Le portrait de Scarlette Le Corre, femme hors norme dans la Bretagne des marins-pêcheurs et de l’algoculture
Le portrait de Scarlette Le Corre, femme hors norme dans la Bretagne des marins-pêcheurs et de l’algoculture
C’est l’histoire d’un reportage illustré et d’une véritable rencontre qui ne se fait pas
"À contre-marée" est un album qui résulte d’une commande, celle des éditions Panthera dans le cadre de l’une de leur collection Bulbille qui met en avant des personnes engagées. Manon Selli, journaliste et scénariste de cette BD, part ainsi enquêter en Bretagne. Son sujet : une pionnière de la pêche et de l’algoculture, Scarlette Le Corre.
Au gré de cette semaine d’enquête, on y découvre une femme aux multiples facettes professionnelles (marin-pecheur, commerçante et autres) mais surtout, une excellente communicante, avec ses pairs lors des grèves ou auprès de ses clients. Sortir de la communication n’est pas aisé pour ce personnage public bien connu dans sa région. Tout au long des pages, on ressent qu’il a été difficile pour la journaliste de parvenir à rencontrer la véritable Scarlette, de l’approcher humainement.
Il n’en demeure pas moins que cette immersion dresse un portrait intéressant d’une femme de caractère, hyper active, qui a su faire sa place dans un milieu essentiellement masculin. Le documentaire proposé est instructif et on a même envie de tester la consommation d’algues à l’issue de la lecture.
Le choix réalisé de faire un reportage illustré pour ce projet permet de donner un rythme aéré dans l’écriture. Graphiquement, de belles aquarelles de paysages bretons sont également proposées par Lauriane Miara.
Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Merci à Lecteurs.com et aux editions Panthera pour l’envoi
Un roman graphique original, qui rappelle que de nos jours, la bande dessinée se propose aussi d'instruire. Il s'agit du carnet de bord de Manon Selli, jeune journaliste, partie à la rencontre de Scarlett Le Corre, algocultrice à Guilvinec, dans le Finistère sud. C'est une institution et un sacré personnage et il n'est pas facile de la suivre pour l'interviewer. Manon la suit tambour battant en mer pour la pêche, sur les plages pour le ramassage des algues, lors des ateliers qu'elle anime pour les touristes et qui comprennent aussi un volet culinaire (le fameux tartare d'algues que j'ai eu bien envie de découvrir). Peu à peu, derrière un abord revêche, se dévoile une femme d'exception, qui a réussi à se faire une place dans un milieu masculin et sans concession. Les aquarelles illustrent magnifiquement la Bretagne, elles sont à la fois contemplatives et pleines d'humour (les pas de danse de Scarlett ou la page sur les poulpes !) et le glossaire final sur les différentes algues et leur utilisation est vraiment digne d'un carnet naturaliste.
Seul bémol, l'écriture inclusive, parti pris expliqué en début d'ouvrage mais qui me laisse toujours sceptique sur sa pertinence et qui dans un premier temps a heurté ma lecture.
En tout cas, une très belle découverte !
Livre lu dans le cadre du prix Orange de la BD, merci aux éditions Panthera pour leur envoi !
Ce reportage en Bande Dessinée vaut surtout par la personnalité haute en couleur de son "héroïne", Scarlette Le Corre, première patronne de pêche française. Les autrices tenaient clairement un sujet en or, et même si la marin-pêcheur ne fend pas énormément l'armure, le reportage reste passionnant et on en apprend énormément, à la fois par ce que Scarlette à à nous transmettre, mais également par son parcours semé d'embûches dans ce monde extrêmement masculin.
J'en en revanche été moins convaincu par la forme adoptée. Si j'ai apprécié les aquarelles de Lauriane Miara, je suis moins convaincu par le style adopté pour dessiner les personnages. Surtout, l'ensemble est très verbeux, les autrices utilisent finalement très peu les outils propres à la bande dessinée, et alternent grands pavés de textes, petits passages en BD, illustrations en double page. Le récit se borne à un reportage chronologique au jour le jour (avec au passage de jolies coquilles d'édition qui font qu'on se perd dans les années), et j'aurais aimé un peu plus de recul sur le sujet.
L'album est agréable à lire et son sujet passionnant, mais je reste finalement un peu sur ma faim.
(Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024)
https://www.instagram.com/p/C3S5eX7tAFd/
Nous sommes ici non pas en présence d’une BD mais plutôt d’un reportage dont le récit est le journal de bord de Manon Selli qui a passé une semaine aux côtés de Scarlette Le Corre, marin-pêcheur, patronne de pêche et algocultrice. Cette femme à la forte personnalité ne manque pas d’activités entre ses pêches seule en mer, son magasin, la fabrication de ses produits à base d’algues et de poissons, ses animations autour des algues et les conférences qu’elle donne pour faire connaitre son métier.
Scarlette quitte le lycée trois mois avant le bac suite à une dispute avec son prof de maths. Elle entre direct à l’usine de poissons de Saint Guénolet faisant fi de l’avis de son père. L’année suivante elle ouvre un bar dans le coin et se marie dans la foulée. Elle voyage ensuite pendant deux ans avec son mari sur un bateau de commerce où il est mécanicien. Dans la foulée de ce voyage, elle a deux enfants en deux ans. L’année qui suit, elle passe son premier diplôme maritime en tant que mécanicien de pêche, seule femme parmi 27 hommes à passer l’examen, elle fait partie des 7 à l’avoir obtenu. L’expérience maritime qu’elle a acquise avec son père lui permet d’obtenir son diplôme de commandement en un mois. Enfin la navigation toute seule en mer lui est possible. Mais avant cela , elle a son troisième enfant en 1980. Scarlette est ainsi devenue la première femme patronne de pêche en France, elle navigue en solitaire sur son bateau depuis 1983.
Lors des échanges durant la semaine de reportage, Scarlette a avoué avoir rencontré beaucoup de difficultés avec les femmes des marins qui n’acceptaient pas qu’elle fasse ce métier. Sa place était à la maison à s’occuper des enfants. En plus de la jalousie qu’elle provoquait, elle remettait en cause les traditions et les superstitions.
Au-delà des critiques, la misogynie latente du milieu s’est fait sentir tout au long de son parcours, particulièrement chez certains de ses collègues qui ne lui ont rien épargné.
Est évoquée également la situation des marins pêcheurs depuis l’entrée de la France dans la Communauté Européenne par le Traité de Maastricht en 1992.
Cet ouvrage très pédagogique nous dresse le portrait fort d’une femme qui voue sa vie à la mer et qui a dû se battre pour se faire une place dans ce métier à plus de 95% masculin. Nous découvrons une personnalité atypique dont le caractère et l’énergie forcent l’admiration.
Lauriane Miara a fait le choix de dessiner tout à l’aquarelle avec une ligne claire afin de donner plus de précisions aux expressions faciales des personnages .
On repose ce livre en ayant appris énormément sur les algues et sur le parcours de cette femme hors normes qui bouscule les règles établies.
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Panthera pour cet envoi. »
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