"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le Scoop, The Daughter dans la version originale parue en 2019, traduit par Maryline Beury, a été publié par les éditions L'Archipel en 2022 dans la collection Suspense. L'écriture soignée se déroule selon un rythme lent, élaborant le récit détail après détail, comme l'on brode un canevas délicat: "Un sac dans chaque main, Kate rentra chez elle et referma la porte d'un coup de pied derrière elle. Elle retira ses chaussures puis se rendit dans la cuisine et posa ses courses sur le plan de travail. Elle jeta un coup d'œil dans les sacs, se réjouissant de ses achats. Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pu se permettre une dépense pareille; a vrai dire, elle n'avait même jamais fait de telles folies, sauf quand ce genre d'article était en promotion." (Page 20).
Construction: 2017: avant l'accident =>L'enquête de Beth.
2017-2018: après l'accident =>L'enquête de Kate.
L'accident: le pivot du récit.
Kate a élevé sa fille Beth seule. Son unique amour. Sa fierté. Surtout depuis que Beth, journaliste stagiaire, vole de ses propres ailes. Et s'apprête à dévoiler le scoop qui lancera sa carrière.
Mais le jour où Kate veut présenter à sa fille Tim, son nouveau compagnon, Beth décède dans un accident de vélo, écrasée par un camion. Complètement anéantie, Kate cherche à comprendre comment une telle tragédie a pu avoir lieu. Car Beth était une excellente cycliste, très prudente, connaissant bien les dangers que représentaient les poids lourds. Souvent, elle empruntait les petites rues afin d'éviter au maximum la circulation.. Quand un camion tournait, elle restait en arrière. Alors comment?
Peu à peu, Kate se met à douter. Et si ce n'était pas un accident? Si la mort de sa fille avait un lien avec le dernier article sur lequel elle travaillait au moment de son décès? L'article confidentiel, soit disant sur les joies de vivre à la campagne. Sa fille aurait-elle levé un lièvre?
De plus en plus convaincue qu'elle a raison, Kate reprend les investigations de Beth. Sans se douter des dangers qu'elle encourt..
Un récit bien ficelé, une intrigue bien menée, un suspense haletant: tels sont les atouts de Le Scoop dans lequel Michelle Frances nous emmène sur les traces d'une mère dévastée par la mort de sa fille, prête à aller au bout d'elle-même pour faire éclater la vérité et empêcher des hommes sans scrupules de s'enrichir au mépris de la santé publique. Le combat du pot de terre contre le pot de fer. Une voix courageuse qui s'élève dans les ténèbres du profit à tout-va. Une lecture qui fait réfléchir en dénonçant les iniquités des profiteurs et des décideurs, voilà qui devrait vous ravir, chers lecteurs.
Michelle Frances n’est pas une inconnue pour moi car j’avais déjà lu ses deux précédents thrillers : « La petite amie » et « La remplaçante », qui m’avaient tous deux beaucoup plu (mes chroniques sont d’ailleurs disponibles sur mon blog). Elle revient pour un troisième roman avec, à nouveau, avec une personnage principale forte et déterminée.
L’autrice instille une ambiance anglaise digne des meilleurs romanciers anglo-saxons. Le suspense est au rendez-vous et vous mènerez l’enquête en compagnie de Kate. Beth, la fille de cette dernière, journaliste, devait dévoiler sous peu un scandale qui allait ébranler la société anglaise, mais elle trouve la mort dans un accident de la circulation.
« Le scoop » est un thriller parfait pour vous évader. Les chapitres s’alternent entre passé et présent permettant de mieux apprécier la psychologie des personnages. La tension est omniprésente et cela joue sur nos nerfs de pauvres lecteurs. On ne peut s’empêcher de dévorer les pages afin d’en connaître le dénouement final.
L’écriture fluide permet une lecture sans ambiguïtés. Le thème des lanceurs d’alerte dans le milieu journalistique est parfaitement exploité. La trame est finement travaillée et saisit rapidement le lecteur. Le rythme est soutenu, sans temps morts et on ne voit pas le temps passé une fois plongé dedans.
Ce livre ne manquera pas de vous rappeler certains éléments d’un célèbre film avec Julia Roberts. Je ne vous en dirai pas plus à ce sujet sauf que cela ne doit pas vous faire arrêter ou freiner dans votre lecture car l’autrice y met sa touche et vous n’en serez pas déçu.
Lorsque Kate tombe enceinte à l'adolescence, ce n'est pas vraiment une bonne nouvelle. Pourtant, elle fera tout ce qu'il faut pour être la meilleure des mamans. Être mère célibataire n'a jamais été facile ni financièrement , ni socialement alors quand quelques années plus tard, sa fille Beth obtient un poste de journaliste stagiaire dans un grand quotidien, il n'y a pas plus fière qu'elle. Malheureusement un terrible accident ôte la vie de Beth et la maison de Kate est saccagée. Kate n'a plus qu'une seule idée en tête, comprendre si cela un rapport avec le scoop que sa fille s'apprêtait à dévoiler. Un scénario entre thriller et fiction, où le scénario pourrait se résumer à la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Avec des personnages féminins très forts, on entre dans un récit plus tôt accrocheur au fil des pages. Comprendre ce qui est arrivé à sa fille, faire éclater au grand jour la vérité et obtenir justice pour Beth c'est tout ce que souhaite Kate. Une mère courage qui met le doigt dans un engrenage qui pourrait bien lui être fatal à elle aussi. On ne voit pas le temps passé tant la narration oscille entre les différents points de vue de Kate et Beth, le passé et le présent. Sans oublier la voisine Iris qui est un charmant personnage. Ce qui m'a le plus dérangé c'est l'impression de remplissage en détails, mentionnant jusqu'au menu des personnages, bref avec une bonne coupe on aurait gagné en concision.
Préparez vous à vivre des émotions et des rebondissements avec pour fond un thème qui n'est pas sans rappeler l'affaire Erin Brockovich. Alors même si l'intrigue peut apparaître simpliste, elle n'en reste pas moins intéressante. Une belle écriture pour ce thriller qui surfe sur la vague des lanceurs d'alerte, de quoi nous faire réfléchir. Bonne lecture.
Si vous n’êtes pas amateur de thriller psychologique ou de thriller domestique, je vous conseille alors de passer votre chemin car ce livre « La remplaçante » en est un exemple-type du genre.
Se déroulant dans le milieu des séries télévisées anglaises, j’ai apprécié cette pointe d’originalité de décors pour un thriller. En effet, cela doit être l’un des seuls livres, tout genre confondu qui prend comme scénographie ce monde particulier. À part peut-être « Hysteria Lane » que je n’avais pas beaucoup apprécié (voir ma chronique sur mon blog) mais qui se déroulait à Hollywood).
J’ai apprécié dans ma lecture être plusieurs fois surprise par les choix opérés par l’auteure, Michelle Frances. Autant, parfois je m’attendais presque à des facilités dans la trame. Finalement ce sont des situations diamétralement opposées qui m’ont été proposées par l’auteure et quand ce sont de bonnes surprises, je suis preneuse.
Ce livre met l’accent sur la force, parfois destructrice, que les non-dits peuvent avoir sur nos vies. Ce n’est pas seulement les mensonges ou les secrets. Mais simplement ces choses qu’on évite ou qu’on ne pense pas forcément à dire et qui pourtant, même des mois voir des années plus tard, peuvent encore engendrer des dégâts irréparables. J’ai trouvé que ce thème est adroitement abordé et pèse de tout son poids dans l’histoire.
Le gros soucis avec les non-dits est les situations tendancieuses auxquelles ils peuvent mener. Bien souvent, cela m’a donné envie de secouer le personnage, tant par moments, cela nous semble évident quand on connaît tous les éléments mais peut engendrer de nombreux quiproquos ou imbroglios. Je pense que cet agacement ressenti est le résultat d’une bonne composition dans son récit par Michelle Frances.
J’ai, par contre, été étonnée positivement par la densité du roman. Souvent, dans ce genre de thriller, les chapitres sont brefs et rapides. Dans le cas présent, l’écriture est plus fignolée. Vous aurez compris que ce fût encore un élément qui m’a donc plu.
Se clôturant sur un bon twist final comme je les aime, cette lecture fût donc pour moi un bon moment d’évasion!
Je remercie les éditions de L’Archipel pour leur confiance.
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