"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Barcelone, 1928.
Natàlia vit avec son père et sa belle-mère et travaille dans une confiserie. Elle est fiancée au timide Pere. Aussi quand elle rencontre le très entreprenant Quimet, un soir de bal sur la place du diamant, elle ne résiste pas longtemps à sa cour tapageuse. Caractériel et égoïste, Quimet fait d’elle Colometa, une femme au foyer, la mère de deux enfants, la soigneuse des pigeons qu’il décide d’élever. Et finalement une veuve lorsqu’il s’engage dans la milice républicaine et tombe sur le front.
La fin de la guerre ne marque pas la fin de la misère et Natàlia, désespérée à l’idée de ne plus revoir Quimet, à bout de forces et tenaillée par la faim, envisage de se tuer avec ses enfants. Elle est sauvée par un épicier qui lui offre du travail et, plus tard, la demande en mariage. La vie s’améliore alors grandement pour Natàlia et ses enfants mais elle ne peut s’empêcher de ruminer des idées noires et pense toujours à son premier mari.
Récit à la première personne de la vie simple d’une femme simple dans un monde complexe. Le ton est naïf et l’héroïne semble ballotée par les évènements sur lesquels elle n’a jamais prise. C’est Quimet qui la choisit et elle n’oppose pas de résistance. C’est Quimet qui décide de tout et elle se laisse faire…par amour. Submergée par la charge qu’il lui impose avec l’acquisition de pigeons toujours plus nombreux et la construction d’un pigeonnier sur la terrasse qui était son havre de paix, Natàlia finit par se rebeller et se débarrasse insidieusement des volatiles. C’est ensuite la guerre civile qui fait voler sa famille en éclats. Mercè Rodoreda l’évoque mais sans parler de politique, de combats sanglants, de la victoire de Franco. Elle choisit de nous en faire voir les ravages du point de vue de Natàlia : le veuvage, le deuil difficile, l’obligation de se séparer de son fils, l’ostracisation des vaincus, la misère, la faim, la mort comme seule issue.
Fracassée par les épreuves, Natàlia en devient presque folle mais finit par se réveiller et par accepter le bonheur.
Malgré la touche finale d’optimisme, La Place du Diamant est un livre d’une infinie tristesse. Pourtant on y sent aussi une force de vie, celle des petites gens qui serrent les dents et continuent coûte que coûte leur chemin dans un monde souvent cruel. Et Natàlia, avec ses réflexions très prosaïques, ses métaphores originales, sa retenue, ses peurs, son amour, se pose en héroïne inoubliable. Un monument de la littérature catalane à découvrir.
Je me suis arrêtée de le lire à la page 57. Je n'ai pas réussi à rentrer dans le livre...
Dans son épilogue, Mercè Rodoreda présente précisément ses personnages : «Ils ne sont ni bons ni méchants : comme les personnes qui passent à côté de nous tous les jours de la semaine. Et qui ont leurs secrets. Miroir brisé est un roman où chacun tombe amoureux de qui il n'a pas à tomber amoureux et où celui qui manque d'amour cherche qu'on lui en donne de quelque façon que ce soit : que cela dure une heure ou bien un moment». Une famille, de nombreux personnages participent à l'intrigue de ce roman, de nombreuses femmes, mais c'est surtout la personnalité de Teresa et ses actes qui fondent son atmosphère et le rendent attachant. Fille d'une vendeuse de poissons, elle tombe amoureuse d'un allumeur de réverbères. Enceinte, elle apprend que cet homme est marié, il adoptera l'enfant et elle en sera la marraine. Premier secret fondateur. Elle fait alors la rencontre qui transfigurera son destin, Nicolau Rovira riche financier l'épouse avant de mourir rapidement. Ainsi elle change de milieu social, règne sur la maison et le domaine épaulée par la fidèle Armanda. Morts, non-dits, secrets habitent ces personnages avec leur faiblesse, leur force, leur méchanceté vivant comme ils le peuvent avec toujours l'espoir d'un amour apaisant.
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