"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce roman retrace la saga sur quatre générations de trois familles installées en Zambie depuis le début du XXème siècle. Tout commence avec l'arrivée en Rhodésie d'un photographe aventurier du nom de Percy Clark tombé sous le charme des Chutes Victoria et du fleuve Zambese.
A travers l'histoire de ces trois familles, on va découvrir ce jeune pays qu'est la Zambie et la force de sa population qui, malgré la misère, la corruption des édiles, les nouveaux investisseurs chinois et le sida, garde toujours espoir.
On notera aussi dans ce roman que les femmes sont les premières victimes d'une société en crise mais qui malgré tout luttent pour leurs enfants. C'est cette jeunesse qui va d'ailleurs tenter de faire bouger les lignes.
Cette fresque qui semble par moment plutôt légère, par la voix des différents familles va mêler astucieusement les différentes cultures tout en évoquant de manière subtil les questions du racisme, du féminisme et de la dépendance de l'Afrique aux anciennes puissances colonisatrices. La lecture de ce roman se fait donc à plusieurs niveaux. Parfois on a le sentiment d'être perdu comme si on déambulait dans les méandres du Zambèse, mais cela ne dure pas et on reprend vite les cours de l'histoire de ces trois familles.
Ce premier roman est une réussite , il a réussi non seulement à m'emmener dans des paysages de rêve à la rencontre d'une faune et d'une flore magiques mais aussi à me faire découvrir la réalité de ce pays qui doit faire face à la noirceur de l'être humain dans son rapport à l'autre et dans son rapport à l'argent.
J'ai aimé cette balade en Zambie mais aussi les différents niveaux de lecture de ce roman qui a plein de choses à transmettre et me suis prise d'affection pour ces femmes peu considérées mais qui tentent à leur manière de faire avancer les choses.
Je remercie donc Masse critique Babelio et les éditions du Seuil pour ce joli coup de coeur.
https://quandsylit.over-blog.com/2022/11/mustiks-une-odyssee-en-zambie-namwali-serpell.html
C'est un livre difficile à lire , à suivre., que j'ai tenu à achever toutefois, sans déplaisir.
Les personnages nombreux,
s'étalent sur quatre générations, ils sont happés par l'effervescence de la vie dans une colonie britannique puis dans le pays en construction, frappés par la précarité dans tous les domaines de leur vie qui détonne,Le livre dit avec force les difficultés d'une jeunesse tumultueuse et des femmes à trouver une voie dans ce bouillonnement d'une contrée africaine rattrapée par le virus du sida, les valeurs semblent plus individuelles que collectives.Foisonnement, entremêlement, fugacité, telle est l'image que le récit renvoie de cette région d'Afrique.
Le récit déroule des fresques familiales en 3 parties: la narration
de la vie des grands-mères, puis celle des mères suivie de celle des enfants dans une région qui deviendra l'Etat de Zambie. le livre dit surtout la condition féminine à travers une diversité de personnages, une condition guère enviable, les rares figures masculines sont dévalorisées.
Voyage dans un pays de l’Afrique australe, la Zambie ; voyage également dans le temps de trois familles et donc de plusieurs générations, qui vont s’entrelacer au fil du temps. Nous avons là, une saga africaine, qui si, il survole le quotidien terre à terre, n’en oublie pas moins les situations et questions sur le devenir de moult pays africains, qui demeurent des proies idéales des pays occidentaux.
Un colon : Percy M. Clarke, s’installe, près d’un site majestueux : les chutes de Victoria situées sur le fleuve Zambèze. Ainsi, au fil des pages vont apparaître : une enfant dotée de poils sur tout le corps, une adepte du tennis aveugle, une mère indigne, etc... Le drame pour ce florilège de femmes qui devront lutter et outrepasser ces handicaps pour continuer la lignée de la famille. Sans compter également, par le brassage des races : blanche, noire et indienne ; qui apporte une situation excessivement difficile à vivre, à certaines époques.
Mais au-delà de vie éminemment attristante du quotidien de ces femmes et de leurs enfants ; le contenu politique sous-jacent au début viendra par la suite interpeller le lecteur sur les sujets macroéconomiques. Le népotisme inhérent à toute nation, la guerre véritable cauchemar et ce quelle que soit la couleur de la main qui tient l’arme, la lutte des femmes pour la reconnaissance de leurs droits dans tous les compartiments de la vie, bien évidemment la lutte contre le racisme qui n’épargne aucun pays, la volonté de créer un groupe, une identité voire enfin une nation. Enfin si beaucoup de pays africains ont obtenu de haute lutte leur indépendance, il convient de s’interroger sur les interventions de la Chine et des pays occidentaux qui sous couvert d’aides puis d’investissements pourrait être considérées comme un colonialisme larvé. Bref et sans fournir une liste exhaustive des sujets abordés, les pistes de réflexions s’avèrent bien nombreuses !
Mustiks une odyssée en Zambie, un roman doté de 698 pages, qui comporte certaines longueurs ; et avec un épilogue surprenant sur le devenir de la civilisation : un genre d’anticipation ou peut-être une dystopie ? Namwali Serpell a semble-t-il recensé les maux de son pays afin de nous faire – culpabiliser ? - réfléchir à nos propos et actions envers les pays africains.
Un grand merci aux Éditions du Seuil et Babelio pour la découverte de cette auteure et de son pays.
Pour raconter l’histoire de son pays, la Zambienne Namwali Serpell fait une incursion dans le réalisme magique, avec une vaste fresque aux personnages hauts en couleurs, nés des liens tissés entre trois familles sur quatre générations, de 1900 jusqu’à un futur proche.
C’est un personnage réel, le photographe britannique Percy M. Clarke, pionnier établi au début du XXe siècle sur le Zambèze en amont des chutes Victoria, qui sert de point de départ au roman. Père fondateur d’une lignée imaginée mêlant de nombreux sangs – européens, indiens et zambiens –, il est ici le symbole d’une première empreinte étrangère sur une terre qui ne parviendrait plus à se défaire de ses colonies d’envahisseurs, puisqu’après le protectorat britannique, la Rhodésie devenue Zambie à son indépendance en 1964 tomberait sous une autre coupe : celle des investisseurs chinois cette fois.
A partir de ce début de la colonisation du pays, ils sont neuf personnages fictifs à servir tour à tour de focale au récit, en autant de parties regroupées en trois époques : celle des grands-mères, respectivement italienne, anglaise et zambienne ; puis, au fil de métissages divers et successifs, celle des mères et celle des enfants. A chaque génération, l’histoire se répète : tous ont beau tenter de reprendre le contrôle de leur destin, leurs espoirs finissent immanquablement par sombrer, le pays en perpétuelle crise économique, ses habitants réduits à la misère, leurs plus belles initiatives détournées au profit de puissants corrompus ou étrangers, et leurs vies bientôt menacées par l’explosion de l’épidémie de sida en Afrique. Ce sont toujours les femmes qui prennent le plus cher, quand, la plupart du temps, elles se retrouvent seules à assurer durement leur survie et celle de leurs enfants. Pourtant, la jeunesse reprend chaque fois le flambeau de la contestation et de l’action, laissant à penser que les choses finiront bien pour bouger un jour...
Entremêlant librement sa fiction de figures réelles – tel l’inouï et très idéaliste professeur Edward Makuka Nkoloso qui tenta de convaincre son gouvernement de créer un programme spatial national –, mais extrapolant toujours la réalité avec une fantaisie parfois désarçonnante – comme au travers de Sibilla, dont le récit exploite l’hirsutisme jusqu’à en faire une créature quasi fabuleuse –, Namwali Serpell a trouvé, non sans humour, une formule particulièrement imagée et habile pour nous faire envisager la situation de son pays sous tous les angles possibles – historique, politique, social, culturel –, et pour nous faire toucher du doigt, au travers de quelques destins particuliers, le long et incessant combat de cette nation pour construire une identité mise à mal par l’arrogance raciste et prédatrice du monde.
Pour mieux prendre de la hauteur sur ce marécage où les marionnettes humaines se débattent dans leurs passions tragiques, la narration, surgie de profondeurs historiques et prolongée d’une projection teintée de science-fiction, s’entrecoupe du choeur bourdonnant des moustiques vaquant imperturbablement d’une peau à l’autre, peu importe sa couleur, et commentant ironiquement l’absurde inanité de tant de complications entre les hommes.
Cette fresque d’une ampleur exceptionnelle, parfois déroutante dans ses aspects les plus magiques, voire un brin fastidieuse dans certains de ses méandres, s'avère toujours intelligente dans sa manière de mêler les registres, du plus classique au fantastique et à la science-fiction, pour servir une réflexion très ironique, désabusée mais pas désespérée, sur le racisme, sur le féminisme et sur la difficile construction de l’identité des peuples africains, certes aujourd’hui indépendants politiquement, mais toujours économiquement assujettis aux puissances étrangères.
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