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Vingt ans après la fin de son histoire d’amour passionnel, la narratrice raconte à la fille issue de ce coup de foudre ce qu’a été cette relation, de la rencontre jusqu’à son terme.
Comment naît un coup de foudre, comment évolue-t-il, comment le transformer pour qu’’il passe du désir à l’amour, comment faire en sorte que cet amour dure et qu’il résiste à la vie au quotidien ? Autant de questions que se pose la narratrice au cours de ce Lamento dans lequel elle dissèque la relation qu’elle a eu avec le père de sa fille.
Ce très court roman de moins de 200 pages ne se laisse pas facilement apprivoiser. Il faut se laisser porter par la plume lyrique de Madame Nielsen, artiste totale, pour en éprouver la poésie. D’autant que l’histoire n’est pas racontée de manière chronologique et qu’il peut être facile de se perdre dans les différentes temporalités.
Mais si on accepte de sortir de sa zone de confort, on ne pourra qu’être gagné par l’émotion d’une histoire qui raconte le désir, la fusion du couple puis l’étiolement au fil du temps alors que la routine s’installe. La narratrice doit alors se rendre à l’évidence : l’amour qu’elle partage avec cet homme ne souffre pas de demi-mesure ou de tiédeur. Il doit être fulgurant ou ne pas être puisqu’il n’arrive pas à muter vers quelque chose de plus doux, de plus quotidien.
Un beau roman à découvrir.
Le titre double, "L'été infini, Un Requiem", marque déjà les deux pôles entre lesquels se situe le roman. L'été infini, c'est celui des jeunes années au moment où l'avenir s'ouvre sur tous les horizons du possible. Un été qui commence au début des années 1980 au Danemark dans la ferme blanche où vit un groupe d'adolescents avec la mère de l'un d'eux. Tous ont l'âme artiste et sont convaincus d'avoir à vivre des existences d'exception. Mais ils ont beau prolonger, étirer cet été de tous les infinis, le temps et la réalité se chargent d'en prononcer le requiem. Requiem de la jeunesse inexorablement passée, des espérances mortes, des amours avortées et des amis disparus. La trame du roman de Madame Nielsen, probablement nourrie d'autobiographie, est superbe et certaines fulgurances m'ont bouleversée.
Je n'ai cependant pas adhéré aux choix narratifs de l'auteur. Le mélange des temporalités, le refus d'identifier les personnages autrement que par leurs caractéristiques physiques, l'imbrication des histoires de chaque membre du groupe, la discordance entre l'enchaînement des évènements et l'ordre dans lequel ils sont racontés, m'ont souvent conduite à l'incompréhension. Si j'aime les structures narratives complexes et originales, j'apprécie aussi qu'elles n'oublient pas le lecteur en cours de route !
Ma lecture de ce roman s'est apparentée à la remontée d'un fleuve aux courants indomptables. Certes, l'aventure pourrait être belle... à condition de ne pas faire naufrage ! C'est un peu ce qui s'est passé pour moi : j'ai été engloutie par une forme de narration qui m'a empêchée d'en apprécier les qualités. Je le regrette d'autant plus que les très belles dernières pages, comme apaisées, comme libérées d'une sorte d'impétuosité, témoignent de la puissance qu'aurait pu avoir ce roman avec un tout petit peu plus de simplicité et avec une véritable prise en compte du lecteur.
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