"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Cette enquête nous montre le rôle et la portée des consultants du secteur privé dans nos vie quotidienne et leur pouvoir sur les décisions politiques de notre pays. Les auteurs nous font prendre conscience dans cet essai de la privatisation à venir des services publics français. On apprend ainsi que ce sont les consultants des cabinets de conseils privés qui interviennent et pilotent les politiques publiques avec l'approbation et l'encouragement du pouvoir en place.
Ce n'est pas le partenariat public-privé qui est remis en question car dans certains cas, il est nécessaire de faire appel à des experts sur des sujets bien précis mais bien celui de l'intervention systématique des cabinets de conseil sur des sujets qui sont propres à l'administration publique. De plus, les sommes allouées à ces prestations sont parfois aberrantes et interrogent sur l'utilisation des fonds publics. De même, ce transfert de compétences aux cabinets extérieurs questionne sur la place qu'ont désormais les fonctionnaires dans la vie administrative des institutions françaises.
Les révélations qui sont faites ici poussent à réfléchir sur le rôle qu'à encore l'Etat dans ses prérogatives et fonctions régaliennes. Qui décide de quoi et qui est vraiment maître à bord ? Ici commencent les interrogations...
Chronique précédemment parue sur le blog www.sambabd.net
Je dois vous avouer que je suis bien content. Parce que j’avais entendu deux ou trois fois l’ancien ministre du redressement productif Arnaud Montebourg s’agacer en interview de cette affaire économique où l’état Français se serait fait en gros dépouiller de l’un de ses fleurons industriels et technologiques stratégiques par nos meilleurs amis les américains… Et ce, bien avant cette histoire de sous-marins australiens… Mais je n’avais jamais vraiment eu l’occasion de mettre sérieusement le nez dedans. Eh bien grâce à cette BD, c’est chose faite, et bien faite !
Ce qui m’a vraiment plu, c’est qu’en dehors du cas bien spécifique d’Alsthom, on y apprend surtout comment la Plus Grande Démocratie du Monde (A.K.A., Oncle Sam), utilise l’extra-territorialité de l’une de ses lois pour fourrer son nez à peu près partout dans le monde pour y défendre les intérêts économiques de SES entreprises privées, que ce soit au dépends de pays plus ou moins ennemis comme de pays supposément alliés…
Pour ce qui est du cas d’Alsthom et de la BD en question, l’angle est très accrocheur car l’on peut assez facilement s’identifier à ce citoyen français pris au piège d’un engrenage politico-industriel qui le dépasse, même si l’on n’est pas soi-même « haut cadre » d’un géant de l’industrie française et qu’on n’a jamais mis les mains dans des affaires de corruptions internationales. Mais bon, le côté un peu Kafkaïen de la chose a tendance, paradoxalement, à humaniser le protagoniste en question et lui attirer la sympathie du lecteur.
Le seul bémol narratif, à mon sens, c’est que l’on s’attarde vraiment très longtemps sur l’aspect « détention » et que même si on voit bien le truc venir, la conclusion met un peu de temps à s’offrir à nous… Mais bon, ça reste vraiment palpitant à lire…
Et sinon, puisqu’il s’agit d’une BD, il faut bien aborder le dessin qui, de mon humble avis, est ici très secondaire… Ceci dit, son côté assez impersonnel, pour ne pas dire « corporate » me semble très approprié pour illustrer un ouvrage sur une affaire économique
Quoi qu’il en soit, voici une passionnante lecture qui comblera au moins l’inexplicable absence de relais médiatique pour une affaire aussi manifestement scandaleuse…
Gestion de la pandémie, stratégie électorale, grand débat ... Depuis quelques années l'Etat français, comme les autres, fait de plus en plus appel à des cabinets conseils qui l'assistant pour détecter les tendances', proposer des pistes de réflexion, voire de nouvelles organisations.
Payés a prix d'or, des millions d'euros leur ont été déversés pour des résultats médiocres voire inexistants.
Matthieu Aron analyse se phénomène en remontant à la présidence de Nicolas Sarkozy, là où tout s'est emballé !
A l'image de ce qui se passe dans les grandes entreprises, l'état a soudainement renonce à l'utilisation de ses super cervaux et a préféré ceux formatés, bien polis et maîtrisant le sabir franco anglais en vogue dans ces cercles.
Résultat : les gestionnaires ont pris le pas sur les acteurs du coeur de métier, clés tableaux de reporting fleurissent et les indicateurs sont au beau fixe quand la situation du terrain se dégrade !
Un essai qui complète a merveille les constats énoncés par Nicolas Mathieu dans Connemara.
Tout n'est peut être pas encore perdu ! Il faudrait juste limiter leurs champs d'intervention, plafonner leur rémunération et les confronter plus souvent au réel.
Et pourquoi pas passer de la sacro-sainte volonté de maîtrise des effectifs de l'état, des entreprises publiques, a une analyse des dépenses de fonctionnement globales, un coût complet des investissements (usage et maintenance inclus) pour des choix financiers enfin pertinents !
Lorsque les prétoires rencontrent l’histoire, lorsque l’histoire se fait et se défait sur un réquisitoire ou une plaidoirie, par la seule force du verbe.
Je doute que ce livre fût un jour porté à mon attention sans la pièce qu’il a inspirée. Ce n’est qu’en sortant de celle-ci, avec encore dans la tête les mots des anciens portés par le jeu de Richard Berry, que j’ai été amenée à découvrir ce recueil, poignant témoignage de ce que la France a pu compter de procès dans la seconde moitié du XXème siècle. Des hommes et des femmes, certains inconnus, certains ont fléchi le destin de la France. Ils ont tous été appelés à la barre, et jugés. Ces histoires, vous en avez entendu parler, d’une oreille distraite à la radio de votre voiture ou devant votre café du matin. Vous vous êtes exclamés, peut-être avez-vous-même grimacé une moue dégoûtée à l’entente des chefs d’accusions, mais vous n’avez jamais réellement imaginé, rien su des batailles qui ont eu lieu à huis clos, dans la froideur des cours d’assise, à coups de verbe et d’apostrophe, pour rendre l’humanité à ceux qui ont commis (ou pas), l’irréparable. L’indéfendable.
Car il s’agit bien de cela, défendre l’indéfendable, l’insoutenable. Trouver l’audace de défier l’opinion publique déjà acquise à l’accusation. Se faire la voix de présumés coupables de l’atroce, tenter de les rendre humains aux yeux qui les jugent. Défendre aussi ce qui nous semble aujourd’hui acquis, comme le droit pour les femmes de disposer de leurs corps. Fléchir le destin d’un homme et parfois avec lui, celle d’une nation, par la seule force de mots.
C’est donc dans leurs histoires que vous plongerez, par le travail admirable de Matthieu Aaron, journaliste et auteur de ce recueil.
Il n’y a pas de morale, juste des avocats et des accusés, liés par l’indéfectible lien du verbe et de la loi. Et un grand mérite revient à ces porteurs de la loi, de quelque bord qu’ils se réclament, car ils portent entre leurs mains le fardeau lourd et faillible de la justice des hommes
J’ai frissonné il est vrai, j’ai été transportée dans ces cours d’assises de Bordeaux, de Marseille ou de Paris. Il m’a même semblé voir les robes et entendre les voix sourdes des avocats.
Et ces questions qui demeurent : peut-on condamner ou acquitter, peut-on juger de façon neutre en faisant fi des passions qui nous animent ? En faisant fi de qui nous sommes et de nos croyances ? La justice des hommes est-elle réellement aveugle quand il s’agit de décider du destin d’un semblable ?
Parfois, les mots des auteurs parlent d’eux-mêmes. Y rattacher les miens me semble au mieux inutile, au pire injurieux. Alors, et sans mauvais jeu de mots, je vous invite à découvrir et à juger par vous-mêmes, sur scène ou en lecture, ce témoignage vibrant de la justice humaine.
www.lecalamedeselma.com
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