d'histoire pour surmonter ce difficile passage de sa vie et l'autre est ancrée dans la réalité avec des amis et ses filles qui l'y maintiennent ainsi que ses écrits, même si ceux-ci tutoient l'irréalité, l'onirisme et sont parfois de la pure poésie.
Ce livre est loin très loin des polars que l'on ne parvient pas à lâcher, mais il a de commun avec eux cette envie d'aller au bout, une sorte de fascination saine qui donne envie, même si parfois, des phrases semblent absconses. Pour finir, un extrait que j'aime bien, très réel, presque vécu :
"Pendant cinq jours, je m'étais donc appliqué deux gouttes de pivoine toutes les trois heures sous la langue, et sonnai chez ce dentiste inconnu, presque calmement. Malheureusement, entre les manches courtes de sa chemisette et les gants en latex, l'extraordinaire pilosité de ses bras eut sur moi un effet anxiogène immédiat et irrépressible. A croire que chacun de ses poils noirs et hérissés faisait antenne, absorbant mon stress pour le répercuter multiplié à la puissance dix. Une mécanique action-réaction était lancée, un cercle vicieux. J'ai demandé triple dose d'anesthésiant mais après les piquouses, j'ai dit désolée, je ne peux pas aujourd'hui, je ne veux pas qu'on fourrage avec des instruments métalliques motorisés dans ma bouche, dans ma tête, dans moi. Comme je pleurais, il m'a laissée partir." (p. 108)
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